«C’est plutôt bien accueilli par les familles»

«C’est plutôt bien accueilli par les familles»
«C’est plutôt bien accueilli par les familles»

L’expérimentation est désormais nationale. Les infirmières peuvent certifier certains décès. En Bourgogne-Franche-Comté, 80 décès ont déjà été signalés depuis mai 2024 par des infirmiers, comme Benjamin.

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Faire constater le décès d’un proche non pas par un médecin, mais par une infirmière, est possible depuis avril 2024 dans toute la France. Le système a d’abord été testé par six régions d’Auvergne-Rhône-Alpes ; Occitanie ; Centre-Val de Loire ; Île-de-France ; Hauts-de-France ; Réunion.

Benjamin Galley, infirmier libéral dans le Jura et élu au conseil de l’ordre, fait partie de ceux qui se sont portés volontaires. Il y en a actuellement plus de 300 en Bourgogne-Franche-Comté qui peuvent constater médicalement le décès d’une personne après l’avoir examinée. À ce jour, Benjamin n’a dû se déplacer qu’une seule fois pour un décès survenu en plein été.

Cela a permis de certifier le décès rapidement, ce que la famille a apprécié. L’acte de décès est le laissez-passer pour le reste. En l’absence de certificat, nous ne pouvons pas procéder à une collecte de corps et nous ne pouvons pas engager de démarches funéraires.

Benjamin Galley, infirmier dans le Jura, volontaire pour l’acte de décès

Si Benjamin et d’autres seront sans doute à nouveau appelés à domicile ou dans un établissement de santé pour réaliser un tel acte, ces derniers doivent répondre à des critères bien précis.

Premièrement, pour faire partie du système d’attestation de décès, vous devez être infirmier libéral ou salarié, avoir plus de trois ans d’expérience, être bénévole et suivre une formation spécifique.

L’infirmière est appelée à constater un décès uniquement pour les décès non violents d’adultes à domicile, en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ou en hospitalisation à domicile (HAD).

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En Bourgogne-Franche-Comté, près de 300 infirmiers peuvent déjà certifier les décès.

© LIONEL VADAM / MAXPPP

Si le décès est suspect, l’infirmière alerte un médecin qui doit alors intervenir.
Au centre de répartition des appels d’urgence, les médecins traitants ou les médecins retraités sont appelés en premier en cas de décès. S’ils ne sont pas disponibles, une infirmière est alors contactée, assure Elisabeth Lheureux, conseillère technique et pédagogique à l’Agence régionale de santé Bourgogne Franche-Comté. Elle estime que le système s’est déployé tout naturellement en Bourgogne-Franche-Comté.

Nous sentons qu’il y a un réel besoin », a-t-elle déclaré. « Il y a des familles qui ont longtemps attendu un proche décédé, alors que ce moment de deuil est toujours catastrophique à vivre.

Elisabeth Lheureux, Conseillère technique et pédagogique à l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne Franche-Comté.

Benjamin Galley estime que la certification des décès, nouvelle tâche confiée aux infirmiers, est une marque de confiance. « Personnellement, je trouve que ça ajoute des cordes à notre arc, ça développe les compétences infirmières, et ça montre de la confiance dans le métier.» dit-il. L’aspect humain est également important pour lui.

Nous essayons d’être gentils. Pour la famille, c’est rassurant quand c’est l’infirmière qu’on connaît qui vient dresser l’acte de décès.

Benjamin Galley, infirmier dans le Jura

Benjamin Galley sait que certifier les décès n’arrivera pas tous les jours. C’est une mission ponctuelle, mais il en voit le bénéfice pour la société. «Nous travaillerons à l’instauration d’actes de décès dans notre secteur. Cela permettra un maillage territorial plus serré, car les infirmiers sont la profession médicale la plus représentée sur le territoire français. ». Dans des déserts médicaux où les médecins sont rares et souvent très occupés, c’est une façon de les soulager et de soutenir les familles.

Nous avons posé la question à Gilles Robert, médecin et président du conseil de l’ordre du Doubs. Il considère que cette mesure est une “bandage” sur un système de santé en difficulté en France. « Les médecins ne sont ni contre ni pour. Certains détails peuvent heurter la profession. L’infirmière, par exemple, n’est pas tenue d’avertir le médecin traitant lorsque celui-ci intervient dans la constatation d’un décès. Il faudra faire le point avec un peu de recul de cette expérimentation nationale »il croit.

Actuellement en Bourgogne Franche-Comté, 300 infirmiers sont déjà formés. 300 autres se sont portés volontaires et interviendront dans les mois à venir lorsqu’ils seront sollicités.

La rémunération varie entre 42 et 54 euros pour les infirmiers, selon qu’ils travaillent de jour ou de nuit. « Les limites, pour les libéraux, c’est ce forfait qui ne prend pas en compte les déplacements parfois à l’autre bout du département. Déshabiller une personne décédée et réaliser les actes d’observation prend aussi du temps » tempère Elisabeth Lheureux à l’Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté.

La certification des décès par les infirmiers sera testée jusqu’en avril 2025 en France. On imagine mal le système de santé français reculer sur cette compétence qui apaise les tensions vécues par de nombreux métiers de la santé, a fortiori lorsqu’il s’agit d’intervenir dans les derniers souffles de la vie.

 
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