Procès pour « euthanasie » d’un patient

Procès pour « euthanasie » d’un patient
Procès pour « euthanasie » d’un patient

Offrir du réconfort ou des soins palliatifs à un patient en salle d’opération est « très inhabituel », selon le témoin expert de la Couronne au procès d’Isabelle Desormeau. L’ancien anesthésiste est accusé d’avoir « euthanasié » un patient mourant après une opération.


Publié hier à 14h43

« En 30 ans d’expérience en tant qu’anesthésiste, je tiens à souligner le fait qu’offrir une euthanasie ou des soins palliatifs ou de confort immédiatement après une opération à un patient encore endormi est très inhabituel » conclut le Dr.R. Thomas Schricker, spécialiste en anesthésiologie, dans un rapport déposé en preuve.

Il dR. Schricker est directeur du département d’anesthésie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill. Vendredi matin, le juge Marc-André Dagenais l’a reconnu comme un expert en anesthésiologie. Sa compétence à analyser ce cas précis lors du procès a été contestée par la défense.

Isabelle Desormeau, une ancienne anesthésiste de 53 ans, est accusée d’avoir commis le meurtre involontaire de Raymond Bissonnette à l’hôpital de la Cité-de-la-Santé à Laval. Selon la Couronne, le défendeur a « précipité » la mort de M. Bissonnette, même s’il ne voulait pas mourir de cette façon. De plus, sa famille n’a manifestement pas été informée.

Selon la preuve présentée, Raymond Bissonnette a subi une intervention chirurgicale d’urgence dans la nuit du 1erET Novembre 2019. Sur la table d’opération, le chirurgien constate qu’il est impossible de « guérir » le patient en raison d’une nécrose de l’intestin grêle. Selon le chirurgien, le patient était en « fin de vie ». Il a ensuite refermé la plaie afin que M. Bissonnette puisse recevoir des « soins de confort ».

Il semble cependant que les médecins ne soient pas d’accord sur la nature de ce « traitement de confort ». Une fois le chirurgien parti, Isabelle Desormeau a retiré l’assistance respiratoire au patient et lui a injecté des médicaments. Des gestes qui, selon le parquet, auraient « accéléré » la mort de la victime. Raymond Bissonnette est décédé environ 20 minutes plus tard.

Selon le dR. Schricker, la suspension de la ventilation et l’administration de fortes doses de médicaments ont provoqué la mort du patient. Isabelle Desormeau, anesthésiste d’expérience, devait bien savoir qu’un tel cocktail tuerait le patient, selon l’expert.

« On peut aussi conclure que DR. Desormeau a commis une euthanasie», indique le DR. Schricker dans son rapport.

Selon lui, il est préférable de consulter toute l’équipe du bloc opératoire avant de proposer des soins palliatifs ou des soins de confort.

« Quand on parle de décès, il faut un consensus. […] Durant une intervention chirurgicale, le stress peut nous empêcher de prendre des décisions consensuelles et éclairées. Les soins palliatifs prennent du temps. Nous ne pouvons pas prendre ces décisions en salle d’opération », a-t-il témoigné cette semaine.

Par ailleurs, les soins de « confort » ne visent pas nécessairement à tuer la personne, souligne-t-il.

Le procès se poursuit en novembre au tribunal de Saint-Jérôme.

 
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