Évreux. Abattoirs de blues | La Dépêche Évreux – .

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Par Sophie Bordier
Publié le

1er et 24 mai à 15h00

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C’était leur dernière séance. Samedi 13 avril 2024, tous les musiciens ayant déjà franchi la porte des locaux de répétition des Abattoirs d’Évreux (Eure) ont été conviés à une photo souvenir à l’invitation de l’association Venus In Fuzz. Souvenir car les locaux en question seront bientôt définitivement fermés. Depuis la fin des années 1980, ils occupaient une partie de l’immense complexe des abattoirs municipaux, construits, non sans difficultés, en 1882 et mis en service en 1887. Une séance qui a ravivé pas mal de souvenirs.

RAPPEL PETITE ET GRANDE HISTOIRE !!!

“Nous n’avons dérangé personne”

« Ma mère, qui travaillait à Solange Baudouxlui a dit que les groupes locaux avaient du mal à trouver des espaces de répétition », se souvient Didier Sabater (Erga Omnes/City Ramblers). L’assistante culturelle de Roland Plaisance avait alors trouvé cette solution : offrir aux groupes les anciennes stalles de la porcherie des Abattoirs, des espaces suffisamment grands pour accueillir les musiciens et leur matériel. “Elle avait proposé à Erga Omnes, mais nous avons refusé.”

C’est finalement par Christian Rouxchef du secteur rock de la MJC, « qui avait pris Black Maria sous son aile dès nos débuts », se souvient Olivier Delacroix, qu’un premier local a été investi en 1987/1988. “On répétait à la MJC, mais Christian, qui nous avait repéré comme un espoir du département, s’est battu pour qu’on ait un lieu pour répéter en permanence, il nous fallait une place réservée à horaires illimités”, poursuit le chanteur devenu journaliste. A ses yeux de l’époque, les Abattoirs étaient parfaits. « Ici, on était tranquille, on ne dérangeait personne, on pouvait répéter à volonté », raconte le guitariste. Philippe Nemar qui, au passage, se souvient avoir vécu, « mon petit, le passage des animaux ». Le point de départ et d’arrivée de dix années de tournée. Black Maria l’utilisera comme quartier général jusqu’à la fin du groupe en 1998.

Une tente berbère

L’électricité et l’éclairage étaient installés, mais « il y avait des fuites d’eau partout », poursuit Philippe. Comme le plafond était cathédrale, les musiciens avaient tendu une toile au dessus des tambours, “comme une tente berbère”, sourit Cyrille Avenel (Rackham/Espion). «Avec Jacques [Depierre]nous avons pris soin d’installer un faux plafond, une moquette sur le sol en béton”, “et nous avons recouvert les murs de panneaux de mousse de récupération”, ajoute son acolyte. Fabrice Levillain, lorsque Red Rackham a rejoint la scène. Et, dans les locaux (presque) voisins, les Mi-Cats Mi-Mouris emménagent, « il y a 35 ans ! ” précis Stéphane Haas.

Les trois salles de répétition des Abattoirs seront bientôt vidées. ©Sophie B.

« Cette mise à disposition par la Ville était un peu difficile à l’époque. Quand Jean-Louis Debré a été élu maire, on nous a alors demandé que chaque local soit géré par une association et produise une attestation d’assurance », poursuit Cyril. Les Arts Rock s’occuperont donc du premier local, La Boitazik du second.

L’endroit est idéal. A l’écart de la ville, il est accessible à tout moment « pour rapporter et ranger du matériel après des concerts parfois lointains ». Sous la surveillance vigilante de Mario Porcu, alors gardien du site.

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La liste des groupes qui y ont joué est longue, « les clés se passaient de main en main », tout comme la liste des soirées qui suivaient les séances de répétitions… « C’est surtout le dimanche matin, très très tôt… » sourit Jef Hirel (Marie Octobre, Lili Banez), « Je ne pensais même pas revenir ».

Des logements et un parc

En 2016, Arts Rock a remis les clés de ses locaux à Venus in Fuzz et son président Olivier Devallais (Les Équarisseurs) qui le rafraîchit. Gang of Venus, Les Golden Romeos, Buckaroo Banzaï, Marcö et Trémolo y répétaient encore il y a quelques jours, à quelques pas des Registrars et UFOS qui partagent les locaux du Boitazik. Pas pour très longtemps.

La fin d’une ère. ©Sophie B.

La fourrière municipale a disparu il y a dix ans, la plateforme logistique des services techniques il y a deux ans, et seuls les locaux de répétition sont restés. Le moment de déménager est arrivé. Direction l’ancienne école de La Forêt, reconvertie en espace associatif, où sont déjà hébergés les clubs de bridge et de billard de la ville. Après l’Embarquement, une autre page de l’histoire musicale locale se tourne.

Les Abattoirs, avec leurs mille mètres carrés de bâtiments, et leur architecture en brique typique de la fin du XIXème sièclee siècle, sera bientôt vendu. « Nous finalisons le cahier des charges », assure le maire de la Ville, Guy Lefrand, interrogé sur le sujet. « Nous nous laisserons la possibilité de les réhabiliter, car c’est un beau bâtiment. Mais si nous ne trouvons rien, nous nous laisserons la possibilité de les abattre pour en faire des logements.» Plus largement, « l’idée est d’assainir toute la péninsule pour en faire un parc public paysager qui s’étendra le long de l’Iton dans les années à venir. Des espaces verts qui peuvent, en cas d’inondation, servir de bassin d’évacuateur.

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