Quelle propagande se cache derrière ce feu d’artifice ? « La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris me donne la nausée autant que celle de Pékin »

Quelle propagande se cache derrière ce feu d’artifice ? « La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris me donne la nausée autant que celle de Pékin »
Quelle propagande se cache derrière ce feu d’artifice ? « La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris me donne la nausée autant que celle de Pékin »

C’est ce qu’ont voulu démontrer Amaury Vanderborght, artiste de cirque, fondateur de la Cie Poivre rose et artificier, et Cathy Blisson, journaliste, dramaturge et conceptrice de performances documentaires, dans le spectacle pyrotechnique pour lequel ils sont allés tourner en Chine, à Liuyang. C’est là, dans de petites usines artisanales, que sont produits 85 % des feux d’artifice lancés vers les foules du monde entier. Avec des procédés très proches de ceux des armes de guerre.

Photos instantanées imprimées dans nos « Mémoire(s) »

« Nous avons réuni ces images avec d’autres chorégraphiquesAmaury Vanderborght nous dit, « questionner le rôle de l’art dans le système et celui de l’artifice qui, rappelons-le, par sa combustion de soufre, de charbon et de salpêtre, était autrefois utilisé en Chine pour purifier l’air et les esprits. D’où sa dimension spirituelle. L’artifice est arrivé dans nos cours européennes avec Marco Polo et a résisté à la Révolution française à la demande du peuple. » Mais aujourd’hui, derrière ces feux d’artifice où les familles se pressent du 1er janvier à la Fête nationale, se cache en réalité la même propagande.Ce n’est pas l’apanage des régimes totalitaires. Le débat reste le même et une cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Paris me fait autant mal qu’une cérémonie à Pékin. Dans le monde de la pop, on retrouve les mêmes mécanismes de séduction lors d’un concert de Beyoncé ou d’Angèle. On cherche aussi à faire partie d’une même communauté et on paie 150 euros pour enrichir une usine à fric.

Le feu d’artifice du 21 juillet 2024, au Cinquantenaire à Bruxelles.

Une arme de diversion massive

Nous verrons donc, tout au long Combustionun projet Pal/Secam, des milliers d’images médiatiques traditionnellement associées à un final grandiose, pour questionner les mécanismes sous-jacents à l’utilisation des feux d’artifice de divertissement comme arme de diversion massive. Commémorations nationales, défilés militaires, manifestations sportives, festivités commerciales et autres grand-messes populaires…Quelles images et quels symboles retrouve-t-on noyés dans un écran de fumée face au spectacle de l’explosion ?demandez aux créateurs.

Tous les grands événements, du concert de Madonna au défilé militaire, se terminent également par des fusées explosant dans le ciel, comme autant de démonstrations d’une puissance toujours plus grande, toujours plus élevée.

Jo Dekmine, la passeuse flamboyante

L’idée est de mettre en scène un moment de joie collective ou une démonstration de pouvoir pour une plus grande ferveur populaire. Majorettes, choristes, bikers, gymnastes, autant de groupes de femmes et d’hommes qui avancent au rythme saccadé d’une musique tonique pour mieux marteler le message de pouvoir et pour une plus grande identité collective.

Une histoire de feu sacré

Choisi pour célébrer le 50ème anniversaire des Halles, CombustionCette installation vidéo multi-écrans orchestrée par un opérateur, qui manipulera à vue le matériel pyrotechnique et les images, sera réalisée en plein air, au Botanique. A deux pas des Halles de Schaerbeek, un ancien marché à ciel ouvert datant de 1865, qui brûla en 1898. Le feu, déjà… En 1920, il rouvre mais ne résiste pas longtemps à la concurrence des nouveaux supermarchés voisins, l’Inno et le Bon Marché.

Philippe Grombeer, un regard précieux s’est éteint

Tombée en désuétude et devenue entrepôt municipal, garage, puis parking, cette incroyable bâtisse à la structure de fer et au toit de verre brisé a retenu l’attention, en 1973, de l’inoubliable Jo Dekmine, directeur du Théâtre 140, qui avait compris que la culture devait se réinventer. Il a ouvert le lieu avec le tout aussi regretté Philippe Grombeer, premier directeur du Théâtre des Doms. Plus qu’un théâtre, les Halles avaient vocation à devenir une place publique, où l’on viendrait sur un coup de tête, assister à un spectacle en fumant une cigarette ou en buvant une bière, selon son humeur. Une histoire de feu sacré qui dure depuis 50 ans.

Bouquet final de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris, le 12 août 2024 au Stade de France, à Saint-Denis. ©Copyright 2024 The Associated Press. Tous droits réservés
  • Bruxelles, le 27 septembre au Botanique à 22h00 Entrée gratuite. Infos : halles.be.
 
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