deux ans après la mort de son fils sur la route, il livre son témoignage

deux ans après la mort de son fils sur la route, il livre son témoignage
deux ans après la mort de son fils sur la route, il livre son témoignage

l’essentiel
Le 10 novembre 2022, son fils a perdu la vie sur une route du Lot. Ce jeudi, le conducteur impliqué dans l’accident sera jugé pour homicide involontaire avec excès de vitesse d’au moins 50 km/h. Le père de la victime brise son silence.

Il n’oubliera jamais la date. Le jeudi 10 novembre 2022, son fils, Romain Dolo, rentre du travail. Il est intérimaire dans une entreprise de Sauzet et rejoint des amis à Toulouse où il espère s’installer. Là, au bout de l’autoroute, il rêve d’être technicien de scène.
A 17h50, le Lotois de 25 ans s’arrête à un stop près de Ventaillac, à Pern. Juste à l’intersection après le rond-point de l’A20. C’est le crépuscule, l’automne est encore doux. Le jeune conducteur s’engage sur la RD820 entre Cahors et Montauban où la vitesse est limitée à 110 km/h. Un autre véhicule arrive, la collision est terrible. Romain Dolo décède sur le coup. Aucun témoin n’a assisté à la scène. Les jours qui suivent, Stéphane Dolo, son père, se rend à l’intersection, meurtri. « Je ne comprends pas ce qui s’est passé, pourquoi il a démarré. Je connais l’endroit par cœur. Je pense qu’il avait de la visibilité à cette intersection », se souvient-il.

Une enquête a été ouverte et confiée à la police de Castelnau-Montratier. « À ce moment-là, on s’est dit que c’était un accident de la route, que c’était un coup de malchance », raconte Stéphane Dolo. Mais toujours. Il ne comprenait pas : « Pendant des mois, j’ai rejoué la scène, je me suis demandé ce qui avait pu se passer. » Pendant des mois, chaque matin, il était réveillé par l’image de cet accident qu’il n’a pas vécu : son fils qui tournait la tête pour regarder la route.

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Et puis, dix mois après l’accident, la famille de la victime est convoquée au commissariat. Les analyses effectuées sur le véhicule du conducteur impliqué parlent d’elles-mêmes. La vitesse relevée est supérieure de plus de 50 km à la vitesse autorisée. Cette fois, la scène s’éclaircit un peu. « On a passé un long moment à marcher, à essayer de se remettre sur les rails, à s’habituer à cette vie paradoxale et à accepter l’inacceptable. Je me suis mis à la place du conducteur, j’ai même eu pitié de lui, car je me suis dit que ça devait être un malheur pour lui aussi de vivre ça. Et c’était comme si une nouvelle plaie s’était ouverte, sans anesthésie. Un nouveau coup de couteau. Ce n’était donc pas un accident banal », raconte le père de Romain, conseiller municipal à Lalbenque et imprimeur à Cahors.

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1 000 personnes aux funérailles

La famille porte plainte et se constitue partie civile. L’affaire prend un nouveau tournant : désormais, elle se règlera devant la justice. Ce jeudi matin, à Cahors, l’automobiliste sera jugé pour homicide involontaire. Depuis l’accident, le délit d’homicide routier a été examiné par l’Assemblée nationale mais pas encore adopté.

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« C’est un nouveau plongeon dans l’inconnu, dans le monde judiciaire que je ne connais pas. On attend de ce procès, d’être confronté au responsable des faits et tout simplement que justice soit rendue », traduit le Lotois. Alors qu’il se prépare au procès, allant s’asseoir dans la salle d’audience, les hommages à son fils, ce gamin du coin particulièrement populaire, se multiplient : le festival Summer of love, fondé par le collectif de musique électronique Ren’art qu’il a initié, est rebaptisé Summer of Rom. Le trophée U13 de football est rebaptisé Romain Dolo. Une soirée musicale « No goodbye » en sa mémoire est organisée au Bistronome, à Lalbenque, et des fonds sont récoltés. « J’ai toujours su que mon fils était généreux et impliqué pour aider les autres mais je n’avais pas réalisé à quel point », confie Stéphane Dolo. Ses obsèques ont réuni près de 1 000 personnes, dans le petit cimetière du hameau de Saint-Hilaire. Un soutien et un entourage qui continuent de le porter aujourd’hui. « Notre désarroi et notre douleur sont immenses. Derrière les accidents de la route, il y a toute une communauté qui est blessée mais sortir du silence permet de se sentir mieux. C’est ce que je conseillerais aux victimes et à leurs familles”, ajoute le père de famille. L’après-procès ? Il a encore un peu de mal à l’imaginer. Ni la fin “des soucis et de l’histoire”. Plutôt une “fin de chapitre”. Il est déjà certain qu’il ne restera pas inactif.

 
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