Meurtre de la petite fille de Granby

Meurtre de la petite fille de Granby
Meurtre de la petite fille de Granby

Deux ans et demi après sa condamnation pour le meurtre de sa belle-fille, la belle-mère de la petite fille de Granby n’a pas dit son dernier mot. Dans l’espoir d’obtenir un nouveau procès, l’assassin déplore dans son mémoire en appel plusieurs erreurs commises, selon elle, par les juges, depuis la fouille abusive de son téléphone jusqu’aux SMS « incendiaires » déposés en preuve.


Publié à 00h53

Mis à jour à 5h00

Le meurtre de la « petite fille de Granby » a marqué le Québec il y a cinq ans. Attachée à une chaise, l’enfant de 7 ans est morte asphyxiée à cause du ruban adhésif placé sur sa bouche par ses bourreaux. Le procès de sa belle-mère s’est terminé en décembre 2021 par un verdict rapide de culpabilité de meurtre au deuxième degré. La femme de 40 ans a été condamnée à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 13 ans.

Depuis, les procédures de recours s’éternisent. Ce n’est qu’au cours des dernières semaines que la belle-mère et la Couronne ont finalement produit leur mémoire d’appel. Comme les parties n’ont toujours pas argumenté devant la Cour d’appel, une décision cette année semble peu probable. D’autant que le dossier fait 15 000 pages.

La belle-mère demande un nouveau procès pour huit motifs distincts. Dans un mémoire d’appel d’une quarantaine de pages obtenu par -son avocat, Me Maxime Hébert Lafontaine, constate plusieurs erreurs « décisives » et « graves » commises par trois juges. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) répond que les juges n’ont commis aucune erreur.

Messages texte obtenus sans autorisation

Les échanges de SMS entre la belle-mère et le père de la jeune fille étaient au cœur du procès. Et ils sont au cœur de l’appel. Selon l’appelant, le juge François Huot aurait dû les exclure de la preuve, puisqu’elles ont été obtenues en violant les droits de l’accusé. En effet, l’enquêteur a fouillé le téléphone portable de la femme avant d’obtenir une autorisation judiciaire.

Le juge Huot a conclu avant le procès que l’enquêteur n’aurait pas dû procéder de cette façon, car il n’y avait « aucune urgence ». Même s’il y a eu violation des droits de l’accusé, le juge a considéré que l’intrusion de l’État était « minime », puisque le policier avait « documenté ses actes ».

En appel, la belle-mère insiste sur le fait que le juge n’a pas suffisamment pris en compte la « gravité » du comportement du policier. L’impact de cette violation sur les droits de l’accusé est « très grave, voire extrême », selon l’appelant.

Au procès, la Couronne a utilisé certains messages texte pour démontrer que la belle-mère avait développé une « aversion » et un « dégoût » pour la petite fille. En fait, ces sentiments l’accompagnaient depuis longtemps, a indiqué l’accusation, sur la base des échanges.

Selon l’appelant, le juge Louis Dionne a commis une erreur en permettant la présentation de ces messages texte comme preuve de « propension » ou de « conduite indigne ».

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PHOTO DÉPOSÉE AU TRIBUNAL

Preuve déposée lors du procès de la belle-mère de la petite fille de Granby

L’appelante soutient que les messages texte étaient de « nature incendiaire », soulignant la mauvaise moralité de l’accusée envers sa belle-fille dans les mois précédant le meurtre. Cette preuve « déshonorante » présentait l’accusé d’une manière « très répréhensible », poursuit l’appelant. Les SMS doivent donc être exclus.

De plus, le juge Dionne n’a donné aucune directive au jury sur ce type de preuve. Une « grave » erreur de droit, selon le recourant.

Selon la DPCP, le juge a au contraire soigneusement examiné l’effet néfaste des SMS avant de rendre sa décision. Il l’a également exclu pour cette raison. Aussi, les messages texte de l’accusée étaient « très importants » pour comprendre son « état d’esprit », note la Couronne.

Le « chemin » remis en question

L’appelant reproche également au juge Dionne d’avoir permis que l’accusation de meurtre soit ouverte par une voie moins fréquentée. En règle générale, une personne est accusée de meurtre parce qu’elle avait l’intention de causer la mort ou des blessures à la victime, sachant que cela la tuerait.

Mais lors du procès de la belle-mère, cette « voie » standard n’a pas été autorisée. Pour la déclarer coupable de meurtre au deuxième degré, le jury a dû conclure qu’elle avait séquestré l’enfant dans un « but illégal ». Une grille d’analyse assez complexe. Toutefois, selon l’appelant, cette « voie » ne pourrait pas s’appliquer. C’est pourquoi la défense a seulement demandé l’ouverture d’un verdict d’homicide involontaire.

De plus, le juge a commis une erreur dans ses instructions, selon l’appelant, en n’expliquant pas aux jurés qu’ils devaient considérer l’état de panique de l’accusé au moment des événements. Lors du procès, la belle-mère a témoigné qu’elle avait été « paralysée » par les agissements de son compagnon et qu’elle s’était « effondrée en larmes », rappelle le mémoire. Le juge n’a toutefois pas rappelé ces éléments au jury.

Enfin, l’appelant reproche au juge Charles Ouellet d’avoir modifié le district judiciaire où se tiendrait le procès sans laisser les parties en décider. Le juge avait pourtant répété « à plusieurs reprises » aux parties qu’il demanderait leur avis avant de statuer.

L’histoire jusqu’ici

28 et 29 avril 2019
La fillette de 7 ans est tuée par sa belle-mère. L’enfant avait été attaché à une chaise.

9 décembre 2021
La belle-mère de la petite fille de Granby est reconnue coupable de meurtre au deuxième degré et de séquestration.

7 janvier 2022
Le père de la jeune fille est condamné à quatre ans de prison. Il avait plaidé coupable d’un chef d’accusation de séquestration.

 
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