Âge, coupe de cheveux… Pourquoi Donald Trump et Joe Biden s’insultent-ils autant ? – Édition du soir Ouest-France – .

Âge, coupe de cheveux… Pourquoi Donald Trump et Joe Biden s’insultent-ils autant ? – Édition du soir Ouest-France – .
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Propos recueillis par Arnaud LE GALL.

La campagne présidentielle bat son plein aux Etats-Unis, dans un contexte délétère. Aux affaires juridiques de Donald Trump s’ajoute l’attitude des candidats, qui n’hésitent pas à user de sales tours. Décryptage de cette communication débridée avec deux expertes de la politique américaine, Nicole Bacharan et Marie-Christine Bonzom.

Donald Trump et Joe Biden, les deux adversaires de la campagne présidentielle américaine, échangent des plaisanteries à distance depuis des mois. Une nouvelle étape dans cette escalade des invectives a été franchie ces dernières semaines. Les deux adversaires semblent n’avoir aucune limite.

Le premier se moque constamment de l’âge du second, qui n’a que quatre ans de plus. Ce dernier a également cédé aux attaques ad hominem, n’hésitant pas à s’en prendre au physique du Républicain. Dernière sortie du président américain, lors d’un discours de campagne, ce mercredi 24 avril 2024 : il s’en est pris à la couleur des cheveux du magnat de l’immobilier, qui serait une conséquence selon lui des remèdes hasardeux qu’il a mis en avant pendant la crise du Covid : « Il a suggéré de s’injecter de l’eau de Javel dans les veines. Il a fait une connerie, tout est parti dans ses cheveux ! »

Quelques jours plus tôt, Donald Trump serait allé encore plus loin lors d’un dîner d’investisseurs, suggérant que Joe Biden avait déféqué sur le Bureau résolule bureau présidentiel. “Je ne l’utiliserai peut-être pas la prochaine fois.” Il a été souillé. Et je veux dire, littéralement »aurait déclaré l’ancien président, dont les propos ont été relayés par le New York Times.

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Mais pourquoi un tel ton entre les deux hommes ? Stratégie ou vraie haine ? L’édition du soir a demandé les analyses de deux experts de la politique américaine.Marie-Christine Bonzom est politologue et journaliste, spécialisée dans les Etats-Unis. Elle a été basée à Washington pendant près de trente ans et a couvert sept élections présidentielles américaines. Elle est l’une des rares analystes à avoir prédit la victoire de Trump en 2016. Nicole Bacharan est historienne et politologue, spécialisée dans la politique et la société américaines ainsi que dans les relations transatlantiques. Chercheuse et conférencière, elle est l’auteur de nombreux essais sur l’Amérique et la politique internationale.

Pourquoi Trump et Biden adoptent-ils ce ton ultra-agressif ? Que cherchent-ils ?

Marie-Christine Bonzom : Dans cette campagne, Biden et Trump sont des candidats extrêmement impopulaires. La grande majorité des Américains ne veulent ni l’un ni l’autre. De plus, leurs partis sont également impopulaires. La campagne dépendra donc de celui qui effraie le plus les électeurs. Depuis les années 1980, les partis démocrates et républicains ont verrouillé le système politique et électoral et les Américains en ont longtemps eu assez, mais aujourd’hui plus que jamais. Ces partis en sont donc réduits à exacerber le débat, à faire du vote un référendum contre l’autre candidat. Cela ne peut que conduire à une escalade du discours. Ce qui se passe actuellement est l’exacerbation de toutes les tendances de la politique américaine que nous observons depuis des décennies. Les candidats sont d’autant plus faibles qu’ils sont contestés au sein même de leurs propres camps. Biden, c’est avec la guerre Israël/Hamas qui divise les modérés et les électeurs de gauche, juifs et arabo-musulmans. De l’autre côté, il y a aussi des fractures, entre les modérés et la frange plus trumpiste que Trump. Nous l’avons vu avec l’aide à l’Ukraine.

Nicole Bacharan : Il y a eu des périodes plus civilisées, mais les invectives et la brutalité ne sont pas nouvelles. A la fin du XVIIIe sièclee siècle ou même pendant la guerre du Vietnam, elle fut aussi très violente. Ce qui est unique, c’est le caractère de Trump, ce leader populiste d’extrême droite, qui le place en dehors du cadre démocratique habituel. Ce qui est également nouveau, c’est que Biden est véritablement entré dans la campagne, depuis le discours sur l’état de l’Union en mars. Avant, il faisait des discours plus doux. Là, il s’engagea dans une campagne plus personnelle et plus agressive. La liberté et la démocratie, comme seuls arguments, il l’a déjà fait en 2020. Cela ne suffit plus. Pour lui, il s’agit de démolir Trump. Des gens comme Obama ont tiré la sonnette d’alarme sur la nécessité d’une campagne beaucoup plus énergique. Il a donc changé de style. Trump reste seul. C’est lui qui a donné ce ton.

Donald Trump a toujours été adepte des invectives. (Photo : Sam Wolfe/Reuters)

Jusqu’où peuvent-ils aller ?

Marie-Christine Bonzom : On verra sans doute le ton monter et le niveau descendre un peu plus dans le caniveau. Ce n’est que le début. Elle va vite s’intensifier car les Américains votent de plus en plus tôt, à partir du 4 septembre. Cela durera tant que ce système ne sera pas ouvert et que le débat ne laissera pas de place à d’autres candidats. Cette année, il y en a d’autres, même si les médias américains en parlent peu, sauf pour les dénigrer. Robert Kennedy Jr est toujours à 16% dans un récent sondage. Sa candidature illustre le mécontentement des électeurs. Ils ne veulent plus voter pour le moindre mal, ils veulent plus de choix. Ils ne comprennent pas pourquoi Trump et Biden ont été choisis, dans un pays de plus de 330 millions d’habitants.

Nicole Bacharan : Lorsque vous êtes dans ce mode campagne, vous ne pouvez pas vous arrêter. L’idée est d’attirer l’attention des gens, car la plupart d’entre eux ne suivent pas la campagne de près. Ils ne voulaient déjà pas de ces deux vieux messieurs ! Trump et Biden chercheront à faire la différence, sachant que l’élection sera serrée et qu’elle dépendra des derniers électeurs indécis.

Joe Biden se montre plus incisif envers son adversaire depuis mars. (Photo : Jim Watson / AFP)

Y a-t-il malgré tout un véritable débat politique derrière les insultes ?

Marie-Christine Bonzom : Les Américains ont déjà des opinions profondément ancrées sur Biden et Trump. Ils les connaissent bien, les choses sont très polarisées. Mais les candidats parlent encore du fond, sur les questions qui sont les principales préoccupations des électeurs comme l’économie, la crise migratoire, la démocratie… Il y a aussi les sujets dits culturels qui mobilisent surtout la base de Biden et Trump. : avortement, droits LGBT+… Mais comme d’habitude, ce sont les électeurs indépendants qui feront la différence. Ce sont des électeurs fluctuants, mais plutôt informés, qui jugeront aussi les programmes des candidats.

Nicole Bacharan : Il existe encore deux programmes. Déjà, Biden présente ses résultats, notamment économiques et sociaux, qui sont plutôt bons. 15 millions d’emplois ont été créés pendant son mandat. Il a également présenté un programme d’investissement dans les secteurs d’avenir. Il prévoit également des hausses d’impôts pour les plus riches et pour les entreprises. Du côté de Trump, c’est une baisse massive d’impôts, une déréglementation, la fin des normes environnementales, l’autorisation de forer partout et une purge de ce qu’il appelle l’État profond, au ministère de la Justice et au FBI notamment. Il faut cependant admettre que ceux qui ne suivent pas trop la campagne retiennent surtout les petites phrases et la partie que l’on peut qualifier de « comique ». On ne peut pas dire que le niveau soit très élevé.

 
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