Beaucoup pensent que l’Afrique et l’Europe doivent créer un récit commun autour de la migration, sur un pied d’égalité, au lieu de se tourner vers une histoire de création de murs, de mesures de dissuasion et de refoulements. . En effet, pour les responsables du Projet OPPORTUNITIES, ce n’est qu’en travaillant ensemble, avec la contribution de tous, ONG et universités, que nous pourrons relever tous les défis, produire un discours commun entre le Nord et le Sud ; donner une voix aux migrants et aux candidats à la migration ; encourager le dialogue. Ils ont réalisé une série d’activités pendant une semaine dans trois régions du Sénégal (Saint-Louis, Louga et Dakar) avec le soutien du Laboratoire d’études et de recherches sur le genre, l’environnement, les religions et les migrations (GERM) de l’Université Gaston Berger. (UGB) de Saint-Louis.
Lors d’une conférence de presse hier, lundi 30 septembre 2024, Michel Debruyne, Coordinateur du Projet OPPORTUNITIES, Bruxelles et Aly Tandian, Directrice du GERM-Université Gaston Berger de Saint-Louis, ont présenté les résultats de leurs travaux de recherche. « Nos recherches ont montré deux choses importantes. Nous avons besoin des bons mots et des bons discours ; nous devons entendre la voix de chacun et avoir un dialogue honnête », a déclaré Michel Debruyne, coordonnateur du projet OPPORTUNITÉS.
Le contact avec des jeunes sénégalais leur a permis de vraiment comprendre ce qui se passe dans la tête de ces jeunes qui veulent partir en Europe. « Nous avons discuté avec ces jeunes qui faisaient des dessins et le mot silence était omniprésent dans tous ces dessins. Et le point commun de notre dialogue avec tous ces jeunes d’Afrique et d’Europe, c’est le droit à la mobilité »il a ajouté.
Aujourd’hui, le constat est que la migration est au cœur des préoccupations futures de ces jeunes. « Concernant les motivations et les aspirations, nous avons pu comprendre que nos jeunes s’intéressent profondément à ces questions de migration car c’est un thème qui est abordé dans leurs familles mais aussi à travers les réseaux sociaux »a expliqué Aly Tandian, directeur du GERM/UGB.
Les migrations internationales étaient considérées, dans le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement mondial, comme un facteur essentiel du développement humain. Les opinions publiques et les gouvernements ont souvent du mal à accepter certaines réalités, comme l’objectif du vivre ensemble dans un monde cosmopolite, la nécessité de revisiter la citoyenneté ou encore l’influence des États d’origine dans la gestion des migrations. Face à cette situation, les politiques migratoires sont souvent en décalage avec la réalité des flux. C’est autour de ces paradoxes que s’opèrent les migrations, dans leur diversité et leur complexité.
Le Sénégal n’échappe pas à ces paradoxes car il fait face à de nombreux défis liés à la migration. « Un défi se pose chaque jour sur les côtes sénégalaises : les jeunes partent et beaucoup périssent. Le Sénégal doit formuler sa propre réponse. Sa propre réponse ne peut venir que si nous engageons un dialogue ensemble.
Rappelons que le consortium OPPORTUNITIES regroupe huit partenaires européens d’Autriche, de Belgique, de France, d’Allemagne, d’Italie, des Pays-Bas, du Portugal et de Roumanie, ainsi que trois partenaires africains du Ghana, du Sénégal et de la Mauritanie. L’objectif principal de cette collaboration interdisciplinaire est d’initier des changements d’attitudes et de perspectives sur les discours dominants sur la migration dans la sphère publique européenne, entre autres.
YVES TENDENG
