- Auteur, Frank Gardner
- Rôle, Correspondant de sécurité de la BBC
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29 septembre 2024
L’assassinat par Israël de Hassan Nasrallah, le chef historique du Hezbollah, constitue une escalade majeure dans la guerre qui l’oppose au groupe militant libanais.
Cela a potentiellement rapproché la région d’un conflit beaucoup plus vaste et encore plus dommageable, impliquant à la fois l’Iran et les États-Unis.
Alors que va-t-il se passer ensuite ?
Beaucoup dépend de trois questions fondamentales.
Que fera le Hezbollah ?
Le Hezbollah subit coup sur coup.
Sa structure de commandement a été décapitée et plus d’une douzaine de dirigeants ont été assassinés. Ses communications ont été sabotées par les détonations choquantes de ses téléavertisseurs et de ses talkies-walkies, et nombre de ses armes ont été détruites par des frappes aériennes.
Mohammed Al-Basha, un analyste de la sécurité au Moyen-Orient basé aux États-Unis, déclare : « La perte de Hassan Nasrallah aura des conséquences importantes, car elle pourrait déstabiliser le groupe et modifier ses stratégies politiques et militaires à court terme. »
Mais tout espoir que cette organisation farouchement anti-israélienne abandonnera soudainement et cherchera à établir la paix aux conditions d’Israël est probablement vain.
Le Hezbollah a déjà promis de poursuivre le combat. Elle compte encore des milliers de combattants, dont beaucoup ont récemment combattu en Syrie, et réclament vengeance.
Elle dispose toujours d’un vaste arsenal de missiles, dont beaucoup sont des armes à longue portée et à guidage de précision, capables d’atteindre Tel-Aviv et d’autres villes. Il y aura des pressions dans ses rangs pour les utiliser rapidement, avant qu’ils ne soient détruits à leur tour.
Mais s’ils le font, lors d’une attaque massive qui submerge les défenses aériennes d’Israël et tue des civils, la réponse d’Israël sera probablement dévastatrice, faisant des ravages sur les infrastructures libanaises et s’étendant même jusqu’à l’Iran.
Que fera l’Iran ?
Cet assassinat constitue autant un coup dur pour l’Iran que pour le Hezbollah. L’Iran a déjà annoncé cinq jours de deuil.
Il a également pris des précautions d’urgence en cachant son chef, l’ayatollah Ali Khamanei, au cas où lui aussi serait assassiné.
L’Iran n’a pas encore réagi à l’assassinat humiliant en juillet du leader politique du Hamas Ismail Haniyeh dans une maison d’hôtes à Téhéran. Ce qui vient de se produire encouragera les partisans de la ligne dure du régime à envisager une forme de réponse.
L’Iran dispose d’une galaxie de milices alliées lourdement armées à travers le Moyen-Orient, ce qu’on appelle « l’axe de la résistance ».
Outre le Hezbollah, il compte les Houthis au Yémen et de nombreux groupes en Syrie et en Irak. L’Iran pourrait bien demander à ces groupes d’intensifier leurs attaques contre Israël et les bases américaines dans la région.
Mais quelle que soit la réponse choisie par l’Iran, elle sera probablement calibrée de manière à ne pas déclencher une guerre qu’il ne peut espérer gagner.
Que fera Israël ?
Si quelqu’un avait des doutes avant cet assassinat, il n’en a plus aucun maintenant.
Israël n’a clairement pas l’intention d’interrompre sa campagne militaire pour respecter le cessez-le-feu de 21 jours proposé par 12 pays, dont son plus proche allié, les États-Unis.
L’armée israélienne estime que le Hezbollah est désormais sur la sellette et souhaite donc poursuivre son offensive jusqu’à ce que la menace de ces missiles soit écartée.
À moins d’une capitulation du Hezbollah – ce qui est peu probable – il est difficile de voir comment Israël peut atteindre son objectif de guerre, à savoir éliminer la menace d’attaques du Hezbollah, sans déployer des troupes sur le terrain.
C’est précisément dans ce but que les Forces de défense israéliennes ont diffusé des images de leur entraînement d’infanterie près de la frontière.
Mais le Hezbollah a également passé les 18 dernières années, depuis la fin de la dernière guerre, à s’entraîner pour la suivante. Dans son dernier discours public avant sa mort, Nasrallah a déclaré à ses partisans qu’une incursion israélienne dans le sud du Liban serait, selon ses termes, « une occasion historique ».
Pour Tsahal, il serait relativement facile d’entrer au Liban. Mais en sortir – comme à Gaza – pourrait prendre des mois.