” J’aurais préféré une fin plus rapide mais j’ai choisi, notamment par militantisme, de mourir en France, dans le lieu qui m’est le plus cher, l’île de Ré. J’espère qu’un jour, les condamnés à mort français pourront choisir quand, comment et où mourir… C’est avec ces mots, dans un ultime message, que Loïc Résibois a dit au revoir aux milliers de personnes qui le suivent sur Instagram.
Cet ancien policier d’Amiens souffrait de la maladie incurable de Charcot, qui paralysait progressivement tous ses muscles. En France, en l’absence de suicide assisté, il a pu bénéficier sédation profonde et continue. En quoi consiste ce protocole ? Et en quoi diffère-t-il du suicide assisté ?
La sédation profonde et continue est possible en France depuis loi du 2 février 2016 créant de nouveaux droits pour les personnes malades et en fin de vie. Son but est de soulager la personne malade. qui présente une situation de souffrance (avec ou sans traitement) vécu comme insupportable lorsque la mort est imminente et inévitable “, comme le précise une note du ministère de la Santé.
À la demande du patient ou du médecin
Le patient peut lui-même la demander. La loi stipule qu’il doit être atteint d’une maladie grave et incurable, avec un pronostic vital engagé à court terme. C’était le cas de Loïc Résibois, dont l’état s’était gravement dégradé au cours des derniers mois de sa vie. Dans le cas où la personne ne peut exprimer elle-même sa volonté, le médecin peut la demander et arrêter les traitements de maintien en vie afin d’appliquer une sédation profonde, en guise de refus d’obstination déraisonnable (ce que l’on appelle plus communément l’obstination thérapeutique). Cette notion est définie dans le même texte de loi.
Lorsqu’il est pratiqué, la sédation profonde est associée à une analgésie (suppression de la douleur) afin de soulager le patient. Et c’est là la grande différence avec le suicide assisté ou l’euthanasie : Lors d’une sédation profonde et continue, le patient ne meurt pas de la sédation, mais de l’évolution naturelle de sa maladie, de malnutrition et de déshydratation.Ce processus peut prendre un temps relativement long (ou être perçu comme long par l’entourage du patient), ce qui n’est pas le cas du suicide assisté et de l’euthanasie, dont l’effet est immédiat après l’administration d’une substance mortelle.
C’est sur ces deux notions qu’Emmanuel Macron voudrait légiférer avant la fin de son mandat. Mais le projet de loi sur la fin de vie a vu son avenir s’assombrir après la dissolution de l’Assemblée nationale et la formation d’un gouvernement marqué par la droite.
Quant à Loïc Résibois, il a exprimé dans son dernier message son souhait de voir son compte Instagram « survivre “, sous la direction de sa fille et de sa sœur. Ce n’est que lorsque la loi sera promulguée qu’elle pourra être fermée.” Avec le sens du devoir accompli. »