l’essentiel
Emmanuel Macron a déclaré que Benjamin Netanyahu « ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision des Nations Unies ». Une déclaration contestée par le premier ministre israélien et par le CRIF en France. Au fait, qu’est-ce que c’est ? Déchiffrement.
Alors que plusieurs soldats de la paix de l’ONU membres de la FINUL ont été blessés par des tirs israéliens ces derniers jours au sud du Liban, Emmanuel Macron est monté au créneau. Lors d’une réunion du Conseil des ministres, le président français aurait déclaré que Benjamin Netanyahu “ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU”. Est-ce qu’il dit la vérité ?
En fait, c’est la résolution de l’ONU prévoyant la partition de la Palestine en deux États en 1947 qui a officialisé la naissance de l’État d’Israël. Le fruit d’un long voyage, accéléré par le génocide de six millions de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Montée du sionisme
La création d’un État juif a été soutenue par le mouvement sioniste, apparu en Europe vers la fin du XIXe siècle.e siècle. Face à la montée de l’antisémitisme et aux persécutions subies sur le Vieux Continent, de nombreux Juifs souhaitent la création d’un État dans lequel ils puissent se réfugier. Une volonté qui a conduit à la naissance du sionisme, un mouvement politique favorable à la création d’un État pour les Juifs. Rapidement, il appelle à un « retour » en terre de Palestine, région importante dans la genèse juive (comme pour les religions chrétienne et musulmane). Le mouvement et son fondateur, Theodor Herzl, encouragent notamment « la colonisation de la Palestine par des paysans, ouvriers et artisans juifs » lors d’un congrès à Bâle en 1897.
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Soutien britannique
La Palestine était sous mandat britannique depuis le début des années 1920, après une longue période sous domination ottomane au cours de laquelle une majorité musulmane coexistait avec des minorités juives et chrétiennes.
À la fin du XIXe siècle, plusieurs vagues de migrations juives vers la Palestine ont eu lieu.e siècle (ils étaient 47 000 en 1895, contre 24 000 en 1882), avant de s’accélérer au XXeesoutenu par le gouvernement britannique. Un soutien que ce dernier formalisera avec la Déclaration Balfour. Le 2 novembre 1917, ce texte précise que « le gouvernement de Sa Majesté voit favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Une décision prise sans consensus ni consultation préalable des peuples arabes sur place.
A l’approche de la fin de la Première Guerre mondiale, Londres tente de renforcer ses positions et d’obtenir le soutien du mouvement sioniste qui se développe en Europe et en Amérique. Alors que le Vieux Continent assiste à la montée du nazisme, entre 1929 et 1939 environ 180 000 Juifs s’installent en Palestine. Dans le même temps, des groupes sionistes armés clandestins accroissaient les tensions dans le pays. Une situation qui va générer des révolutions parmi les populations arabes de Palestine contre le régime britannique en place et contre le sionisme.
Plan de partage des Nations Unies
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1947, le Royaume-Uni met fin à son mandat en Palestine et laisse l’ONU s’occuper de la question palestinienne.
Ce dernier fonde alors le Comité spécial des Nations Unies sur la Palestine qui aboutit à la résolution 181 : Plan de partage de la Palestine, officiellement adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en novembre 1947. Elle prévoit la création de deux États, un juif et un arabe. La ville de Jérusalem est placée sous contrôle international. Un plan rejeté par les autorités arabes.
David Ben Gourion décide le 14 mai 1948 de proclamer unilatéralement la création de l’État d’Israël. Le lendemain de cette proclamation éclate la première guerre israélo-arabe, qui voit Israël victorieux et 700 000 Palestiniens contraints à l’exil. Le début d’un conflit qui continue, plus de 75 ans après, d’enflammer la région.