Que sont les « Stolpersteine ​​», ces pavés de mémoire qui sillonnent les trottoirs bordelais ? – .

Que sont les « Stolpersteine ​​», ces pavés de mémoire qui sillonnent les trottoirs bordelais ? – .
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Depuis 2017, la municipalité de Bordeaux installe des pavés mémoire dans les rues, pour entretenir la mémoire des résistants et des déportés de la Seconde Guerre mondiale.

Le Figaro Bordeaux

Il y avait du monde rue des Augustins ce lundi après-midi. Quelques heures plus tard, la raison de leur présence va cependant devenir discrète. Au sol, devant le numéro 19, deux pavés recouverts d’inscriptions viennent d’être installés. Ils portent les noms d’un père et de sa fille, deux résistants girondins. Jean-Bernard Bonnafon a été abattu en 1942. Germaine Bonnafon a été emprisonnée en puis envoyée dans des camps de concentration. Ces pavés sont là pour rappeler que le 19 rue des Augustins était leur adresse, pour perpétuer le souvenir de leur combat contre l’occupation.

Les « Stolpersteine ​​», littéralement « pierres d’achoppement » en allemand, ont été créées par l’artiste berlinois Gunter Demnig. Il a commencé à les installer dans les espaces publics dans les années 1990. Une initiative marginale devenue populaire : aujourd’hui, près de 100 000 Stolpersteine ​​sont incrustés dans le sol des communes allemandes et européennes. Bordeaux, en 2017, a été la première grande ville française à s’engager dans ce projet à la mémoire des victimes et résistants juifs de la Seconde Guerre mondiale, en installant ces pavés en béton devant les maisons recouvertes d’une plaque de laiton portant les noms et histoires de vie des anciens occupants.

“Ces pavés rendent hommage aux victimes de la barbarie nazie devant leurs dernières maisons”explique Olivier Escots, adjoint au maire chargé de la lutte contre toutes les discriminations, rappelant que Jean-Bernard et Germaine Bonnafon font partie de « ceux qui se sont levés lorsque notre pays était plongé dans les ténèbres »créer « les conditions pour que l’espoir soit toujours présent ». Ancien militaire de la Marine nationale pendant la Première Guerre mondiale, Jean-Bernard Bonnafon exploitait une imprimerie clandestine dans l’arrière de son magasin. Arrêté le 25 août 1942, il est fusillé moins d’un mois plus tard au camp de Souge, en périphérie de Bordeaux.

Au 60 rue de la Rousselle, deux pavés portent les noms de Nadia et Aaron Cyrulnik, les parents du médecin et écrivain Boris Cyrulnik, déporté à et assassiné.
Jean Cittone / Le Figaro

Un survivant des camps de la mort

Avant son arrestation, Jean-Bernard a réussi à convaincre sa fille de fuir à Paris. Engagée avec son père depuis 1940 et membre du réseau du député communiste Charles Tillon, Germaine Bonnafon continue d’œuvrer pour la Résistance à Paris, avant d’être elle aussi arrêtée en avril 1943. Elle traverse ensuite six prisons françaises et deux camps de concentration. , à Ravensbrück, en Allemagne, puis à Zwodau-Falkenau, dans l’actuelle Tchéquie, explique l’anthropologue Carole Lemée, spécialiste de la Shoah en Gironde.

« C’est la toute première fois que la ville de Bordeaux honore des résistants locaux », se réjouit le chercheur lors de la pose de ces deux nouveaux pavés de mémoire, les précédents destinataires de ces hommages étant tous étrangers ou apatrides. Survivante des camps de la mort et revenue en Gironde après la fin de la guerre, Germaine Bonnafon a consacré une grande partie du reste de sa vie au devoir de mémoire, notamment au sein de la fédération nationale des déportés et internés résistants. et les patriotes. Elle est décédée le 5 décembre 2016 à Pessac (Gironde), à ​​l’âge de 94 ans.

Les pavés de mémoire dédiés à Jean-Bernard et Germaine Bonnafon sont les 20e et 21e à installer à Bordeaux. Un voyage de mémoire commence à se dessiner sur les trottoirs du Port de la Lune. Sur la place des Droits de l’Homme, trois pavés portent depuis 2017 les noms des résistants autrichiens Alfred Loner, Alfred G. Ochshorn et Fritz Weiss, détenus au Fort du Hâ et déportés de Bordeaux en 1943. Au 199 rue Achard, un Stolperstein paie hommage au docteur Sabatino Schinazi, surnommé “le médecin des pauvres”, déporté à Auschwitz puis à Dachau où il meurt. 5 rue Louis Mie, deux pavés rendent hommage à Berthe et André Murrate, arrêtés lors de la dernière rafle ayant eu lieu à Bordeaux, le 10 janvier 1944.

Les 21 pavés de mémoire installés à Bordeaux sont des hommages discrets aux nombreuses victimes de la Seconde Guerre mondiale.
Jean Cittone / Le Figaro
 
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