(Québec) Le premier ministre du Québec, François Legault, fait ouvertement la promotion du Parti conservateur du Canada (PCC) de Pierre Poilievre.
Publié à 14h55
Mise à jour à 16h18
Caroline Plante
La Presse Canadienne
C’est ce qu’a dénoncé mardi le chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale.
Il a qualifié M. Legault de « super bénévole » pour le PCC, soulignant que le premier ministre du Québec a relayé un message à thème électoral du conseiller québécois de M. Poilievre, Vincent Desmarais, sur son compte X samedi.
Jeudi dernier, M. Legault a reproché au Bloc québécois d’appuyer le gouvernement libéral de Justin Trudeau. Un appui « stupéfiant » au PCC, selon M. Nadeau-Dubois.
Le message relayé par M. Legault samedi se lit comme suit : « En 2008, le Bloc a préféré se faire complice d’un parti centralisateur et trudeauiste plutôt que de défendre les intérêts du Québec. Aujourd’hui, l’histoire se répète. »
Saisissant l’occasion, M. Poilievre a déclaré mardi à la Chambre des communes que « le premier ministre du Québec dit que la nation québécoise ne veut pas faire confiance à ce gouvernement (Trudeau) ».
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a également profité de l’occasion pour qualifier une fois de plus M. Legault de « premier ministre conservateur » qui « privatise notre système de santé », comme il l’avait déjà fait en février dernier.
« Quand François Legault a-t-il reçu ce mandat des Québécois ? », s’interroge M. Nadeau-Dubois. « Quand ont-ils voté pour François Legault pour faire ouvertement la promotion d’un parti dont le tiers des membres sont contre le droit à l’avortement ? »
L’accès à l’avortement et le tramway de Québec
Le co-porte-parole de QS a rappelé qu’en juin 2023, le député conservateur Jeremy Patzer s’était rendu en Floride pour prononcer un discours au congrès d’une église créationniste et anti-avortement.
Depuis qu’il est député, Pierre Poilievre a lui-même voté quatre fois pour des motions ou des projets de loi menaçant directement le droit des femmes à l’avortement, selon QS.
« Ce n’est pas une blague. C’est sérieux. Voulons-nous que cet homme soit premier ministre du Canada? », a déclaré M. Nadeau-Dubois.
« François Legault, ce qu’il a fait la semaine dernière, c’est une énorme gifle à ce politicien. Je pense que ça ne représente pas les valeurs de la grande majorité des Québécois, et François Legault doit corriger le tir. »
Selon lui, le mandat du premier ministre du Québec n’est pas de devenir « le bénévole en chef de Pierre Poilievre », mais « de faire fonctionner notre système de santé, notre système d’éducation, de s’occuper du coût de la vie et ensuite de s’occuper du logement ».
«Laissez François Legault faire ça et arrêtez ensuite de faire campagne pour Pierre Poilievre», a-t-il insisté.
De plus, le député QS Étienne Grandmont a soutenu que l’arrivée au pouvoir du PCC pourrait sonner le glas du projet de tramway de Québec.
« Pierre Poilievre a dit qu’il ne mettrait pas un sou dans le projet de tramway, a-t-il souligné. Le premier ministre du Québec est-il d’accord avec cela? Pense-t-il que le gouvernement fédéral ne devrait pas mettre un sou dans le projet ou souhaite-t-il vraiment que le tramway se concrétise? »
Le projet de tramway doit aller de l’avant, a ajouté le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay.
« Évidemment, il fait état d’un appui, qu’il n’a pas encore confirmé, mais d’un appui formel au Parti conservateur, ce qui, pour nous, n’est pas acceptable. Ce n’est pas au premier ministre du Québec de faire de la politique fédérale », a déclaré M. Tanguay.
Legault persiste et signe
Lors d’un échange houleux avec M. Nadeau-Dubois au Salon Rouge, M. Legault a de nouveau critiqué les libéraux de Justin Trudeau qui, selon lui, forment le « gouvernement le plus centralisateur de l’histoire du Canada ».
Il a déclaré que le gouvernement fédéral doit réduire de moitié le nombre d’immigrants temporaires. « C’est inacceptable de nous envoyer 600 000 immigrants. Nous ne pouvons plus le faire », a-t-il déclaré.