Les kits de guidage « Spice » – acronyme anglais pour Intelligent, précis, rentable –, produits par l’industriel israélien Rafael, sont en service depuis 2003. Attachés à des corps de bombes de 125 kilogrammes (Spice 250), 450 kg (Spice 1000) ou 900 kg (Spice 2000), ils permettent à la bombe de tomber à moins de trois mètres de sa cible, selon Rafael.
Bombes planantes
A Beyrouth, une conférence de presse du groupe pro-iranien Hezbollah se tient mardi dans le sud de la ville alors que l’armée israélienne annonce via l’un de ses porte-parole le lieu précis d’une frappe à venir dans le quartier proche de Chiyah, demandant à ses habitants de quitter le bâtiment. Quelques minutes plus tard, des photographes de l’Agence France Presse, arrivés sur place, entendent le rugissement d’une bombe, puis la voient s’écraser sur les étages inférieurs d’un immeuble luxueux d’une dizaine d’étages.
Cinq secondes suffisent pour que le bâtiment s’effondre complètement, contrairement aux immeubles voisins. Des ruines du bâtiment ciblé s’échappe un épais nuage de poussière grise, que traversent des dizaines de pigeons avec leurs ailes.
Depuis la première utilisation à grande échelle de ce type de munitions lors de la guerre du Golfe en 1991, les campagnes de bombardement aérien s’appuient sur l’utilisation de ces kits de guidage fixés sur les corps des bombes. Le pilote de l’avion peut également larguer le projectile à une distance de sécurité – jusqu’à 125 kilomètres selon le modèle – grâce à de petites ailerons dépliables, qui les transforment en bombes planantes.
« Plus on le tire haut, plus l’impact est grand », explique Jean-Christophe Noël, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales. Guidée par satellite et équipée d’une centrale inertielle pour localiser sa position, la bombe guidée Spice dispose également d’un « chercheur électro-optique », sorte de caméra fixée dans sa pointe avant.
Une arme précise
À l’approche de la cible, il compare l’image renvoyée à celles prises par l’objectif préalablement stockées dans le logiciel embarqué, avant de se lancer dans sa direction. “Cela le rend à la fois précis et insensible au brouillage ou à la tromperie du signal GPS”, explique Jeremy Binnie, expert en armement chez la société britannique Janes. Selon lui, c’est cette caméra qui la distingue des kits de guidage américains JDAM, qui utilisent le signal satellite et leur centrale inertielle pour naviguer.
Une nouvelle version du Spice 250, dite à portée étendue, permet à la bombe de parcourir “au moins 150 kilomètres”, selon Janes, grâce à l’ajout d’un kit de propulsion à l’arrière de la bombe à l’instar de la bombe guidée française AASM. Marteau.
Des kits de guidage d’épices ont été exportés vers l’Inde, la Colombie et la Corée du Sud, selon le bilan militaire de l’IISS. Ils sont également produits depuis 2019 aux Etats-Unis pour les besoins américains suite à un accord entre le géant Lockheed Martin et Rafael.