humanitaire en Palestine, cet jurassien décrit l’horreur de

humanitaire en Palestine, cet jurassien décrit l’horreur de
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Publié le 29/04/2024 à 17h30Mis à jour 29/04/2024 à 18h25

Écrit par Antoine Comte

Créateur et directeur de l’ONG Super-novae, le Juranais Alexandre Chatillon a passé plusieurs semaines début mars dans la bande de , près de Rafah, où se sont rassemblés plus de 1,7 million de réfugiés palestiniens. Alors qu’il y retourne dans deux semaines, il raconte l’enfer vécu par la population et les difficultés rencontrées par les humanitaires face au blocus imposé par l’armée israélienne. Narratif.

Alexandre Chatillon est un habitué des missions humanitaires compliquées. Anciennement des Nations Unies, de l’OCDE et du ministère français des Affaires étrangères, le Jura de 40 ans a créé l’ONG Super-novae en 2021. Depuis trois ans, l’organisation est déjà intervenue en Tunisie, en Libye et au Yémen. Mais de son propre aveu, ce qui se passe actuellement dans la bande de Gaza, en Palestine, est «la situation la plus choquante que j’ai jamais vue.

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Alexandre Chatillon (au centre, portant des lunettes de soleil), dans les rues de Rafah. Le Juraais rentrera dans la bande de Gaza dans deux semaines.

© Alexandre Chatillon / DR

Le natif de Montaigu (Jura), près de Lons-le-Saunier, revient de l’enclave palestinienne où il a passé la première semaine de mars avec son organisation humanitaire. Plus précisément entre Rafah et Deir-el-Balah, où plus de 1,7 million de réfugiés palestiniens ont fui les bombes de l’armée israélienne qui, après l’attaque du sur ses terres le 7 octobre 2023, a lancé une lourde opération militaire.

Vous avez près de 2 millions de personnes, entassées sur une bande de terre qui ne fait pas plus de 7,5 km de long.2» explique Alexandre Chatillon, en escale à Tripoli (Libye) lorsque 3 Franche-Comté l’a contacté. “Ils vivent sous des tentes, dans un environnement indescriptible« . Pas d’eau, pas d’électricité, pas d’essence, pas de médicaments, très peu de nourriture et des conditions sanitaires déplorables. Chaque mot, chaque observation exprimée par Alexandre, pour décrire la vie quotidienne de centaines de milliers de civils gazaouis, rend bien compte de l’horreur qui se joue actuellement autour de Gaza.

Je n’ai pas été témoin de massacres, mais la mort est partout. Tout est mis en place froidement, cliniquement, par l’armée israélienne pour que la population palestinienne soit la plus vulnérable possible.

Alexandre Châtillon,

directeur de l’ONG Super-novae

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Les conditions de vie dans le camp de réfugiés sont déplorables. La nourriture manque et les quelques denrées disponibles sont trop chères. Ci-dessus, une distribution de nourriture, une scène très rare.

© Alexandre Chatillon / DR

Les droits humanitaires sont violés à longueur de journée“reprend, marqué, le Jura.”Les convois humanitaires sont bloqués par les Israéliens et les denrées alimentaires, qui arrivent au compte-gouttes, atteignent des prix incroyables. De plus, certains composants comme le métal ou le chlore, utiles pour purifier l’eau, sont interdits. De nombreuses bactéries se transmettent donc par l’eau et, à cela s’ajoute la promiscuité et le manque d’hygiène, les maladies font des ravages.« .

Mandatée par le ministère français des Affaires étrangères, l’ONG Super-novae cherche à améliorer le quotidien des jeunes Palestiniens, coincés dans ce conflit meurtrier. “Fondamentalement, nous cherchons à intégrer les jeunes par le travail» explique Alexandre Chatillon. “Mais là, tout est détruit. Nous avons dû changer notre approche. Nous avons donc décidé de financer directement une centaine de jeunes adolescents, choisis par des associations locales dans les zones les plus touchées.« .

Nous leur donnons l’équivalent de 250 euros par mois, pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. En contrepartie, ces jeunes adolescents doivent mettre en place des activités ludiques pour les enfants des camps, comme des jeux collectifs ou du coloriage. L’idée est d’essayer de les occuper, pour qu’ils ne pensent pas seulement à la guerre.

Alexandre Châtillon,

directeur de l’ONG Super-novae

>Enfants gazaouis, lors d'une activité organisée par l'ONG Super-novae. L’objectif : faire oublier, un instant, aux enfants leur quotidien difficile.
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Enfants gazaouis, lors d’une activité organisée par l’ONG Super-novae. L’objectif : faire oublier, un instant, aux enfants leur quotidien difficile.

© Alexandre Chatillon / DR

Pour assurer le bon déroulement de cette initiative, Super-novae dispose sur place d’une équipe de quatre personnes. Au total, une quarantaine d’ONG sont actives sur place. “Cela peut paraître beaucoup, mais ce n’est rien comparé aux besoins» témoigne Alexandre Chatillon. “Nous essayons de faire de notre mieux, mais c’est terrible de dire : nous nous sentons impuissants. Le blocus israélien fait tout pour nous empêcher de travailler« .

Le pessimisme du discours d’Alexandre Chatillon n’est pas exagéré. “Nous ne nous vantons pas” il assure. “C’est une réalité extrêmement difficile à vivre en tant qu’humanitaire. Alors imaginez la population. Je suis marqué à vie par ce que j’ai vu et vécu là-bas, alors que nous, membres des ONG, sommes installés dans une zone plus sécurisée.« .

>Dans la bande de Gaza, des tentes à perte de vue.
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Dans la bande de Gaza, des tentes à perte de vue.

© Alexandre Chatillon / DR

Lorsqu’on lui demande des précisions, le Juranais se souvient de scènes difficiles. “Ce qui séduit directement, c’est le bruit. Mais pas n’importe lequel : le bruit constant des drones survolant le ciel de Rafah” il a dit. “Et puis tous les jours, même la nuit, il y a des bombes. J’en ai vu passer au-dessus de ma tête. Ils ne ciblent pas le camp de réfugiés, mais des maisons dans la ville, dans lesquelles l’armée israélienne pense qu’il y a des membres du Hamas.« .

Il n’est pas rare de voir des mosquées ciblées, juste avant l’appel à la prière. J’ai vu certains bâtiments debout dans l’après-midi et qui le lendemain, lorsque je suis passé devant eux, étaient en ruines. Même dans mon lit, assez loin du conflit, je sentais constamment les murs et les portes vibrer à cause des bombardements.

Alexandre Châtillon,

directeur de l’ONG Super-novae

Il est déjà assez difficile de savoir que des gens meurent chaque jour chez eux.“reprend l’humanitarisme.”Les locaux refusent d’aller dans les camps, où la vie est plus dure, car ils sont attachés à leurs foyers. C’est terrible. Et le matin, on retrouve toujours la même scène : des enfants fouillant dans les décombres pour ramasser du bois pour le vendre dans les camps. Le sens de notre action est de pouvoir aider ces enfants, les sortir le plus possible de leur réalité.« .

>Des enfants de Gaza devant les décombres d’un bâtiment détruit.
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Des enfants de Gaza devant les décombres d’un bâtiment détruit.

© Alexandre Chatillon / DR

Pour ce faire, Alexandre Chatillon reviendra à Gaza dans deux semaines, avec un objectif : renforcer l’aide apportée. “Nous ajouterons deux personnes sur place” il dit. “Et nous négocions constamment pour augmenter notre budget, qui tourne autour du million. L’idée est de rester ici encore un an, donc nous avons besoin de plus d’argent« .

Ce qui m’a choqué, c’est aussi le silence lorsque le soir est arrivé. Nous avons un camp de deux millions de personnes, mais nous n’avons aucun bruit humain. C’est un silence de peur, de mort, comme quelqu’un, tapi dans un coin, qui ne ferait pas de bruit pour échapper à la violence.

Alexandre Châtillon,

directeur de l’ONG Super-novae

La volonté d’accroître les efforts humanitaires est claire. Mais le Juranais ne se fait pas d’illusion. “Nous travaillons pour que la situation n’empire pas” il soupire. “Mais je ne vois pas actuellement d’issue. D’un côté, nous avons le Hamas, que la population locale ne soutient pas, mais qui détient toujours des otages. Et de l’autre, l’armée israélienne, qui bafoue sans sourciller les droits humanitaires internationaux.« .

>Il y a beaucoup d'enfants dans les camps de réfugiés palestiniens. Une des missions de l'ONG Super-novae est de créer un réseau de jeunes capables de créer des activités pour les enfants.
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Il y a beaucoup d’enfants dans les camps de réfugiés palestiniens. Une des missions de l’ONG Super-novae est de créer un réseau de jeunes capables de créer des activités pour les enfants.

© Alexandre Chatillon / DR

Le seul espoir, connu de tous, serait un «« . Une douce illusion pour Alexandre Chatillon.Rien ne laisse croire que les combats vont cesser” Il regrette. Avant de poursuivre d’un air sérieux. “Cela doit cesser, car le nombre de morts, déjà horriblement élevé, va continuer à augmenter. Les bombardements, les maladies, le manque de médicaments… Le tableau est horrifiant. Pour plus de 1,7 million de personnes, la seule solution pour mettre fin au conflit est la mort« .

Pour rappel, depuis le 8 octobre 2023 et l’attaque du Hamas, le Bureau de coordination des affaires humanitaires estime le nombre de morts palestiniens à 33 634 personnes tuées, et le nombre de morts israéliens à plus de 1 459 personnes tuées.

 
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