le pari du champ qui produit des céréales et de l’énergie

De loin, on croirait la structure d’un vaste entrepôt en construction. Des piliers et une toiture qui attendent encore la pose des façades. En s’approchant, on se rend compte que nous sommes bel et bien dans une culture agricole. Au Verdonnet, au nord de Montbard (Côte-d’Or), trois hectares de blé en herbe poussent sous des panneaux solaires hauts de cinq mètres.

Il s’agit de la troisième installation de ce type en et de la première en Côte-d’Or. Ce concept est celui de la société TSE basée dans les Alpes-Maritimes. « Contrairement aux panneaux solaires qui sont installés dans les friches et les terres non cultivables, nous proposons la possibilité aux agriculteurs de les placer en hauteur et de continuer à exploiter les sols en contrebas. Ici nous avons des écarts de 27 mètres entre chaque pilier, ce qui permet le passage sans problème des tracteurs et des moissonneuses-batteuses. explique Mickaël Carlot, directeur de TSE.

Les panneaux solaires sont orientés comme les lattes de volet © Radio-France
Olivier Estran

Gagner autant d’argent avec la production d’électricité qu’avec les céréales

« Le coût de cette réalisation s’élève à un million d’euros par hectare » souligne Christophe Richardot, le directeur général de l’Alliance BFC (union de 3 coopératives dont Dijon Céréales). Ici cette « canopée solaire » s’étend sur trois hectares et le projet est parfaitement maîtrisé « Nous sommes totalement concernés par le changement climatique, et il est possible que Dijon Céréales, qui réalise actuellement 250 à 300 millions d’euros de chiffre d’affaires avec les cultures, fasse la même chose avec l’énergie dans les dix prochaines années. Nous pourrions étendre ce dispositif à une centaine d’exploitations en Côte-d’Or, sur une superficie moyenne de 15 hectares.

Mickaël Carlot, directeur France de TSE © Radio-France
Olivier Estran

Un « auvent » qui protège les cultures

Alliance BFC rembourse son investissement en revendant l’électricité produite aux fournisseurs d’énergie. « Nous avons ici de quoi alimenter 1 500 logements, chauffage compris » assure Mickaël Carlot. Quant aux agriculteurs qui mettent à disposition leur parcelle, ils ont deux avantages : ils reçoivent un loyer de près de 2 000 euros par hectare, et leurs cultures sont protégées par les panneaux. « Nous testons ce système avec une plantation de blé » explique Adrien Cortot, 25 ans, l’un des quatre agriculteurs qui cultivent cette parcelle. « Nous constatons que nos jeunes pousses se portent bien, et mieux que celles de la parcelle témoin qui se trouve en extérieur à côté. Deux explications à cela : comme le blé se trouve parfois à l’ombre, il recherche la lumière et pousse plus vite. De plus, il fait 1 à 2°C de plus au sol, sous les panneaux qui agissent comme des feuillages. Le toit solaire permet même de protéger les céréales de la grêle, promet la société TSE.

Adrien Cortot, l’un des 4 agriculteurs de la SCEA des Tours, au Verdonnet © Radio-France
Olivier Estran

« Nous avons commencé un essai. L’année prochaine, nous testerons une autre culture en dessous, mais nous souhaitons déjà étendre ce système de canopée solaire sur 10 à 15 hectares. » prédit Adrien Cortot.

Les cultures sont protégées par des panneaux solaires
Les cultures sont protégées par des panneaux solaires © Radio-France
Olivier Estran

Allons-nous voir des panneaux solaires partout ?

« On imagine qu’on aura rapidement d’autres candidats parmi les adhérents de Dijon Céréales » assure Christophe Richardot, « Mais rassurons-nous, on ne verra pas ce système dans tous les domaines. Nous prévoyons que cela ne concernera que 1% des surfaces agricoles de Côte-d’Or.»

Au Verdonnet, commune de 60 habitants, l’installation en plein champ n’a rencontré aucune opposition. « Si jamais un agriculteur change d’avis, notre structure peut être complètement démantelée » souligne Mickaël Carlot « Les blocs qui servent à fixer les piliers sont simplement posés au sol. Il n’y a pas de fondations concrètes.

Dijon Céréales imagine mal qu’un jour les producteurs fassent marche arrière : « Avec le système de location et de protection des cultures, nous leur garantissons visibilité et sécurité sur plusieurs années » promet Christophe Richardot.

Les installations sont imposantes, mais totalement démontables, promet l'installateur de TSE
Les installations sont imposantes, mais totalement démontables, promet l’installateur de TSE © Radio-France
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