Bourgogne – Journée spéciale « vendanges », entre préoccupations foncières et incertitudes des marchés

Bourgogne – Journée spéciale « vendanges », entre préoccupations foncières et incertitudes des marchés
Bourgogne – Journée spéciale « vendanges », entre préoccupations foncières et incertitudes des marchés

En l’absence de Franck Robine, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, appelé à de nouvelles fonctions au sein du ministère de l’Intérieur en tant que directeur de cabinet de Bruno Retailleau, c’est Benoît Byrski, sous-préfet de Beaune, qui représentait l’Etat. Plusieurs personnalités du monde viticole étaient également présentes, dont Thiébault Huber, président de la CAVB, et Albéric Bichot, président de la FNEB.

Objectifs de la journée
L’événement avait pour objectif de sensibiliser les autorités aux enjeux actuels du secteur vitivinicole, tant économiques qu’environnementaux, tout en présentant les perspectives du millésime 2024. Le groupe a été accueilli par Thomas Seiter, président de la Maison Louis Jadot, à Beaune, avant de visiter le domaine Huber-Verdereau à Meursault. Dans les deux cas, les participants ont pu constater la faible quantité des récoltes, difficile à évaluer à ce stade, mais dont la qualité est prometteuse.

Problèmes de succession et tensions sur le marché
Au cœur des débats, la récente vente de 1,3 hectare du domaine Poisot Père & Fils à Aloxe-Corton à LVMH pour 15,5 millions d’euros. Cette transaction illustre les difficultés liées aux droits de succession élevés, qui menacent les exploitations familiales. Thiébault Huber a appelé à penser la terre viticole comme un actif de production et non comme un patrimoine, afin d’éviter de la vendre à des investisseurs au détriment des familles bourguignonnes.

Incertitudes sur le marché international
Albéric Bichot a exprimé ses inquiétudes face aux incertitudes économiques mondiales, notamment avec les conflits actuels et les prochaines élections américaines, qui pèsent sur le marché du vin. Malgré ces difficultés, la Bourgogne tente de maintenir sa position, avec une légère croissance des ventes de vins blancs, tirée par certaines AOC.

La CAVB : gardienne de la viticulture bourguignonne
La Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB) regroupe près de 4 500 exploitations viticoles, représentant l’ensemble des vignerons de la région au travers de 52 organisations de gestion (ODG). Elle joue un rôle essentiel dans la défense des intérêts de la viticulture bourguignonne face aux défis économiques, environnementaux et législatifs actuels. En 2024, malgré un marché mondial du vin en mutation, marqué par une baisse de la consommation au profit de tendances plus occasionnelles, les vins de Bourgogne résistent bien, notamment les vins blancs, grâce à une gestion rigoureuse des stocks et à une récolte 2023 favorable.

Les principaux défis de la CAVB concernent :
1. La préservation des exploitations familiales, menacée par l’augmentation du prix des terres. La CAVB milite pour des réformes fiscales afin de faciliter la transmission des exploitations.
2. La protection des terroirs d’appellation, avec un encadrement réglementaire spécifique à la viticulture au sein de la PAC, et des mesures pour s’opposer aux projets d’urbanisation qui affectent les zones viticoles.
3. Simplification administrative, en assouplissant les normes pour les vignerons tout en maintenant la qualité des produits.
4. La révision des normes environnementales, afin d’établir un cadre réglementaire clair et d’éviter une concurrence déloyale avec les autres États membres de l’UE.
5. L’attractivité des métiers de la viticulture, avec des solutions pour faire face à la pénurie de main d’œuvre, notamment pendant les vendanges, en facilitant l’embauche et l’hébergement des saisonniers.
6. Éduquer les consommateurs sur le vin, tout en rejetant la diabolisation de l’alcool et en promouvant un étiquetage éducatif et non stigmatisant.
La CAVB se mobilise également dans la lutte contre la flavescence dorée, maladie qui menace le vignoble, avec le soutien financier de l’Etat et des collectivités locales.
Cette journée a été l’occasion de faire le point sur la récolte 2024, les enjeux à venir et les actions à mener pour protéger la viticulture bourguignonne, notamment en termes de transmission, de fiscalité et d’adaptation au changement climatique. Les échanges se poursuivront dans les prochains mois, alors que vignerons et négociants font face à un contexte économique et climatique de plus en plus incertain.

Jeannette Monarchi

 
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