Journée mondiale de la santé mentale | Les liens invisibles du réseau social

Journée mondiale de la santé mentale | Les liens invisibles du réseau social
Journée mondiale de la santé mentale | Les liens invisibles du réseau social

Franchir la porte d’une ressource alternative en santé mentale, c’est être accueilli par son nom, taquiné par l’un, invité à boire un café par un autre, c’est se sentir le bienvenu.


Publié à 02h38

Mis à jour à 17h00

Anne-Marie Boucher

Co-coordinator of the Regroupement des Ressources Alternatives en Santé Mentale du Québec (RRASMQ)

Cela signifie aussi parfois arriver un peu en avance à l’activité, juste pour le plaisir de retrouver des visages familiers, des personnes devenues, au fil du temps, presque une famille. Ou même une famille, mais en mieux. C’est participer à des échanges où notre histoire compte, où notre expérience de vie permet aux autres de marcher, d’ouvrir des chemins plus doux parmi les ronces du désespoir.

L’entraide est loin d’être folle

L’expérience d’entraide en santé mentale dépasse le cliché du groupe de soutien comme on en voit parfois dans les séries télévisées. C’est une expérience humaine profonde, riche et d’une simplicité désarmante : exister pour les autres permet d’habiter le monde avec plus de douceur.

Mettre son expérience de vie au service des autres permet de lui donner doublement du sens. Et créer des relations informelles de réciprocité ajoute ce je ne sais quoi à l’existence. Un sentiment de sécurité, une meilleure qualité de vie ?

Les ressources alternatives en santé mentale soutiennent l’auto-assistance depuis plus de 40 ans. Cependant, cette pratique reste invisible et ses effets bénéfiques sont négligés.

C’est pourquoi, cette année, l’entraide est le thème de la Journée alternative de santé mentale.⁠1mis en lumière le 10 octobre depuis 2013. À cette occasion, plus d’une trentaine de groupes communautaires participent à des actions visant à promouvoir l’entraide comme pratique essentielle en santé mentale, que ce soit par une campagne de cartes postales, le dépôt d’une œuvre d’art collective au ministre Lionel Carmant. ou la tenue d’activités publiques dans leurs communautés.

L’entraide, difficile à quantifier, mais non moins indispensable

Même si elle est difficile à mesurer et à quantifier, l’entraide n’en constitue pas moins un maillon essentiel de notre réseau social. Donnons l’exemple de La Barre du jour, ce groupe de Saint-Gervais, à Bellechasse, qui a créé, à l’initiative de ses membres, une escouade qui intervient au domicile des personnes hospitalisées, avec leur accord.

Les membres (bénévoles) de ce groupe de soutien s’y rendent pour faire le ménage, préparer les repas, changer les draps, afin de s’assurer qu’à leur départ, les personnes ayant vécu un épisode difficile seront accueillies dans les meilleures conditions, avec une odeur de fraîcheur. biscuits cuits au four.

Un autre exemple ? Cette ressource communautaire de Montréal-Nord, la CAMÉE, qui accompagne au quotidien ses membres dans leur implication pour que ce lieu leur appartienne véritablement. Chez CAMÉE, ce sont les membres qui ont les clés et ce sont eux qui accueillent les autres membres. Ensemble, ces personnes organisent des ateliers d’arts visuels et de musique, des cafés-échanges et des espaces de partage sur la santé mentale. Ils profitent pleinement de leur espace et découvrent leurs atouts et trouvent un nouvel équilibre.

Au moment de publier cette lettre, plus d’une trentaine de ressources alternatives en santé mentale, des groupes communautaires où l’entraide se vit, finalisent la touche finale d’une œuvre d’art collective intitulée Filet d’humanitéqui fera l’objet d’une capsule vidéo, mais qui sera également remise au ministre délégué Lionel Carmant à l’occasion de la Journée alternative en santé mentale.

Lui remettre ce filet d’humanité, construit à partir d’une pauvre corde de jute, c’est lui transmettre notre inquiétude croissante et la détresse de nos groupes face à la dégradation des conditions de vie de la population. Les groupes communautaires de santé mentale, bien qu’essentiels pour nos communautés, ne peuvent remplacer des conditions de vie dignes (investissements dans le logement, dans la lutte contre la pauvreté).

Notre attente est donc double de la part du gouvernement du Québec : apporter davantage de soutien aux groupes communautaires, mais aussi au filet social qui semble, ces jours-ci, ne tenir qu’à un fil.

1. Consultez la page « Journée de la santé mentale alternative : qu’est-ce que c’est ? »

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