pourtant, les Bruxellois sont toujours à l’étroit dans les parcs (infographie)

pourtant, les Bruxellois sont toujours à l’étroit dans les parcs (infographie)
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Depuis 1981, Bruxelles a gagné 400 hectares d’espaces verts accessibles au public. C’est la leçon d’une étude d’Anne Franklin, collaboratrice scientifique à l’IBSA (Institut bruxellois de statistique et d’analyse) spécialisée dans les questions environnementales. Selon qui ce gain apparent doit être relativisé : si on le rapporte au nombre d’habitants, les m2 de pelouse stagnent. «C’est frappant», commente le scientifique. « Malgré tous les efforts, la demande est devenue beaucoup plus importante. » Résultat : 25m2 de verdure par habitant en 1981, 24m2 en 2023. «Il y a eu beaucoup d’efforts depuis la création de la Région bruxelloise et la gestion des espaces verts par Bruxelles Environnement», observe Anne Franklin. « Mais l’offre reste limitée. Certains espaces sont même surpeuplés.

Certains espaces verts que l’IBSA définit comme « résidentiels » ou « de quartier » sont surpeuplés. Le parc Marconi, dans la haute forêt, est un exemple de ce type d’installation. ©EDA

Les principaux gains de verdure sont réalisés par l’ouverture au public d’espaces auparavant fermés. C’est le cas des Jardins du Fleuriste, du Parc de la Reine Verte ou de l’Hippodrome de Boitsfort ou d’espaces semi-naturels, de friches ou de terrains semi-agricoles comme le Kauwberg, le Zavelenberg ou certains tronçons de la Promenade verte. Certaines zones industrielles sont devenues plus vertes (parc de la Ligne 28), d’autres ont été déminéralisées (Porte de Ninove, Place Marie Janson, parc de la Senne, Tour&Taxis). Dernières contributions, plus limitées : la végétalisation des espaces publics. “Il y a une création d’espaces verts, mais c’est marginal par rapport aux zones rendues accessibles comme le Cauwberg”, commente l’expert. « Certaines œuvres déconcrètes sont spectaculaires : Porte de Ninove ou Tour&Taxis, ça change un quartier, ça l’ouvre, on y pique-nique, on y organise des événements. A ce titre, la place Marie Janson, dans un quartier très dense de Saint-Gilles, en est un bon exemple. Entre 1981 et 2023, très peu de bâtiments ont été démolis pour céder à la chlorophylle. « Mais des opérations à l’intérieur de l’îlot ont été réalisées : le Parc de la Senne (couloir vert entre les quartiers de l’Héliport et la place Masui, NDLR) ou encore le Parc de la Sennette dans le quartier Heyvaert. Ce sont des parcs linéaires qui coûtent beaucoup de temps et d’argent.

Le Covid a exacerbé la demande des Bruxellois en espaces verts. Mais les plus grands d’entre eux, comme le parc Bempt, ne se situent que dans le 2ème anneau. ©EDA

Deuxième enseignement du comptage IBSA : des inégalités persistantes (voir cartes ci-dessus). En 1983, le Pentagone et la 1ère couronne disposaient respectivement de 5 et 3m2 d’espace vert par habitant pour 5 et 4m2 en 2023. La deuxième couronne reste quant à elle stable à 41m2 par habitant. « Le sud-est et le nord-est sont bien approvisionnés, le nord-ouest également en Neerpede », convient Anne Franklin. “Mais par rapport aux zones périphériques, le centre souffre beaucoup : il est dense et on continue de se densifier.” Déjà évoqués, les parcs de la Ligne 28, de Tour&Taxis, de la Senne ou, plus anciens, de la Porte de Hal, sont quelques îlots plus vastes entre les minuscules parcs de poche et les zones de swing. “Nous attendons aussi l’allée Kaai, qui n’est pas incluse dans mon décompte”. Le problème est que si les attentes globales (promenades, mises au vert, pique-niques et apéritifs, sport, repos, jeux, etc.) des Bruxellois restent les mêmes depuis 40 ans, « la crise du covid a exacerbé l’envie d’aller au parc ». ».

La promenade verte, qui a ajouté des espaces verts à Bruxelles, relie les quartiers du deuxième ring. Mais la chercheuse Anne Franklin de l’IBSA voit aussi des gens être « abandonnés » dans la verdure bruxelloise, constatant des accès difficiles : « et tout le monde n’a pas de vélo ». ©EDA

Le chercheur de l’IBSA pointe également du doigt les espaces verts « oubliés ». « Nous réaménageons davantage de terrains de jeux qu’auparavant et les personnes âgées trouvent davantage d’endroits pour s’asseoir au vert, non loin de chez elles. En revanche, l’accès des PMR reste clairement à améliorer ». D’autres négligés ? « Bruxelles sans voiture. Soit la moitié des ménages. Pour eux, les grands parcs de la petite couronne ne sont pas facilement accessibles en transports en commun.» Soit La Cambre, soit Soignes, via les portes d’entrée de l’hippodrome ou de Rouge-Cloître. « C’est trop loin et prend beaucoup de temps si on habite au centre ou dans le vieux Molenbeek. Et tout le monde n’est pas cycliste.

mouette

Les espaces verts négligés ? Des Bruxellois sans voiture. Soit la moitié des ménages. Pour eux, les grands parcs de petite couronne ne sont pas facilement accessibles en transports en commun.

Dans une dernière section, Anne Franklin additionne enfin les m2 de parcs prévus dans les PAD, ces fameux Schémas Directeurs d’Aménagement qui doivent réaménager plusieurs quartiers dès cette année 2024 et les suivantes. Au total, les PAD devraient mettre à disposition quelque 57,6 hectares de verdure. Soit 46,2 de plus qu’en 2023. Étonnamment, certains de ces PAD réduiront la surface verte par habitant dans certains quartiers. C’est le cas porte de Ninove, Josaphat ou Herrmann-Debroux. “L’intention est toujours de créer beaucoup d’espaces verts, mais aussi d’ajouter beaucoup de logements”, contraste le statisticien. « Ainsi, à Gare de l’Ouest, on passe de 0 à 3 hectares accessibles avec l’arrivée du parc de loisirs, mais au détriment de la biodiversité. A la Porte de Ninove ou dans le Midi, la construction de logements se traduira par une exploitation nulle en m2/habitant. Je constate encore une évolution avec les PAD plus récents, comme Défense à Evere, où une vraie réflexion a conduit à l’ajout de 15 hectares et à une connexion avec la verdure flamande. Nous assistons toujours à un double discours : plus de logements, c’est bien, mais aussi avec plus de pression sur les espaces verts existants ou créés ». On relit dans cette analyse les tensions entre PS et Ecolo concernant la friche Josaphat, évidemment, et qui risquent de se répéter ailleurs si les partenaires partent ensemble après le 9 juin.

mouette

Nous assistons toujours à un double discours : plus de logements, c’est bien, mais aussi avec plus de pression sur les espaces verts existants ou créés.

De nouveaux espaces verts, comme cette micro-forêt du quartier Forest National, sont récemment apparus à Bruxelles. ©EDA

Bruxelles au milieu de la table

En plus le dossier emblématique du domaine royal de Laekenexiste-t-il d’autres espaces verts qui pourraient augmenter la surface disponible à Bruxelles ?

Les deux qui font débat sont Laeken et Val Duchesse. Ce sont les exemples majeurs de parcs fermés au public qui pourraient ouvrir. Mais il existe d’autres parcs et zones privés encore fermés. Ainsi que des espaces naturels ou des friches soit jugés trop dangereux, soit protégés, et où la promenade est interdite. Outre la Friche Josaphat et la Formation de Schaerbeek, destinées à être construites, je pense également au parc des Walckiers à Schaerbeek et à une partie du Moeraske à Evere.

Où se situe Bruxelles parmi les villes européennes en fonction de ses m2 de verdure disponibles par habitant ?

Je n’aime pas trop ces comparaisons car les méthodes de calcul diffèrent. Mais je dirais que Bruxelles se situe à peu près au milieu du panier. Dans l’ensemble, les villes du Nord offrent davantage d’espaces verts ouverts au public. Clairement. On peut citer Oslo, Copenhague, Stockholm et Vienne. La Méditerranée, en revanche, est moins généreuse. Pensons à Rome, Lisbonne, Nicosie…

Il suffit parfois d’un équipement de poche pour satisfaire plusieurs demandes des Bruxellois : jeux, pique-niques, balades avec Médor… ©EDA

Peut-on dire que la Forêt de Soignes biaise quelque peu les calculs ?

Si nous le supprimions, les résultats seraient très différents. Mais c’est là et les gens en profitent. Nous venons même de loin. Les enquêtes d’opinion le montrent. Nous avons de la chance de l’avoir.

5m2 par habitant au Pentagone, 4m2 dans la 1ère Couronne, 41 dans la 2ème, 26 en moyenne sur tout Bruxelles : est-ce suffisant ?

Il n’existe pas de recommandation européenne, même si depuis les années 1970, la norme de 9 à 10 m2 d’espace public vert par habitant a souvent été avancée. Il faudrait plutôt atteindre 50m2/habitant.

Les grands parcs ne suffisent pas à placer Bruxelles parmi les leaders européens des villes les plus vertes. Notre capitale ne compte « que » 26m2 de verdure accessible par habitant. Et Soignes entre dans ce calcul. ©EDA
 
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