une fureur soudaine et inexpliquée, le silence de l’accusé

une fureur soudaine et inexpliquée, le silence de l’accusé
une fureur soudaine et inexpliquée, le silence de l’accusé

C’était au lendemain du crime pour lequel Thomas Rodriguez, 24 ans, est jugé devant la cour d’assises de Pau : le meurtre brutal d’une habitante de son village, Buziet, commis le 16 juillet 2021 sur un chemin herbeux. Violemment frappée au visage, Rebecca, 51 ans, que « tout le monde appelait affectueusement Cacahuète », est décédée quelques jours plus tard à l’hôpital.

« Quand il s’engage sur ce chemin, il sait qu’il va attaquer quelqu’un. C’est lui qui le dit. Un quart d’heure avant, il est au travail. Un quart d’heure après, il est avec ses proches et amis, sans rien montrer » assure le policier.

Décrit comme « gentil », « serviable »

Une fureur qui contraste avec la personnalité de celui que tout le monde décrit comme « gentil », « serviable ». Rugbyman « depuis l’âge de 5 ans », passionné de pêche, de chasse et de montagne, Thomas « ne se reconnaît pas » dans cet « acharnement ».

Il est environ 17h30, le 16 juillet, lorsqu’il rencontre pour la première fois Rebecca, qu’il connaît. Elle vit avec ses parents, installés dans le village depuis trente ans. « Sympa », « un peu naïve », elle est connue pour réclamer des cigarettes.

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Thomas lui propose un « Stuyvesant » et continue sur son VTT. Mais il se retourne. « Il pose son vélo. Elle lui tourne le dos. Il est à 50 cm d’elle. Il attrape une pierre et la lui lance à la tête », raconte le major.

« Comme dans un ballon »

Rebecca est tombée à terre et, chaussé de ses chaussures de sécurité, l’accusé l’a frappée à plusieurs reprises sur la tête, « avec la pointe du pied comme en boule ». « Des coups très violents » de l’aveu même de Thomas qui ont laissé une trace de la semelle sur son visage ensanglanté.

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« S’il s’arrête, c’est qu’il se rend compte qu’il la tue, assure le policier. Il la laisse par terre, elle saigne, elle gémit. » Le téléphone de Rebecca se met à sonner. Thomas le jette, la privant de tout recours.

« À aucun moment il ne revient en arrière », note l’enquêteur, pour qui le meurtre ne fait aucun doute. Mais après deux ans d’enquête et le premier jour du procès, le mobile reste « un mystère ».

« Tu dois parler »

Et ce n’est pas Thomas Rodriguez qui illumine le tribunal. La tête posée sur ses mains jointes, il observe en silence les débats. « Que pouvez-vous nous dire des faits ? », demande le président Gilles Neyrand. Silence. Il insiste.

« Êtes-vous à l’origine des violences et de la mort de la victime ? », acquiesce Thomas. Et c’est d’un hochement de tête qu’il nie avoir voulu la tuer.

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« Il faut parler », insiste le magistrat. Mais les silences de l’accusé s’éternisent. « C’est compliqué ? », lui demande le président. Thomas hoche à nouveau la tête.

« Seul un fou pourrait faire ça. »

« Compliqué » comme la relation avec ses parents (lire par ailleurs). « Compliqué » comme sa scolarité dans une classe de Segpa suivie de deux CAP non terminés. « L’école, ce n’est pas pour moi » soupire celui qui travaillait dans les espaces verts au moment des faits.

« Compliqué » comme sa consommation d’alcool. « J’ai beaucoup bu jusqu’à me faire mal », confie-t-il. Des excès qu’il a combinés avec la consommation de drogues : cannabis, ecstasy, cocaïne. « J’ai beaucoup fumé de 15 à 18 ans », avoue-t-il, « 10 à 12 joints par jour ».

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« Je ne sais pas s’il éprouve des remords. Mais, pour moi, seul un fou pourrait faire ça », avait confié sa petite amie de l’époque. Celle que Thomas avait appelée quelques minutes après les faits pour aller dîner et jouer au bowling à Pau. Comme tout le monde, elle n’avait rien décelé. Mais « avec le recul », elle se souvient qu’il « était comme une pile » et « très excité ».

Un ami « défiguré »

Cette violence soudaine n’est pas une première pour Thomas. Neuf mois plus tôt, il avait déjà agressé une amie. C’est même cette dernière qu’il avait apparemment en tête lorsqu’il a frappé Rebecca.

Cet ami, qui n’a pas porté plainte, n’a jamais su pourquoi. Les deux hommes avaient « descendu une bouteille de Ricard ». « Je me suis réveillé dans mon lit, la tête fendue. J’étais défiguré » témoigne le jeune homme. « Je n’ai jamais vu Thomas violent » assure-t-il cependant, lui aussi.

L’expert psychologue parle de « traits psychopathiques » où « l’autre est réduit à l’état d’objet ». Une « capacité majeure de violence » renforcée par un troisième acte en prison où il a « tabassé » un détenu.

Il parle de son « incapacité à contenir l’impulsion ». « Il se décharge. Il laisse sortir sa colère », ajoute-t-il, reprenant l’expression de l’accusé. De son crime, Thomas lui confie : « J’ai pété les plombs. J’ai continué encore et encore. »

Des parents « dépassés par tout cela »

Ce mercredi, on a beaucoup parlé de la relation difficile entre l’accusé et ses parents, qu’il refuse de rencontrer au parloir. Des parents qu’il « fuyait » selon l’expert psychologue, évoquant des carences « familiales » et « affectives » qu’une enquête menée en 2011 par l’ASE (les services de protection de l’enfance) a confirmées. Envoyé en pension en 6e, il aurait « gardé rancune » à sa mère. Mais de cela non plus, Thomas n’a pas pu parler. Profondément affectés, ses parents n’ont guère été plus bavards. Comme avec lui, le président a tenté de leur soutirer quelques mots. « Je pense que j’étais un bon père. J’avais l’impression de faire du mieux que je pouvais », a témoigné l’un d’eux, « pas assez présent », a-t-il dit. « Son parcours scolaire était compliqué. J’ai dû aller voir les assistantes sociales pour trouver une solution », explique la mère dans un souffle, évoquant « un gentil garçon », « un peu hyperactif ». « Quand j’étais petite, j’étais assez proche de lui. “Plus il grandit, moins il l’est”, confie la femme qui “pense lui avoir donné de l’amour”. “Je suis bouleversée par tout ça”, ajoute-t-elle en sanglotant. “Je l’aime !”, lance-t-elle à son fils avant de quitter précipitamment la pièce.

 
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