La chirurgie Tommy John plus populaire que jamais 50 ans plus tard

La chirurgie Tommy John plus populaire que jamais 50 ans plus tard
La chirurgie Tommy John plus populaire que jamais 50 ans plus tard

Il y a cinquante ans, le 25 septembre 1974, le Dr Frank Jobe a réparé avec succès le coude du lanceur Tommy John, Les Dodgers de Los Angeles, grâce à une opération qui allait transformer le baseball.

Lors d’un match contre les Expos, le lanceur étoile a ressenti une douleur intense après un lancer. Incapable de bouger son bras gauche, il a consulté le médecin de l’équipe, le Dr Jobe.

La procédure habituelle aurait consisté à reconstruire le ligament interne du coude, Source du problème, mais il ne restait presque plus rien à réparer. Le médecin a donc remplacé le ligament du coude gauche de John en utilisant un tendon de son poignet droit.

L’opération a été un succès retentissant – Tommy John a joué 14 saisons supplémentaires après un an de rééducation – et elle porte désormais le nom de l’homme dont elle a sauvé la carrière.

Cinquante ans plus tard, l’opération est devenue monnaie courante chez les lanceurs professionnels, et même chez les jeunes qui aspirent à intégrer les ligues majeures. Plus de 2 200 athlètes — des lanceurs en majorité — ont subi l’opération, selon les données compilées par le chercheur Jon Roegele.

Justin Verlander a remporté le prix Cy Young à l’âge de 39 ans, de retour après une opération de Tommy John.

Photo : USA Today Sports via Reuters contre / Troy Taormina

Le sujet passionne Marc-Antoine Bérubé, directeur principal à l’Académie canadienne de baseball, mais aussi thérapeute du sport.

Cette opération est une opération majeure dans l’histoire du baseball. Elle a permis de prolonger de nombreuses carrières. Elle a un taux de réussite élevé. Elle a donné une seconde chance à des athlètes qui auraient tout abandonné.explique l’ancien lanceur, qui a joué trois ans dans l’organisation de Comme d’Oakland.

C’est devenu extrêmement courant pour nous.confirme l’analyste de RDS Marc Griffin, un ancien joueur qui a lui-même été traité par le Dr Jobe au cours de sa carrière. Presque chaque jour, on apprend qu’un nouveau joueur va se faire opérer.

Certains joueurs de position subissent également l’opération, comme ce fut le cas du Québécois Édouard Julien en 2019. Dans le cas de Griffin, qui était voltigeur pour les Les Dodgers et les Expos, le Dr Frank Jobe lui a d’abord prescrit un Tommy John. Les médecins ont finalement opté pour un opération demi-Tommy Johnil explique.

Les trois quarts de mon ligament étaient encore en bon état. Plutôt que de procéder à une greffe complète, ils ont plutôt percé un trou dans l’os et étiré le ligament, puis l’ont rattaché.

Marc Griffin a ensuite subi le même long processus de rééducation qui attend les athlètes qui subissent cette procédure.

Après, on a l’impression qu’on ne pourra plus jamais lancer de balle de sa vie. C’est incroyable de voir des gars revenir et lancer à 150 km/h. Je pensais que c’était fini pour moi, que je ne pourrais plus jamais lancer. Et me voilà, des décennies plus tard, toujours capable de lancer, je n’ai aucune séquelle de quoi que ce soit. Et la médecine a fait beaucoup de chemin depuis. C’est une opération avec un très bon taux de réussite.

Une citation de Marc Griffin, ancien joueur de baseball

Non seulement la science s’est améliorée, mais l’accompagnement apporté par les organismes suite à l’opération s’est également amélioré, rappelle Marc-Antoine Bérubé.

Bref, la technique Jobe n’a plus à faire ses preuves. À tel point que, pour le lanceur moyen, une opération du coude est désormais presque aussi courante que l’ablation des amygdales. La tendance est clairement à la hausse depuis 10 ans, tant chez les professionnels que chez les espoirs.

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« Beaucoup de joueurs sont repêchés aujourd’hui avec un historique de Tommy John, car ça n’inquiète plus les recruteurs, dit Marc-Antoine Bérubé. Ils savent qu’avec une bonne réadaptation, quelqu’un qui lançait à 95 milles à l’heure avant l’opération lancera aussi à 95 milles à l’heure après. »

Et s’il y a plus d’opérations, c’est aussi parce qu’il y a plus de diagnostics, nuance l’ancien lanceur. Et ça, au fond, c’est une bonne chose.

Plus vite, plus haut, plus jeune…

Il y a cependant une ombre au tableau.

Le Centre Hospitalier Universitaire Se précipiter L’hôpital universitaire de Chicago a révélé cette année que la tranche d’âge ayant le plus souvent recours à cette chirurgie était celle des 15-19 ans. Une étude publiée dans la revue scientifique Arthroscopie, médecine du sport et rééducationPubliée en 2020, une étude a examiné les cas de 3 133 Américains passés sous le bistouri pour cette opération entre 2003 et 2014. Elle a conclu que les jeunes de 15 à 19 ans étaient de loin les plus représentés.

Des données que Tommy John lui-même déplore. Cela soulève des questions sur la manière dont nous élevons nos enfants. L’industrie lucrative du sport pour les jeunes pousse les enfants à décider très tôt du sport qu’ils veulent pratiquer, au détriment des autres. Et c’est le corps des jeunes qui en paie le prix.il l’a écrit dans une lettre ouverte en 2018. Si un enfant consacre plus de huit mois par an à un sport, il a trois fois plus de risques de souffrir d’une blessure due à une utilisation excessive de la hanche ou du genou.

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L’Académie de baseball du Canada ne compile pas de données sur le nombre de ses membres qui ont subi une opération de type Tommy John. Néanmoins, Marc-Antoine Bérubé est bien conscient que cette réalité touche aussi les jeunes athlètes canadiens. Durant leurs années à l’Académie, on n’en voit pas vraiment. Mais on sait que certains joueurs qui passent par nous auront ensuite un Tommy John.

La raison pour laquelle l’opération est désormais courante chez les adolescents est la nature même de ce sport, explique-t-il. Les jeunes veulent lancer de plus en plus fort et le plus vite possible. La vitesse de la balle a une influence positive sur les résultats, c’est pourquoi les jeunes s’y fient rapidement, ce qui peut entraîner un certain risque de blessure. Mais comme les risques sont atténués, les jeunes se font opérer avec la quasi-certitude d’être rétablis dans les six ou huit mois.

Marc Griffin croit même que la chirurgie de Tommy John pourrait être à l’origine du baseball d’aujourd’hui, où tout est basé sur la puissance.

La moindre chose que tu lances à une telle vitesse à 10-12 ans, on te prend en charge, on te dit : « Il faut que tu deviennes lanceur et que tu lances le plus fort possible », et puis advienne que pourra. Regarde, tu vas te faire opérer, puis tu reviendras encore plus fort. On est un peu victimes de ça, pris dans un cycle de puissance. Ça a généré le sport qu’on voit aujourd’hui. Oui, les gars lancent fort, c’est spectaculaire, mais est-ce au détriment de la santé ?

Diverses données scientifiques évaluent les chances de succès de l’opération Tommy John à 80 à 85 %, un chiffre qui a été perfectionné depuis l’intervention initiale du Dr Jobe, conçue à l’origine pour traiter les personnes atteintes de polio.

Et malgré les prévisions positives, Marc-Antoine Bérubé insiste sur un point : une opération n’est jamais une bonne chose. Ce n’est jamais un avantage. Cela vous éloigne du terrain pendant six mois. Pendant ce temps, quelqu’un d’autre est là pour lancer le ballon, améliorant ainsi sa prise de décision.

« Dommages collatéraux » de la performance sportive

Les voies les plus populaires vers le baseball professionnel sont restreintes, et il y a un risque de perdre sa place, d’où la tendance observée chez les plus jeunes, croit Marc-Antoine Bérubé.

Les possibilités de progression s’ouvrent de plus en plus tôt. Oui, c’est un sport qui se développe tardivement, oui, certains y arriveront par la petite porte. Mais de manière générale, c’est dans la tranche d’âge de 15 à 19 ans que les jeunes joueurs repoussent leurs limites. Le baseball devient très vite compétitif.

Maintenant, la tendance est vraiment la suivante : si vous avez un petit problème, il vaut mieux faire l’opération tout de suite et passer à autre chose, plutôt que de laisser traîner cinq ou six mois.

Une citation de Marc-Antoine Bérubé, directeur général de l’Académie de Baseball Canada

Il s’agit d’un dommage collatéral de la performance sportive. Cela ne veut pas dire que l’aspect blessure ne doit pas être négligé. Mais les blessures font partie du sport.il se souvient.

L’opération de Tommy John deviendra-t-elle une formalité à accepter, une étape du cursus pour la plupart des lanceurs ? Une sorte de passage obligé ? Il y a encore des précautions à prendre pour protéger les bras des lanceurs… mais il n’existe pas de remède miracle.

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Le releveur Jonny Venters a subi une opération de Tommy John à trois reprises.

Photo : USA Today Sports / Gregory Fisher

Une blessure est toujours multifactorielle, insiste le diplômé en thérapie du sport de l’Université Concordia. La variabilité est fortement encouragée lors des entraînements. On entend beaucoup de conseils de ne pas lancer toute l’année, de prendre des pauses, mais encore une fois, cela dépend de certaines personnes. À un certain niveau, il peut être plus compliqué pour un lanceur de revenir en action après un arrêt complet pendant plusieurs semaines. Il vaut mieux varier l’intensité dans plusieurs cas.

La récupération est également un facteur clé. Pour moi, le meilleur conseil est d’espacer le temps entre les sorties. Cela évite aux lanceurs de se surcharger de travail. Cela offre du temps pour travailler la technique, pour mieux répartir le stress sur le corps, et pour s’entraîner, pour mieux absorber ce stress.

Lancer fort fait partie de la performance, et se dépasser comporte des risques. Je ne dirais jamais à quelqu’un de ne pas lancer trop fort, mais je lui dirais de le faire avec la préparation et la récupération appropriées pour y parvenir.

Nous sommes dans un monde, à la veille du 50e anniversaire de l’opération, où nous avons nos deux lanceurs dans le MLB qui se lance à 105 miles par heure. C’est fou. Où va-t-il s’arrêter ? Marc Griffin, qui aimerait que la Ligue majeure de baseball examine la question plus sérieusement, soulève la question.

Marc-Antoine Bérubé regrette également un manque de documentation scientifique sur les lancers. On ne sait pas encore exactement ce qui provoque les déchirures ligamentaires. Cela dépend trop de l’anatomie, de la physionomie de chaque personne.

L’Académie canadienne de baseball travaille actuellement avec l’Université du Québec à Trois-Rivières pour clarifier certaines zones grises.

Il y a des lanceurs comme Pedro Martinez, avec qui j’ai travaillé chez les Expos et qui a connu une belle carrière sans avoir recours à cette opération, souligne Marc Griffin. Peut-on explorer quelque chose dans sa technique, sa mécanique, pour savoir pourquoi il n’a pas eu recours à la chirurgie du coude?

Cela fait 50 ans que la première opération de Tommy John a eu lieu, a-t-il poursuivi. Il n’y a toujours pas de consensus clair sur les causes de la blessure. Le style de lancer ? Le volume de lancer ? La méthode d’entraînement ? Il est temps que la ligue examine cela de plus près. Cela profiterait à tout le monde.

 
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