Les violences s’aggravent en Nouvelle-Calédonie, alors que l’Assemblée adopte une réforme constitutionnelle

Les violences s’aggravent en Nouvelle-Calédonie, alors que l’Assemblée adopte une réforme constitutionnelle
Les violences s’aggravent en Nouvelle-Calédonie, alors que l’Assemblée adopte une réforme constitutionnelle

Une personne a été tuée près d’un barrage à Nouméa au cours d’une autre nuit de violences. En métropole, les députés ont adopté le projet de réforme constitutionnelle et l’exécutif appelle au dialogue.

La nouvelle est tombée en tout début de matinée en métropole, ou en fin d’après-midi à Nouméa, lors du point de presse du haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc : une personne a été tuée par balle sur un barrage routier et deux autres blessés. Le Haut-Commissaire n’a pas fourni plus de détails sur les victimes ni sur les conditions de l’incident. L’auteur de la fusillade n’était pas, a-t-il simplement précisé, un membre des forces de l’ordre mais « quelqu’un qui voulait certainement se défendre » contre les émeutiers.

« Spirale mortelle »

Sur un ton particulièrement sérieux, Louis Le Franc a décrit une situation « pas sérieux mais très sérieux “, ” une spirale mortelle » : « Nous nous dirigeons directement vers une guerre civile. » Il a décrit des groupes » qui s’arment des deux côtés “, d’un côté, ” émeutiers » qui répond « par des milliers » à l’appel d’une organisation indépendantiste radicale baptisée « Field Action Coordination Cell » ; de l’autre, des habitants qui s’arment eux aussi pour défendre leurs biens. Louis Le Franc a appelé les deux camps au calme : « Ne formez pas de milices armées contre ceux qui pillent et brûlent “, Il a demandé.

Des échanges de tirs ont également eu lieu entre émeutiers et forces de l’ordre : lors d’un affrontement, des gendarmes mobiles qui ont subi « coups de chevrotine et de balle ” avoir “ n’ont eu d’autre choix que de répondre avec des armes pour couvrir leur retrait », a expliqué le Haut-Commissaire. “ C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu plus de morts la nuit dernière. », a-t-il ajouté, précisant que 47 gendarmes et 14 policiers ont été blessés par des jets de pierres. “ Cela doit cesser ! Arrêt! Sinon, il y aura beaucoup de morts des deux côtés. »

Louis Le Franc a également évoqué l’attaque d’une mairie par des émeutiers, celle de Dumbéa, avertissant : « Il est hors de question que des mairies soient attaquées, je préviens les émeutiers. »

Louis Le Franc a clairement indiqué qu’il « je n’hésiterais pas » de faire appel à l’armée si la situation continue à se dégrader.

Il a également indiqué que de sérieux problèmes logistiques et sanitaires surgissent, suite à la « terribles dégâts » commis par les émeutiers : pharmacies incendiées qui font craindre une pénurie de médicaments – comme le craint la Fédération des Ehpad de Nouvelle-Calédonie dans un communiqué publié hier soir –, grands magasins détruits qui vont conduire à ce qui « on va manquer de nourriture à Nouméa « . Les incendies ont également conduit les autorités à placer la ville en « alerte rouge » concernant la qualité de l’air.

Si mon appel au calme n’est pas entendu, des heures sombres nous attendent », a conclu le Haut-Commissaire, sans toutefois répondre à l’appel de la présidente de la région sud et ancienne ministre Sonia Backès, qui demandait la déclaration de l’état d’urgence et l’intervention immédiate de l’armée. Dans une lettre adressée hier au Président de la République, l’ancien ministre écrit : « Nous sommes dans un état de guerre civile. (…) Sans intervention massive et urgente de l’Etat, nous perdrons dans les prochaines heures le contrôle de la Nouvelle-Calédonie et de nombreuses vies jusqu’ici, miraculeusement, épargnées. »

Les parlementaires de Nouvelle-Calédonie, le député Nicolas Metzdorf et le sénateur Georges Naturel, ont également réclamé l’instauration de l’état d’urgence auprès du chef de l’Etat : « La situation en Nouvelle-Calédonie, jusqu’ici catastrophique, est désormais dramatique. (…) Monsieur le Président, le moment est critique et vous seul pouvez sauver la Nouvelle-Calédonie. »

Le texte adopté et suspendu d’un commun accord

Rappelons qu’à l’origine de ces troubles, il y a la réforme constitutionnelle souhaitée par le gouvernement métropolitain, visant à « dégeler » le corps électoral en Nouvelle-Calédonie (lire les explications dans Infos du maire hier).

Le texte en question, qui a déjà été adopté par le Sénat, a finalement été également adopté hier soir à l’Assemblée nationale malgré les tentatives de l’opposition de gauche pour le retarder : l’adoption d’un seul amendement. En effet, pour que la suite de la procédure parlementaire se déroule rapidement, il fallait que le texte soit adopté « conformément » par les députés, c’est-à-dire sans la moindre modification par rapport à la version sénatoriale. Dans le cas contraire, il aurait fallu que la navette reprenne, le texte revenant au Sénat.

Finalement, hier soir, les oppositions ont choisi de retirer une grande partie de leurs amendements pour débloquer la situation, et le texte a été adopté par 351 voix pour et 153 contre.

Et maintenant ? Deux solutions se présentent : depuis l’annonce de cette réforme, l’exécutif a indiqué qu’elle n’entrerait en vigueur que “ manque d’accord politique » entre acteurs locaux pour définir un « Citoyenneté calédonienne « . Ce point apparaît également dans l’article 2 du texte.

Mais le temps presse : cet accord, dit la loi, doit avoir été conclu avant le 1er juillet – faute de quoi, la réforme du corps électoral entrera en vigueur, dès qu’elle aura été adoptée par les trois cinquièmes des parlementaires réunis. au Congrès, comme l’exige la Constitution.

Les indépendantistes du FLNKS ont réclamé, juste après l’adoption de ce texte hier soir, son « retrait “, “ afin de préserver les conditions d’obtention d’un accord politique », jugeant que l’ultimatum contenu dans ce projet de loi rend impossible une discussion sereine.

Le chef de l’Etat s’y refuse clairement. Dans une lettre qu’il a adressée dans la nuit aux acteurs politiques calédoniens, Emmanuel Macron rejette toute possibilité d’un « retrait » du texte, sauf accord local : « A défaut de cet accord (…), le Congrès se réunirait avant fin juin. »

Des représentants des séparatistes et des loyalistes ont été invités à venir à Paris pour reprendre les négociations. Impossible de savoir, compte tenu de la situation insurrectionnelle qui a éclaté dans l’archipel, s’ils choisiront ou non de répondre à cette invitation.

En milieu de matinée (heure du continent), le Haut-Commissaire a annoncé un deuxième décès, sans donner plus de détails.

Parallèlement, l’Élysée a annoncé que le chef de l’État convoquait ce matin un Conseil de défense et de sécurité nationale consacré à la Nouvelle-Calédonie, où l’on imagine que la question de l’état d’urgence sera débattue.

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