peu d’austérité et beaucoup de manipulation fiscale – IREF Europe

peu d’austérité et beaucoup de manipulation fiscale – IREF Europe
peu d’austérité et beaucoup de manipulation fiscale – IREF Europe

Publié le 16 octobre 2024


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Le projet de loi de finances pour l’année prochaine (PLF 2025) est désormais connu. Selon l’introduction rédigée par les deux ministres de Bercy, à savoir Antoine Armand pour l’Économie et Laurent Saint-Martin pour le Budget, « Il n’y aura pas de cure d’austérité, pas de matraquage fiscal. » Cependant, au vu des informations réellement publiées, nous aurions plutôt tendance à penser que si la cure d’austérité fondamentalement nécessaire s’avère finalement légère, il y aura effectivement excès budgétaire.

On sait que face à une situation des finances publiques très dégradée, avec un déficit public attendu à 6,1% cette année, le gouvernement avait annoncé un « effort » de 60 milliards d’euros au total pour 2025, 40 milliards relatifs à la réduction des dépenses et 20 milliards sur la réduction des dépenses. augmentations d’impôts. On sait aussi que cet effort a été calculé par rapport à une évolution de « tendance » qui aurait propulsé le déficit à 7 % en 2025. Examinons ce qui se passe réellement.

Pour commencer, voici les principaux chiffres issus de nos comptes publics :

Principales données de nos finances publiques

et PLF 2025 Sources :

Dépenses publiques – Prélèvements obligatoires – Déficits publics – Dette publique – Croissance – Inflation – PLF 2025. Mise à jour :

11 octobre 2024. Unités :

Habitants en millions – PIB en milliards d’euros courants – Dépenses publiques, prélèvements obligatoires, déficit public et dette publique en milliards d’euros courants et en % du PIB. Note :

2024 est une estimation de fin d’année et 2025 la prévision du PLF. Pour ces 2 années, les données soulignées proviennent du PLF, les autres sont calculées à partir de la première.

Voici maintenant les quelques rapides commentaires que suggère ce PLF 2025 :

Dépenses publiques

Les dépenses publiques augmenteraient de 2,1% entre 2024 et 2025, soit plus vite que l’inflation prévue à 1,8%. En volume, leur croissance ne serait que de 0,4%, ce qui ramènerait leur ratio au PIB de 56,8% en 2024 à 56,4% en 2025.

Méfiance cependant, car le PLF prend en compte, par exemple, un effort de 5 milliards demandé aux collectivités locales sur lesquelles le gouvernement a peu d’influence sinon par son pouvoir de persuasion. Dans son avis sur le PLF 2025, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) estime que globalement, les annonces de maîtrise des dépenses sont très fragiles compte tenu du peu d’informations divulguées quant à leurs modalités concrètes.

Effectif de la fonction publique de l’État

Les syndicats de l’éducation nationale se sont fortement inquiétés de la suppression annoncée de 4 000 postes d’enseignants, mais il faut savoir que ces réductions affecteront principalement les écoles primaires où l’on observe une baisse des effectifs scolaires depuis 2017. De ce fait, le taux d’encadrement des étudiants ne devrait pas en être affecté. Parallèlement, 2 000 postes d’accompagnement d’étudiants en situation de handicap seront créés. Au total, les effectifs de la fonction publique de l’État diminueraient de 2 201 équivalents temps plein (ETP) en 2025. Cela frise le ridicule. Sur un volume total de 2,5 millions d’ETP (chiffre 2022), c’est l’épaisseur du trait. D’ailleurs, une fois le PLF connu, le quotidien de gauche Libération titrait : « Budget 2025 : pas de vague majeure de suppressions d’emplois dans la fonction publique en vue ».

Une manière particulièrement convaincante de se rendre compte que l’austérité n’est pas vraiment la caractéristique première des projets gouvernementaux en la matière.

Prélèvements obligatoires

Les cotisations obligatoires augmenteront de 60 milliards d’euros en 2025. Cela représente une croissance de 4,8% en valeur et de 3% une fois dégonflée. En fait, ils seront encore plus élevés, et la réduction des dépenses moindre, car comme le souligne le HCFP, le gouvernement a classé comme réduction des dépenses la suppression de l’exonération des charges sociales patronales, alors qu’en réalité elle est provoquée par une augmentation en prélèvements.

Ils pourraient également s’accroître via les amendements que le gouvernement compte lui-même déposer lors de l’examen du texte au Parlement.

Déficit public

Balance des dépenses et des recettes, le déficit public représenterait 5% du PIB en 2025 après 6,1% cette année. Rappelons que selon le programme de stabilité de l’Union européenne, elle ne doit pas dépasser 3% du PIB. La partie structurelle de ce déficit, c’est-à-dire la partie sur laquelle la situation économique n’a aucune influence, passerait de 5,6% à 4,5% du PIB.

Cependant, la fragilité des coupes dans les dépenses évoquées plus haut entraîne à son tour une grande fragilité dans les prévisions de déficit ainsi que dans la trajectoire des finances publiques que les nouveaux ministres envisagent de revenir sous le seuil des 3 % en 2029. Une échéance repoussée de deux années chaque année…

Dette publique

On peut commencer par constater en lecture directe que la dette publique aura augmenté de plus de 1 000 milliards d’euros entre l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 et la fin de l’année 2024, soit une augmentation de près de 50 % ! C’est tellement vertigineux, cela reflète une telle perte de contrôle sur nos comptes publics, malgré mille déclarations contraires de nos précédents ministres, qu’on peut légitimement se demander s’il reste encore une once de sérieux à Bercy.

Dans son avis, le HCFP souligne que depuis la période Covid, le mouvement de désendettement a été globalement plus important dans les autres pays de l’Union européenne. Résultat, la est désormais le troisième pays le plus endetté de la zone euro derrière la Grèce et l’Italie (graphique ci-dessous), avec un niveau prévu pour 2025 similaire à ce qu’il était au cœur du Covid en 2020 (115% par rapport au PIB) . Ajoutez à cela la hausse des taux d’intérêt au cours des trois dernières années et vous obtenez une augmentation notable du poids de la dette qui pèse sur les dépenses et limite encore davantage la marge de manœuvre du gouvernement.

Facteurs supplémentaires de fragilité aux yeux du HCFP, les niveaux d’inflation (1,8%) et de croissance (1,1%) retenus pour 2025 semblent un peu trop élevés. De ce fait, le scénario concocté par le gouvernement, bien que peu austère côté dépenses et beaucoup plus musclé côté recettes, pourrait encore se révéler trop optimiste. Une chose est sûre cependant. Malgré la reconnaissance lors de l’introduction du PLF que « la situation de nos finances publiques est grave » et ça “C’est à cause de l’augmentation des dépenses que nos finances publiques se sont détériorées”,

La lecture des chiffres annoncés montre clairement que le gouvernement Barnier n’a pas vraiment cherché à faire face à l’ampleur de la dérive des dépenses publiques. La question du redressement des comptes est abordée par son volet fiscal, comme au temps de François Hollande. Tant pis pour les forces productives du pays, bien moins pour la croissance. Rappelons ce que disait Vauban (1633-1707) en son temps, dans une France déjà abattue par les impôts : « l’argent du royaume le mieux utilisé est celui qui reste entre les mains des particuliers où il n’est jamais inutile ni oisif. »


Nous en sommes loin.

Pour les définitions des principaux montants de nos comptes publics, nous pouvons nous référer à l’article : Budget 2016 : opérations des comptes (17 septembre 2015).
France

 
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