Kris Kristofferson, une certaine idée de l’Amérique

Kris Kristofferson, une certaine idée de l’Amérique
Kris Kristofferson, une certaine idée de l’Amérique

Que la disparition de Kris Kristofferson dissipe un malentendu tenace sur la scène country américaine. Non, elle n’est pas seulement une bande de trumpistes et elle n’a jamais été unilatéralement réactionnaire. Kris Kristofferson, Texan à la tête dure, est mort à l’âge de 89 ans » samedi paisiblement à la maison » selon sa famille, en était la meilleure preuve.

Tom Morello, le guitariste du groupe Rage Against The Machine, l’a rappelé, sur ses réseaux sociaux, en ressuscitant opportunément quelques propos cinglants de l’acteur et chanteur : « J’étais au Nicaragua avec les sandinistes. J’ai défendu Leonard Peltier (activiste amérindien incarcéré à tort depuis 1977), Mumia Abu-Jamal, les United Farm Wokers. Je suis radical depuis longtemps. C’est dommage. J’aurais été plus commercialisable si j’avais été un redneck de droite. Mais j’y suis allé pour dire la vérité telle que je l’ai vue « . On pourrait ajouter son combat contre l’apartheid ou pour la libération du peuple palestinien, parmi tant d’autres combats acharnés.

Pilote d’hélicoptère, pour un temps seulement

Né à Brownsville au Texas en 1936 dans une famille d’émigrés suédois, Kris Kristofferson était une star au pays des contrastes. Une idole de cette scène country qui n’a cessé de bousculer le pays où se trouvent les racines musicales du country.

Le jeune Kris a passé son enfance ballotté de ville en ville au gré des missions de son père, officier de l’armée de l’air. La famille s’installe finalement en Californie où le jeune homme, boxeur à ses heures perdues, poursuit des études littéraires et commence à publier quelques textes.

Poussé par sa famille à s’engager dans l’armée, il devient à son tour pilote d’hélicoptère, pour un temps seulement. Nommé professeur d’anglais à l’école militaire de West-Point, il quitte tout pour partir à Nashville et entamer une carrière de musicien. Plutôt « auteur-compositeur », un mot qui n’a pas vraiment d’équivalent dans notre pays.

Il envoya quelques modèles à June Carter, l’épouse de Johnny Cash et dernière descendante d’une illustre lignée de musiciens, qui les présenta immédiatement à son mari. Parmi ses premières chansons, « Me and Bobby McGee », un classique repris à plusieurs reprises et immortalisé par Janis Joplin – sa petite amie de l’époque – dans son album posthume, Pearl.

Des studios de musique aux studios de cinéma

Très vite, l’apprenti chanteur enregistre un premier album aux allures de chef d’œuvre, sobrement intitulé Kristoffersonpuis un deuxième tout aussi réussi, Le diable à la langue d’argent et moi où il rassemble quelques titres déjà joués par d’autres bouches et qui ont contribué à asseoir sa réputation : “Help Me Make It Through the Night”, “Sunday Morning Coming Down”, “For the Good Times”, “Loving Her Was Easier ( que tout ce que je ferai un jour).

Mais le beau visage est courtisé par une nouvelle génération de cinéastes, et c’est comme acteur qu’il marque les années 1970. Il a commencé par Le dernier film de Denis Hopper en 1971 et fait irruption à l’écran en 1973 dans Pat Garret et Billy The Kid de Sam Peckinpah aux côtés de Bob Dylan qui a créé la célèbre bande originale.

Avec le même réalisateur, il joue dans Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia en 1974 puis, la même année, se fait remarquer en Alice n’est plus ici par Martin Scorcese. En 1976, ce fut la consécration avec Une étoile est née de Frank Pierson remake du film de 1937, un film musical et un grand succès populaire dans lequel il partage la vedette avec Barbra Streisand. Puis Michael Cimono l’invite en 1980 à jouer dans son chef-d’œuvre incompris, La porte du paradisaux côtés de la jeune Isabelle Huppert, Christopher Walken, Jeff Bridges et John Hurt.

Figure de l’Outlaw Country

Ce n’est pas une insulte au talent de Kristofferson que de constater une carrière d’enregistrement irrégulière. Parmi les albums marquants, notons ceux qu’il a réalisés avec sa femme, l’actrice Rita Coolidge et surtout son retour triomphal avec son alter ego Willie Nelson, Johnny Cash et Waylon Jennings, star des Highwaymen, supergroupe country hors-la-loi”, cette scène qui a politisé et a actualisé ce genre musical fondamental à la fin des années 1960, et dont Kristofferson était devenu l’une des figures majeures.

Il est un vétéran de cette scène, ne reculant jamais devant les coups de gueule ni les coups de main (on pense à Sinead O’Connor qu’il serre dans ses bras après avoir été huée pour avoir dénoncé la pédophilie dans l’Église), qu’il marquera les décennies suivantes, tout en poursuivant des escapades plus anecdotiques au cinéma. Sans jamais se départir de sa franchise et de ses engagements qui l’ont suivi jusqu’à sa mort.

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