[Football] Raphaël Varane prend sa retraite

La retraite à 31 ans des footballeurs internationaux épuisés, c’est le projet de Raphaël Varane, le champion du monde 2018 qui raccroche les crampons au moment même où les joueurs dénoncent un emploi du temps trop chargé.

Le football « au plus haut niveau (…) met à l’épreuve tous les niveaux du corps et de l’esprit », a écrit le joueur aux 93 sélections en équipe de France (5 buts) en annonçant sa « retraite de ce sport que nous aimons tous ».

Le défenseur central n’a disputé qu’un début de match avec le club italien de Côme, qu’il a rejoint cet été, avant de repartir sur blessure. Il préfère rappeler qu’il part comme un prince, sur un “dernier match où j’ai remporté un trophée à Wembley”, la prestigieuse “Cup”, le plus vieux tournoi de football du monde dans le temple londonien, avec Manchester United.

Pour arrêter en pleine gloire, « il faut une bonne dose de courage pour écouter son cœur et son instinct », ajoute Varane. Mais il faut aussi une bonne dose de fatigue. Le 20 fois capitaine des Bleus avait déjà pris une retraite internationale anticipée après la finale de la Coupe du monde perdue contre l’Argentine (3-3, 4 tab à 2) en 2022.

“Le haut niveau, c’est comme une machine à laver, on joue tout le temps et on ne s’arrête jamais”, expliquait-il en rangeant le maillot au coq, à seulement 29 ans.

“Le footballeur avale l’homme”

« Nous avons des horaires chargés et nous jouons non-stop. En ce moment, j’ai l’impression d’étouffer et que le footballeur avale l’homme”, a-t-il soupiré.

Le médecin de la Fifpro, le syndicat des joueurs, Vincent Gouttebarge, comprend le choix de Varane, érodé « notamment sur le plan émotionnel, mental et cognitif » par « une carrière commencée à 14 ans dans un centre de formation » à Lens, « jusqu’à 31 ans en élite ». clubs de football (Real Madrid, Man Utd) et en équipe nationale. Inévitablement, cela vous épuise. Physiquement, vos articulations ne s’améliorent pas lors d’une carrière dans le sport de haut niveau.

Son annonce surprise vient comme un nuage supplémentaire sur un ciel déjà lourd suite aux blessures de longue durée de joueurs majeurs comme Rodri et Ter Stegen et à la possibilité d’une grève des joueurs, évoquée par Jules Koundé.

Star de l’Espagne et de Manchester City, Rodri s’est gravement blessé au genou – son club l’a confirmé mercredi – quelques jours après avoir tonné contre le calendrier en conférence de presse.

“Nous devons prendre soin de nous, nous sommes les personnages principaux de ce sport, ou de cette entreprise, peu importe comment vous l’appelez”, a fulminé Rodri.

Selon une étude menée par la Fifpro sur la saison 2023-2024, 30 % des joueurs ont manqué au moins six matches d’affilée en raison de blessures.

« Nombre croissant de matches »

Elle cite aussi comme excessifs les 162 978 km parcourus en 12 mois par Cristian Romero, les 75 matches d’un autre international argentin Julian Alvarez ou encore le fait que Takumi Minamino ait dû jouer avec Monaco 24 heures après l’élimination du Japon de la Coupe d’Asie en février.

Il y a « un nombre croissant de compétitions et de matchs par compétition », constate le Dr Gouttebarge. “Notre avis est le même que celui des joueurs qui se sont exprimés récemment : ça commence à être beaucoup.”

“Il faudra trouver une solution avant que cela ne devienne encore plus catastrophique”, ajoute le médecin, mais il n’est “pas trop naïf” face au poids de “l’économie”.

Varane, qui continuera à travailler à Côme dans un rôle non précisé, pourra peut-être peser sur les débats du calendrier.

Le Real Madrid, avec qui il a remporté quatre Ligues des Champions, lui souhaite « bonne chance dans cette nouvelle étape », tout comme United, qui souligne « son humilité, son leadership et son engagement. Que ces qualités vous soient utiles dans votre prochaine entreprise ».

Son entraîneur Didier Deschamps “sait que cette décision, toujours difficile à prendre, est le fruit d’une mûre réflexion” et gardera “l’image d’un joueur tourné vers les autres, le collectif”. Désormais « il pourra aussi se consacrer à sa famille ».

“Je n’ai aucun regret, je ne changerais rien, j’ai gagné plus que je n’avais jamais rêvé”, conclut Varane.