« Benyamin Netanyahou a pris le temps en otage »

« Benyamin Netanyahou a pris le temps en otage »
« Benyamin Netanyahou a pris le temps en otage »

LLes États-Unis ont soutenu pendant un an l’insupportable : la destruction méthodique de Gaza, vie après vie, maison après maison, comme une réponse logique à la folie sanglante du 7 octobre 2023. Tout a été détruit : écoles, hôpitaux, camps de réfugiés, mosquées, églises, sites archéologiques, cimetières. Et pendant que des dizaines de milliers d’enfants étaient amputés, orphelins, réduits en poussière, pendant que les otages israéliens croupissaient sous les bombes, on nous demandait de comprendre que ce n’était pas fini, dans la mesure où le Hamas existe toujours.

Or, c’est ici, au Liban, qu’Israël sème la mort sans compter, sous prétexte d’en finir avec le Hezbollah. Mais à quoi avons-nous assisté, après onze mois de carnage, ces dernières semaines ? A une interminable série de liquidations de dirigeants politiques et militaires du Hamas et du Hezbollah. L’un, Ismaïl Haniyeh, chef politique du Hamas, celui-là même qui avait négocié le cessez-le-feu à Gaza, a été explosé dans sa chambre d’hôtel à Téhéran ; l’autre, Fouad Chokr, le commandant en chef du Hezbollah, alors qu’il entrait brièvement dans son bureau de la banlieue sud de Beyrouth. Tout s’est passé et s’est emballé en une seconde, au mépris, bien sûr, des dizaines de morts et des centaines de blessés parmi la population civile. Les autres dirigeants ont été tués ou mutilés en masse, lors de l’explosion spectaculaire de milliers d’appareils de communication sans fil.

Certains criaient au miracle. Ils étaient au cinéma, d’autres à l’hôpital. C’est dire que le Mossad [service de renseignement extérieur israélien] Israël fait honneur à sa redoutable réputation. C’est-à-dire qu’il peut tuer quand il veut, où il veut. C’est-à-dire qu’on est en droit de se demander pourquoi le régime de Netanyahou a préféré anéantir la population civile de Gaza et poursuivre l’annexion de la Cisjordanie, avant d’ôter la vie à son meilleur ennemi : le chef militaire du Hamas, devenu aussi un leader politique, Yahya Sinwar. L’objectif est de plus en plus clair : tout faire pour entretenir et sauver la caricature, déporter la question de Palestine, pour mieux la liquider, la transformer en conflit entre Blancs et barbus, afin que l’Occident n’ait d’autre option que de suivre aveuglément. De faire bloc avec le mur.

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Benjamin Netanyahou a pris le temps en otage. Et ce temps, c’est notre destin commun qu’il manipule et manœuvre avec une mauvaise foi infernale. Toutes ces heures d’angoisse, toutes ces heures arrêtées, sont les mêmes pour les survivants de Gaza, pour les otages israéliens, pour les habitants du nord d’Israël, du sud du Liban, de Beyrouth et de la Bekaa, pour les juifs, les chrétiens, les musulmans, et peut-être plus encore pour ceux qui se contentent d’humanisme pour affronter la mort. Le temps porte le même nom en arabe et en hébreu : temps.

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