« il n’imaginait pas une seconde qu’il pouvait le tuer »

« il n’imaginait pas une seconde qu’il pouvait le tuer »
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Après avoir entendu un expert balistique, cette affaire assez insolite, qui concerne notamment le meurtre d’un homme, a finalement pu être plaidée, non pas devant une cour d’assises, mais devant la cour correctionnelle. Les faits ont été qualifiés de « meurtre provoqué », ils se seraient déroulés de la manière suivante :

Le 29 juillet dernier, Loïc (pseudonyme) et son père se sont rendus chez sa sœur après avoir reçu un SMS de celle-ci leur demandant de venir la chercher, certainement suite à une énième dispute avec son compagnon, Anthony Boursier, 33 ans. Si le couple semble serein à l’arrivée de la belle-famille, une dispute éclate entre Anthony et son beau-père au sujet des prises de risques automobile du premier en présence de ses enfants. Anthony attrape une bouteille vide, la soulève et fait semblant de pouvoir l’écraser sur la tête de l’homme. Loïc prend alors un verre de bière qu’il brise sur le visage de son beau-frère. Après ce premier épisode, tout le monde rentre chez soi, mais Anthony, défiguré et très en colère, veut se battre. Accompagné de deux complices, il se rend chez Loïc où des menaces sont proférées et des pierres sont lancées en direction des caravanes installées dans le jardin. Le père de Loïc se réfugie à l’intérieur et dit à son fils d’apporter le fusil à plomb, que ce dernier charge d’une seule balle. L’altercation continue entre Loïc et Anthony, Loïc finit par utiliser son arme, le tir a été fatal à Anthony. La balle a traversé la cavité orbitaire gauche, une partie molle du visage, et a touché un organe vital, le cerveau.

L’expert en balistique a indiqué que l’arme utilisée ne pouvait pas percer les os et que la mort était due au fait que la balle n’avait pas été arrêtée par une partie solide du crâne. Or, sur la carabine à plomb, on peut lire qu’il ne s’agit pas d’un jouet et que l’objet peut provoquer des blessures, voire la mort. L’expertise a également révélé qu’il était pratiquement impossible de viser précisément avec cette arme.

“J’ai pris le fusil pour me défendre”

Loïc a expliqué à la barre : «nous jetions des pierres sur mon père et l’une d’elles a heurté une fenêtre. J’ai pris le fusil pour me défendre, j’ai mis un plomb pour tirer une fois en l’air, pour leur faire peur. Quand je suis revenu dans le groupe, Anthony était face à moi, il se dirigeait vers moi pendant que je reculais. Lorsqu’il a levé le bras pour me frapper, j’ai tiré. Je portais le fusil à la hanche, je ne visais pas. Quand il est tombé, j’ai cru qu’il avait perdu connaissance à cause du choc, je ne pensais pas l’avoir frappé.» Dans la version racontée par Loïc, Anthony tenait une clé de vélo à la main.

Selon les deux autres prévenus qui se trouvaient avec Anthony sur les lieux de l’altercation, Loïc tenait l’arme sur son épaule et non sur sa hanche. Cette déclaration diffère de la première qui a été déposée auprès de la police. “J’ai été incompris”, a justifié l’un des deux prévenus.

Le procureur du roi s’est exprimé devant les parties civiles, à leur demande. Elle soutient la thèse de la légitime défense. “La question est de savoir si Anthony portait réellement cette clé lorsqu’il faisait du vélo. Il ne craint pas le fusil, il reste devant Loïc, lui dit « vas-y, tire ». La maison est isolée, il n’y avait aucun moyen d’appeler à l’aide. Si Loïc part, il laisse ses parents à la merci du groupe. La police a déjà été contactée mais n’est pas arrivée. Loïc n’a aucun moyen de fuir. L’usage des fusils à plomb est-il proportionné à la menace ? Le potentiel mortel de cette arme n’est lié qu’à la partie qu’elle touche», estime le procureur. Néanmoins, le magistrat, malgré l’acquittement du meurtre provoqué, requiert un an de prison contre Loïc pour le coup de vitre au visage et le port d’arme illégale retrouvé à son domicile.

Quant aux deux hommes venus accompagner Anthony dans son expédition punitive, le procureur requiert 18 mois de prison pour chacun d’eux. L’un tenait une batte de baseball et aurait proféré des menaces, l’autre aurait jeté des pierres en direction du père et des caravanes, ce que les deux prévenus nient catégoriquement. Leurs avocats ont plaidé pour l’acquittement, affirmant qu’ils ne souhaitaient pas une altercation, mais une discussion.

Conscient du risque mortel ?

Les parties civiles constituées de la famille du défunt se sont indignées de la mise en examen du représentant du ministère public. “Si l’affaire n’est pas plaidée devant une juridiction pénale, c’est uniquement parce qu’elle était surchargée.», ont répété les avocats les uns après les autres. Pour eux, diriger le canon de l’arme vers le visage confirme l’intention d’homicide. “Il prend le risque d’atteindre un organe vitalils insistent. Monsieur utilise le fusil pour tuer les nuisibles, il sait que cela provoque des petits trous et que cela peut provoquer la mort.»

L’avocat de Loïc plaide évidemment la légitime défense : «quand Anthony est arrivé, il a directement tenté de frapper Loïc. Nous ne sommes pas très loin d’une attaque sérieuse. Le fusil à plomb est sorti devant un homme également armé. Mon client avait-il l’intention de le tuer ? Dans le cours normal des événements, une carabine à plomb peut-elle causer la mort ? Loïc n’imaginait pas une seconde qu’il pouvait tuer Anthony.« L’acquittement pur et simple de ces accusations est demandé.

Contrairement aux deux autres prévenus, Loïc n’est pas connu de la justice et n’a aucune antécédent à son dossier. Pour les deux autres chefs d’accusation auxquels il doit répondre, son avocat demande une mesure préférentielle, le sursis à peine.

Le président du tribunal rendra son jugement le 23 mai.

 
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