Le prix de la vigne est déprimé à Bordeaux, désillusionné dans le Rhône, dégrisé à Cognac, défiant en Bourgogne… – .

De la déconsommation à la dévaluation des vignes : deux salles, deux ambiances pour la vente du vin en France, selon que l’appellation soit plébiscitée ou non par les marchés selon les dernières données de la SAFER.

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n 2023, la Fédération Nationale des Entreprises d’Aménagement et d’Etablissement Rural (FNSAFER) a recensé 8 770 transactions viticoles couvrant une superficie de 16 000 hectares et un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros. Soit une baisse de 8 % du nombre de transactions par rapport à 2022, une baisse de 13 % de la surface en un an, mais une croissance de 16 % en valeur. Cette dynamique s’explique par un marché foncier viticole à plusieurs vitesses (voir infographie ci-dessous). Derrière la hausse moyenne de 1,5 % du prix des vignes AOP en 2023*, pour atteindre 153 500 euros/ha, se cachent des bonds (+19 % à Saumur, +17 % dans les appellations Saint-Joseph, Côtes). du Jura ou L’Étoile…) et des chutes (comme les Côtes du Rhône dans le Gard ou la Drôme). Globalement, le moteur semble au point mort pour de nombreuses AOP de Bordeaux et de la vallée du Rhône où la crise du vin rouge fait des ravages de plus en plus lourds.

Les vignes génériques de Bordeaux rouge sont passées sous la barre des 10 000 €/ha


« Il y a différentes dynamiques, assez simples à retenir : toute la moitié nord de la France où les prix augmentent à l’échelle des bassins et un grand quart du Sud-Ouest et du Languedoc-Roussillon où les prix baissent à l’échelle des bassins. . » note lors d’une conférence de presse ce 22 mai Loïc Jégouzo, adjoint au directeur du service des études de la FNSAFER, qui précise que « La crise du vin rouge s’intensifie en Gironde. Les vignes génériques de Bordeaux rouge sont passées sous la barre des 10 000 €/ha. C’est un prix qui a diminué de 45% en 5 ans. On constate une différenciation avec le Bordeaux blanc générique qui progresse. »

En détails, “la crise vitivinicole touchait jusqu’alors principalement Bordeaux et les Côtes de Bordeaux, elle concerne désormais les vignes du Médoc (-29% en Médoc et -17% dans le Haut-Médoc), les satellites de Saint-Émilion (- 6%) et même Pessac -Léognan commence à être impacté (-10%)” analyse le rapport de la SAFER, soulignant que les prestigieuses appellations communales (Pauillac, Pomerol, Saint-Julien, Margaux) sont « stable, ne compensant pas ce déclin ». Dans le cercle fermé français des appellations prestigieuses, « seules les appellations Côte d’Oriennes poursuivent leur ascension » (+13% sur les premiers crus blancs).

Disparités

Le-prix-de-la-vigne-est-deprime-a-Bordea

Très sensible aux évolutions du marché, le foncier viticole reste valorisé mais devient prudent en Champagne (avec une baisse des ventes dans la Marne, faisant écho à la baisse des ventes de vins effervescents champenois) et atone en Cognac (prix en baisse de 6 %, la baisse précédente datant de 2001 : -1,1%, en réponse aux baisses des ventes aux Etats-Unis et en Chine). Le marché de la vigne est également tributaire de l’adaptation au changement climatique. Ceci est démontré par la tendance « en Alsace-Est : la hausse de 4,1% cache des disparités tant entre les deux départements qu’entre les parcelles, les plus recherchées étant celles classées en grand cru, plantées en pinot noir, ou résistantes à la sécheresse » note PLUS SÛR.

* : Le prix des vignes AOP hors Champagne est de 82 200 €/ha, celui des vignes eau-de-vie est de 56 600 €/ha et des vignes non AOP est de 15 000 €/ha.

 
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