OQTF, mise en liberté… Des questions autour du passé judiciaire du suspect

OQTF, mise en liberté… Des questions autour du passé judiciaire du suspect
OQTF, mise en liberté… Des questions autour du passé judiciaire du suspect

Le corps de Philippine a été retrouvé samedi 21 septembre dans le bois de Boulogne à Paris. L’homme soupçonné de l’avoir tuée était connu de la justice et faisait l’objet d’une OQTF. Placé en centre de rétention, il a été libéré début septembre.

Un drame et de nombreuses questions. Trois jours après la découverte du corps sans vie de Philippine, enterré dans le bois de Boulogne, un suspect a été interpellé ce mardi 24 septembre à la gare de Genève, en Suisse.

Taha O., 22 ans, d’origine marocaine, était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Alors âgé de 17 ans, il avait été condamné en 2021 à sept ans de prison pour un viol commis en 2019 à Taverny, dans le Val-d’Oise. Mineur au moment des faits, le suspect avait été condamné à sept ans de prison. La peine maximale pour un viol, sans circonstances aggravantes, par un mineur est de sept ans et demi.

Placé en détention provisoire depuis le 5 septembre 2019, il a été libéré de prison le 20 juin 2024, après avoir purgé cinq ans de sa peine.

Problème d’envoi des documents pour l’OQTF

Aussitôt après avoir franchi les grilles du centre pénitentiaire de Joux-la-Ville, le suspect a été envoyé au centre de rétention administrative. Deux jours avant sa sortie, le 18 juin 2024, le suspect avait été placé sous OQTF. Une mesure prise par les services du préfet de l’Yonne, selon une Source policière à BFMTV.

Taha O. n’a déposé aucun recours pour s’y opposer mais n’a pas été expulsé. La demande de laissez-passer, nécessaire à son expulsion vers le Maroc, a été délivrée le jour même, mais pas par le bon service français. Ainsi, le 24 juin, les autorités marocaines ont répondu que la demande devait être délivrée par la Direction générale des étrangers en (DGEF). Cette dernière a alors délivré cette demande de laissez-passer consulaire le 18 juillet 2024, soit un mois après la demande initiale.

Libéré du centre de détention

Le 3 septembre 2024, Taha O. a été remis en liberté par un juge des libertés et de la détention, avec notamment obligation de se présenter. À cette date, il n’avait pas encore atteint la durée maximale de détention en centre de rétention administrative (CRA), fixée à 90 jours en France. Ce dernier avait non seulement une obligation de se présenter, mais aussi une assignation à résidence dans un hôtel de l’Yonne, hôtel dans lequel il ne se présenterait jamais.

Trois jours après sa libération, le 6 septembre, le Maroc a envoyé un laissez-passer consulaire, mais à ce moment-là, Taha O. était déjà dehors après avoir passé exactement 74 jours au CRA de Metz.

Alors que l’accusé ne respecte pas ses obligations, et est en fuite, il est inscrit jeudi 19 septembre au fichier des personnes recherchées. Cette inscription, qui intervient la veille de la date du meurtre présumé de Philippine, survenu ce samedi 20 septembre. Entre sa sortie du centre de rétention administrative, le 3 septembre, et le meurtre de Philippine en région parisienne, moins de trois semaines se sont écoulées.

« Justice laxiste » et « récupération » politique

Une procédure légale et une absence d’expulsion qui ont immédiatement provoqué une réaction de la classe politique, notamment à droite et au Rassemblement national.

« Notre justice est laxiste, notre Etat est dysfonctionnel, nos dirigeants laissent les Français vivre avec des bombes humaines », a écrit mardi sur X Jordan Bardella, président du Rassemblement national.

“Combien de temps encore ?”, s’interroge aussi X Éric Ciotti, qui énumère les différents dysfonctionnements qui ont conduit selon lui à ce drame : “Un migrant en situation irrégulière, sous le coup d’une OQTF non exécutée, un récidiviste, un violeur en liberté”, écrit le député des Alpes-Maritimes allié à Marine Le Pen.

De l’autre côté du spectre politique, Sandrine Rousseau, députée (PNF) de Paris, évoque sur X un « féminicide » qui « mérite d’être jugé et puni sévèrement », tout en mettant en garde contre une tentative de « récupération » par l’extrême droite.

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a estimé ce mercredi matin sur BFMTV qu’« il y a eu des dysfonctionnements » dans cette affaire et que l’on « doit des réponses à la famille ». L’élu pointe également du doigt une « justice » [qui] fonctionne avec des moyens encore réduits.

De son côté, François Hollande remet en cause « la chaîne pénale et administrative ». « C’est le problème des OQTF (…), il faut que ça aille le plus vite possible » pointe l’ancien président de la République.

Pauline Revenaz avec Alixan Lavorel

 
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