FAIT DU JOUR Comment faire le deuil de son animal de compagnie ?

En cette Toussaint dédiée à la contemplation, de nombreuses familles se retrouvent privées de lieu pour honorer la mémoire de leurs compagnons décédés. Depuis 2016, la loi interdit d’enterrer son animal à la maison, imposant des alternatives coûteuses ou impersonnelles. Un changement qui, pour certains Gardois, rend la méditation encore plus difficile.

Il repose aujourd’hui sous quelques oliviers, au creux d’un coin du jardin. Filou, un gros chat roux au regard coquin, est parti en 2015. Ses propriétaires l’avaient adopté une dizaine d’années plus tôt et n’avaient pas imaginé autre chose que de lui offrir ici sa dernière demeure. Entre les plantes qui avaient bercé ses siestes, près de Montfaucon, dans le Gard. Une scène, intimiste, autrefois ordinaire, à laquelle ont déjà participé de nombreuses familles endeuillées par la perte d’un compagnon à quatre pattes.

Mais si ce type d’inhumation était courant, il est désormais interdit depuis le 1er janvier 2016. Et pour cause, une nouvelle réglementation imposée par l’abrogation de l’article L226-4 du Code rural et de la pêche maritime interdit formellement toute inhumation d’animaux sur propriété privée. La loi est stricte : « Les cadavres ou parties de cadavres d’animaux doivent être évacués dans un délai de deux jours francs après réception de la déclaration du propriétaire ou du détenteur. »

Ainsi, en 2019, lorsque Thibaut, habitant de Roquemaure, perd tristement Goliath, son imposant dogue, des suites d’une terrible maladie, l’idée de lui offrir un dernier repos chez lui était impossible. “Avec cette loi, mais aussi vu son poids je l’avoue, nous n’avions pas d’autre choix que de l’emmener chez le vétérinaire pour une crémation.confie-t-il. Ça laisse un souvenir amer, l’odeur dans la voiture… ». Certaines solutions d’inhumation existent pour les familles qui les choisissent, mais elles sont rares.

Le département du Gard ne compte qu’un seul cimetière animalier, à Monteils, près d’Alès. Pourtant, lors de notre visite ce jeudi 31 octobre, le chantier semblait abandonné : double portail cadenassé, aucun contact disponible. La dernière visite deObjectif Gard remonte à douze ans (lire encore ici). Un manque d’information, s’il reste ici encore des traces de vie, associé à l’aspect négligé des lieux, qui rend l’accès à la méditation d’autant plus difficile pour les Gardois en quête d’un espace paisible pour honorer la mémoire de leurs compagnons décédés.

Illustration/DR

Le rôle difficile des vétérinaires

Les médecins vétérinaires, les vétérinaires ont la lourde tâche, comme les médecins des humains, d’annoncer les mauvaises nouvelles aux familles. Un moment très souvent redouté, tant ces petites créatures à quatre pattes font partie de notre quotidien, comme un membre à part entière de la famille. Le deuil prend plus ou moins de temps selon le ressenti de chacun, ou le lien noué avec l’animal au fil des années.

Illustration/DR

Le cabinet vétérinaire Alborghetti, basé à Saint-Christol-lez-Alès, témoigne de ces temps difficiles. ” Annoncer à une famille que son animal est mort n’est pas facile. C’est peut-être un peu mieux lorsque l’animal a été gardé un certain temps.explique Kelly, son assistante. Trouver les mots justes n’est pas facile, alors mieux vaut dire la vérité : » Lorsqu’un animal est malade, nous expliquons à la famille les solutions possibles. Nous sommes ouverts à la discussion, si c’est opérable nous le leur proposons, mais nous leur déconseillons de donner à leur animal une chimiothérapie très coûteuse et moins efficace que sur l’homme”, ajoute-t-elle.

Lorsque l’animal souffre trop, les propriétaires préfèrent accepter de laisser partir leur proche en l’endormant, pour qu’il ne ressente rien. A son décès, il pourra être confié à un vétérinaire pour être incinéré. A noter que « jeter les restes d’un animal dans une poubelle, un égout ou tout autre endroit est interdit et peut être puni d’une amende de 3 750 € ».

Le Dr Alborghetti travaille les Services pour Animaux Domestiques (SAD) à Montpellier et réalise environ 120 crémations par an. ” Pour un chat sans ramasser les cendres, cela coûte 55 euros, cinq de plus pour un chien”, révèle Kelly. Avec les cendres, le montant peut s’élever jusqu’à un maximum de 150 euros.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Meurtre de supporters leaders : 3 suspects en fuite
NEXT Le prix et la qualité de l’eau potable dans ces huit communes de la Sarthe sont « irréprochables »