Ce projet tentaculaire vise à creuser des galeries à plus de 20 mètres sous terre, avant de déployer une myriade de navettes autonomes chargées de transporter des palettes de marchandises. Ces véhicules à roues devraient circuler à une vitesse de 30 km/h dans des tunnels à trois voies, grâce à une propulsion électrique avec rail à induction. Objectif du système : soulager les camions circulant sur les routes suisses de parcourir les derniers kilomètres, à la descente des trains de marchandises.
Pour ce faire, les galeries desserviraient des centres de distribution de surface – dix pour le premier tronçon entre Härkingen et Zurich – équipés d’ascenseurs pour faire remonter les produits depuis les galeries. Cargo sous terrain, le promoteur du projet au nom éponyme, a également dévoilé, en 2023, un premier prototype de monte-charge co-développé avec le spécialiste de la télésurveillance Gritec, basé en Belgique.
Efficacité remise en question
Jusqu’à cet été, tout allait bien pour ce projet fou. Quelques mois après sa création, la société anonyme avait réalisé un tour de table de plus de 100 millions de francs suisses (106 millions d’euros). Parmi la douzaine d’investisseurs figuraient la banque Crédit Suisse ainsi que Migros et Coop, les deux plus grands groupes suisses de commerce de détail. Puis le Parlement suisse a voté largement une loi autorisant le déploiement du projet. Prochaine étape : consulter les cantons et communes traversés par le premier tronçon du projet. Ces discussions visent à valider avec les localités la localisation des centres de distribution ou l’impact environnemental du projet.
Malheureusement, cette troisième grande étape, lancée en février 2024, a révélé plusieurs failles du projet. Mi-mai, la commune de Zurich s’interrogeait sur son impact, estimant la réduction du transport terrestre de marchandises à seulement 3% dans la ville. La municipalité « refuse » également l’implantation d’un des trois pôles prévus en son centre, arguant que cela risque d’augmenter la circulation dans une zone piétonne et cyclable.
« De plus, les installations souterraines doivent être compatibles avec les intérêts de protection liés au sous-sol, par exemple l’impact sur les eaux souterraines. La planification d’un tel système de transport impose donc des exigences très élevées.rapporte Manuel Fuchs, porte-parole du canton de Zurich.
Après le licenciement de certains de ses salariés et l’entrée en fonction d’un nouveau PDG fin septembre, le projet suisse fait désormais peau neuve avant de proposer aux localités une seconde version de son système de transport. Si l’objectif de rejoindre Härkingen depuis Zurich n’est pas exclu, le calendrier et la localisation de plusieurs hubs, ainsi que les spécifications techniques du projet, sont à nouveau revus.
Réticence des actionnaires
Ce premier écueil a également refroidi certains investisseurs. Le groupe de grande distribution Migros, principal actionnaire, a annoncé qu’il n’accorderait aucun financement supplémentaire à l’entreprise de transport, selon les informations de l’hebdomadaire suisse. Le matin au début de l’été. « C’est un projet très visionnaire. Pour l’instant, nous nous positionnons uniquement en observateurs et nous verrons si nous poursuivons le financement en 2025 »avance prudemment un porte-parole de la Poste Suisse, autre actionnaire du projet. L’entreprise ne peut pas non plus compter sur le soutien financier de l’État suisse : lors du vote de la loi régissant le projet en 2020, le Parlement suisse a gravé dans le marbre qu’aucun fonds public ne serait versé à l’entreprise. .
Les cantons et communes interrogés soutiennent néanmoins toujours le projet. « Chaque jour de la semaine, environ un demi-million de tonnes de marchandises sont transportées sur les routes et les rails de la commune. Selon les prévisions, la population du canton de Zurich va continuer à augmenter, ce qui entraînera une nouvelle croissance du trafic de marchandises.souligne Manuel Fuchs, porte-parole du canton de Zurich. A charge pour le CST de convaincre lors de la draft.