“Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça?” », demande la victime qui a failli mourir brûlée vive

“Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça?” », demande la victime qui a failli mourir brûlée vive
“Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça?” », demande la victime qui a failli mourir brûlée vive

Vers 16h30, Guy Bonnebaigt prend la parole. L’huissier lui offre une chaise. L’homme, amputé d’une jambe en 1981, préfère rester debout « par respect ». Il tient le micro. Devant les juges et jurés de la cour d’assises des Landes, il raconte, ce mardi 1est Octobre, son voyage. Sa vie à Habas, jusqu’au 15 avril 2021 où il a failli être assassiné par sa compagne avec ses deux petits-enfants. Drogué, maison incendiée.

L’homme parle d’abord du décès de sa femme, la mère de ses enfants, en 2010. Puis de sa fille qui quitte la maison et de cette peur : « Je ne voulais pas rester seul. » Alors il se rend sur un site de rencontre. La seconde sera la bonne. Il reste neuf ans auprès de Marie- Lacazedieu.

« J’ai insisté pour qu’elle vienne vivre chez moi », avoue-t-il. Je me suis précipité, mais cela lui a évité de payer son loyer. » Très vite, l’accusé commence à l’isoler de ses amis et de sa famille, à lui reprocher la présence trop fréquente de ses enfants. « C’est la seule fois de ma vie où je les mets de côté. J’ai toujours été du côté de Marie-France. Je ne les ai donc pas vus pendant trois ans, même si j’ai gardé contact avec eux. Je les voyais parfois en secret. »

“Je suis un miracle”

Il y a eu des crises : « Elle était jalouse de tout ce que je faisais. » Après une énième dispute, il passe la nuit à réfléchir et décide de mettre fin à la relation. « Finalement, ça a recommencé, pendant six mois. » Sur cette question, Guy Bonnebaigt avoue : « Oui, je pense que j’étais sous son influence. J’ai fait tout ce qu’elle voulait. » Il prend même rendez-vous chez le notaire pour que ses enfants ne puissent pas la mettre dehors s’il lui arrivait malheur. «Je voulais faire cette démarche en son nom. Elle essayait de m’attaquer et j’essayais de la protéger. »

A la fin de son témoignage, il demande à poser une question à l’accusé. Si la loi ne le prévoit pas, le président de l’audience propose de servir d’intermédiaire. « J’aimerais qu’elle dise devant tout le monde ce que j’ai fait pour mériter ça ? » Il sort une photo. Il souhaite que Marie-France Lacazedieu la regarde.

Après avoir fait le tour de la pièce, l’huissier le présente à l’accusé. Elle regarde mais reste impassible. Bien loin des sanglots récurrents qu’elle avait depuis le début du procès. Aucune émotion. Sous ses yeux, la photo de la victime sur son lit d’hôpital, dans le coma. « Je vous l’assure, je n’ai jamais voulu mourir. Je suis fier de montrer cette photo, pour prouver que je suis vivant. » Vivant malgré l’ivresse des fumées, malgré l’incendie de la maison, malgré le coma artificiel, malgré les deux crises cardiaques qui ont suivi. “Je suis un miracle”, a-t-il finalement conclu.


Après une première journée de sanglots, l’accusé a fait preuve d’une extrême froideur.

Laurent Abadie

Avec elle dans la mort

Face à cet homme, le seul qu’elle dit « aimer », elle reste froide. “Dans un état végétatif, sans larme”, souligne un avocat. Sur le banc des parties civiles, la fille aînée de l’accusé, mère des petits-enfants victimes de la tentative d’assassinat, retient ses larmes et quitte la salle sous le poids de l’émotion.

Invitée à répondre à la question de Guy Bonnebaigt, la grand-mère de 63 ans certifie : « Je n’avais rien à lui reprocher. J’avais besoin de contrôle. Je l’ai tenu éloigné de tout le monde pour soulager la douleur que j’avais en moi. Je ne lui ai pas reproché. J’étais attaché à lui. »

Attaché à lui – ou besoin de tout contrôler ? – jusqu’à l’emmener avec elle dans la mort. Un peu plus tard, elle confirme : « J’avais tellement envie de mourir. Je voulais emmener Guy et les enfants avec moi. »

“Je pensais qu’ils étaient morts”

Premier à intervenir le 15 avril 2021 sur un incendie de maison à Habas, le chef des pompiers a témoigné ce mardi : « J’ai cassé la vitre avec une masse. En tâtonnant, je trouve les deux enfants dans le lit. Je pensais qu’ils étaient morts. Leurs visages étaient couverts de suie. Cinq minutes plus tard, ils seraient morts. »
Le directeur de l’enquête, Dominique Daroles, confirme : « Il est revenu au péril de sa vie. Le feu était si intense que les carreaux se sont détachés du sol. » Fort de trente-six ans de carrière, dont quinze dans l’unité de recherche, ce gendarme se souvient de la garde à vue de Marie-France Lacazedieu : « Avec elle, on n’est arrivé à rien. Pas du tout effondrée, elle était renfermée, froide, et a maintenu ce comportement pendant 48 heures. C’est rare. Elle était concentrée sur elle-même. Surtout les réponses que nous attendions d’elle. Je n’ai jamais eu un cas comme celui-ci. Je n’arrive toujours pas à expliquer le motif de cette tentative d’assassinat. »

 
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