Le prix du pain jaune de beurre s’envole. En près d’un an, il a bondi de près de 40 % sur le marché de gros industriel, atteignant fin septembre son plus haut niveau historique à 8 180 € la tonne.
Dans ces conditions, après avoir augmenté de 33% en trois ans dans les rayons de la grande distribution, son prix devrait augmenter début 2025 après une relative stabilité depuis le début de l’année. Non pas à cause du prix mondial, cette fois, mais à cause de la répercussion du prix agricole imposé par la loi EGAlim. Le prix mondial a déjà commencé à affecter les fabricants.
Les actions au plus bas
La conséquence d’une multitude de facteurs. Tout d’abord, un déséquilibre entre l’offre et la demande, mais aussi un risque de baisse de la production liée au développement attendu d’épidémies de fièvre catarrhale et de maladie hémorragique épizootique en Europe. “Cette situation a entraîné un effet d’emballement avec notamment des achats préventifs qui alimentent la hausse des prix”, analyse Jean-Marc Chaumet, directeur des études économiques au Cniel, l’interprofession laitière. Mais pas seulement, « les grands industriels n’ont pas de stock, ils recherchent du beurre pour les gâteaux de Noël », confie Jean-Marie Le Bris, directeur des produits de grande consommation de la coopérative Laïta, fabricant de beurres Paysan Breton. .
Dans un contexte de baisse de la production laitière dans les grands pays exportateurs, des pays comme la Nouvelle-Zélande et l’Irlande ont réduit leurs exportations de beurre, amenant notamment les Américains, nouveaux amateurs de beurre, à sécuriser leurs approvisionnements. D’autant que la baisse de la demande chinoise de lait en poudre, coproduit du beurre, a également conduit certains pays à privilégier la production de crème, de fromage et de yaourt.
Menace de pénurie
Déjà, pour les marchés industriels indexés, de la restauration hors foyer et du low cost, les prix s’envolent. Au point que la clientèle professionnelle, boulanger ou restaurateur, se détourne de ces circuits. “Certains d’entre eux s’approvisionnent auprès de la grande distribution au risque de créer des déséquilibres”, estime Jean-Marie Le Bris, dont la coopérative n’arrive plus à répondre pleinement à la demande de marques distributeurs. Un report de la consommation qui fait craindre des pénuries de beurre en fin d’année, selon le directeur des produits de grande consommation.
La solution des beurres allégés, plébiscitée l’année dernière pour leur prix et testée par certains fabricants, n’est clairement pas la solution. Les consommateurs finissent par s’en détourner, ne retrouvant pas le goût du beurre.
Une baisse des prix mondiaux à venir ?
A plus de 8 000 euros la tonne, le beurre industriel européen a dépassé le prix néo-zélandais. Un seuil psychologique pour le marché ? En Océanie, le prix du beurre est en baisse depuis plusieurs semaines. Pour l’économiste du Cniel, « on peut se demander si cet écart de compétitivité entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande pourra tenir. »
D’autant que la Chine, après avoir consommé une partie de ses stocks de lait en poudre, pourrait relancer la demande de poudre et donc de production de beurre.