« Il n’y a pas un avant et un après Samuel Paty, il y a un « pendant »… et on y est toujours »

« Il n’y a pas un avant et un après Samuel Paty, il y a un « pendant »… et on y est toujours »
« Il n’y a pas un avant et un après Samuel Paty, il y a un « pendant »… et on y est toujours »

FIGAROVOX/MAINTENANCE – Le 16 octobre, C8 diffusera « Au nom de mon frère », consacré aux derniers jours de Samuel Paty, tué par un terroriste islamiste il y a quatre ans. Pour Stéphane Simon, le producteur de ce documentaire, ce drame évitable montre les travers de l’Etat et de l’Education nationale.

Stéphane Simon est journaliste, producteur et auteur du livre enquête Les derniers jours de Samuel Paty (Plomb, 2023).


LE FIGARO. – Votre film met en lumière le combat »pour la vérité » que mène courageusement Mickaëlle Paty, la sœur de Samuel Paty. Quelle est la vérité de ces onze jours de «descente aux enfers » ?

Stéphane SIMON. – La genèse de cette tragédie est peu connue. Sur l’affaire Paty, c’est particulièrement notable, il a fallu écrire un livre de 250 pages puis rencontrer Mickaëlle Paty pour tenter de démêler le vrai du mensonge sur des événements que l’administration a gardés sous silence et qui sont peu glorieux pour les collègues de Samuel Paty . Nous avons mené ce travail d’enquête avec toute une équipe pendant près de deux ans, à travers l’écriture du livre en 2023 et la réalisation de ce documentaire.

La vérité en question est terrible. Samuel Paty a été abandonné par ses collègues et abandonné par l’administration, qui n’a pas su tirer les conséquences du mensonge de cette écolière et se solidariser avec elle. Abandonné, finalement, par les ministères et notamment par le ministère de l’Intérieur qui n’a pas réussi à déployer le dispositif nécessaire et utile à la protection de Samuel Paty. Quand on pense qu’il a suffi d’un coup de téléphone de la brigade territoriale des Yvelines permettant à Samuel Paty de rester quelques jours chez lui, on est furieux à l’idée que cet enseignant ait pu être tué dans les conditions innommables que l’on connaît.

L’enquête révèle que Samuel Paty a été, longtemps, pointé du doigt comme le responsable d’un désordre alors qu’il n’était que victime d’un mensonge odieux. On sait désormais qu’une jeune fille a inventé des fabrications calomniant le parcours de Samuel Paty – bien qu’impeccables et incontestables – et l’anathème à l’origine de sa mort. Cette jeune fille a été condamnée à 18 mois de mise à l’épreuve lors de l’examen du premier volet de l’affaire Paty au tribunal de Paris en décembre 2023…

Votre documentaire révèle de graves manquements qui incriminent la direction de Samuel Paty, ses collègues, les services de renseignement, l’Etat… Évoquant même un «scandale d’État « . Est-ce que rétablir la vérité rend justice d’une certaine manière ?

Bien entendu, rétablir la vérité est le meilleur hommage que l’on puisse rendre à Samuel Paty. Ce documentaire n’est qu’une partie des actions entreprises pour permettre, devant le tribunal administratif, de porter à la connaissance du public tous les manquements et dysfonctionnements de l’Etat révélés par ces enquêtes. La est un pays qui vit dans le déni et préfère ignorer les problèmes plutôt que de les affronter. Nommer clairement les choses est une manière de contribuer à ce que le drame de Samuel Paty ne se reproduise plus.

Il est grand temps que les enseignants réalisent que la seule issue qui s’offre à nous est la solidarité et le courage, plutôt que les hommages. rétrospectivement

Stéphane Simon

Or, jusqu’à présent, l’examen de conscience n’a pas eu lieu : mêmes causes, mêmes effets. Depuis le meurtre de Samuel Paty, il y a eu celui de Dominique Bernard à Arras, ou, plus récemment, les événements de Tourcoing… Non exhaustifs, ces exemples en milieu scolaire continuent d’horrifier. Par ailleurs, la seule façon de faire face à l’islamisme et à son infiltration dans les écoles est d’énoncer toutes les vérités afin de retrousser collectivement nos manches.

Le ministre de l’Éducation nationale soutenu dans La Tribune que si la laïcité est menacée, «attaques contre la laïcité “, ils, “retraite « . Récemment, une enseignante a été frappée par son élève après lui avoir demandé d’enlever son voile. Y a-t-il eu un après Samuel Paty, comme le prédisait Jean-Michel Blanquer ?

Mickaëlle Paty l’exprime admirablement : il n’y a pas un avant et un après Samuel Paty, il y a un pendant et on est toujours dans ce « pendant ». Les communiqués triomphalistes faisant état d’une baisse des attaques contre la laïcité dans les écoles sont à prendre avec des pincettes. Certes, la réaffirmation d’autorité de Gabriel Attal a fait son effet, lorsqu’il a mis un point sur le port de l’abaya en classe, et a ainsi permis de réduire le nombre d’élèves qui se présentent en tenue islamique. Mais nombreux sont aussi les professeurs qui ne font plus état d’attaques contre la laïcité dans les établissements, las de la guerre. Avant de croire que les problèmes sont résolus, il faut comprendre que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le paraissent d’un point de vue purement statistique.

Le film révèle qu’un enseignant de moins de trente ans sur deux refuse de travailler dans un établissement qui porte le nom de Samuel Paty… Qu’est-ce que cela dit des jeunes générations ?

Aujourd’hui, l’Éducation nationale est dans un état étrange. Elle salue des chiffres éminemment discutables sur le déclin des atteintes à la laïcité. Mais cela occulte l’autocensure à laquelle sont soumis les enseignants de chaque établissement, collège ou lycée. Beaucoup d’entre eux cachent des violences et d’autres problèmes liés à l’exercice de leur enseignement. Pire que cela : aujourd’hui, plus d’un enseignant sur deux n’enseigne pas tout ce que prévoit le programme scolaire, préférant l’autocensure au risque de conflit avec les parents d’élèves problématiques (comme dans l’affaire Paty) ou d’élèves turbulents.

En effet, cette autocensure amène certains enseignants à craindre l’exercice même de leur métier dans les collèges ou lycées du nom de Samuel Paty. C’est la hauteur ! D’un côté, une malheureuse victime, de l’autre, le mensonge et l’islamisme. Aujourd’hui, on ne veut plus éprouver de compassion pour cette victime, on se méfie, on a peur pour nous-mêmes. Il est grand temps que les enseignants réalisent que la seule issue qui s’offre à nous est la solidarité et le courage, plutôt que les hommages. rétrospectivement

 
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