L’Europe est confrontée à une situation énergétique complexe, marquée par une hausse significative des prix du gaz, reflet des conséquences imprévues de sa politique à l’égard de la Russie.
Selon les données de la bourse ICE de Londres et les calculs de l’agence TASS, le prix du gaz en Europe a augmenté de 21 % sur les neuf premiers mois de 2024, pour atteindre environ 444 dollars les 1 000 m3.
Cette évolution des prix a tracé une trajectoire sinueuse depuis fin 2023. Partant d’environ 367 dollars les 1 000 m3 le 29 décembre 2023, les contrats à terme sur le gaz ont atteint 444 dollars le 30 septembre 2024.
Cette hausse s’inscrit dans un contexte de fluctuations mensuelles marquées, avec des baisses notables en début d’année suivies d’une remontée progressive à partir de mars.
L’analyse de ces variations révèle une dynamique complexe. Après une baisse notable en janvier et février 2024, respectivement à 337 dollars (-53% sur un an) et 288 dollars (-51%), les prix ont recommencé à remonter.
En mars, le prix s’est stabilisé à 302 $ (-38 %), suivi d’une augmentation constante jusqu’en août, où il a atteint 437 $ (+10 %). Septembre a marqué une légère baisse à 416 $ (-0,3 %), tout en restant nettement au-dessus des niveaux du début de l’année.
Cette tendance à la hausse peut s’expliquer par une confluence de facteurs. Des conditions météorologiques inhabituellement chaudes tout au long de l’année ont joué un rôle en modifiant les modes de consommation.
La réorientation des livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Asie a également contribué aux tensions sur le marché européen. Les perturbations des chaînes d’approvisionnement, notamment en Norvège et aux États-Unis, ont encore accru la pression.
Le contexte géopolitique reste un facteur déterminant. Les tensions au Moyen-Orient ont accru l’incertitude sur les marchés mondiaux de l’énergie. Plus crucial encore pour l’Europe, l’incertitude qui plane sur la prolongation de l’accord de transit du gaz russe via l’Ukraine, qui expire fin 2024, soulève des questions sur la sécurité d’approvisionnement à moyen terme.
Cette situation sur les prix du gaz met en évidence la complexité des relations énergétiques entre l’Europe et la Russie. Les politiques européennes visant à réduire la dépendance à l’égard du gaz russe, motivées par des considérations géopolitiques, se heurtent à la réalité d’un marché énergétique mondialisé et interdépendant.
La hausse des prix du gaz peut être interprétée comme un “contrecoup”illustrant les enjeux de la transition énergétique européenne dans un contexte de tensions internationales.
L’Europe se retrouve ainsi confrontée à un dilemme : maintenir sa ligne politique à l’égard de la Russie tout en gérant les conséquences économiques pour ses consommateurs et son industrie. Cette situation met en évidence l’importance d’une stratégie énergétique équilibrée, capable de concilier les impératifs de sécurité, de durabilité et d’accessibilité économique.
