Une Montréalaise originaire de New York est tellement inquiète de la violence et du chaos social advenant une victoire de Donald Trump aux prochaines élections américaines qu’elle envisage sérieusement de rapatrier sa mère et sa sœur, qui vivent aux États-Unis.
« Nous nous préparons [à déménager] parce qu’on ne sait jamais, confie Elise Monaghan Joubert sur un ton très sérieux. Nous voulons être prêts et avoir des options [si Trump l’emporte].”
Âgée de 53 ans et mère de trois enfants, elle vit à Montréal depuis 20 ans. Originaire de la banlieue de New York, elle a grandi dans une famille démocrate et en est fière.
Mais à moins de deux mois de l’élection présidentielle, la possibilité que le controversé candidat républicain reprenne les clés de la Maison Blanche l’inquiète beaucoup. Sa mère de 78 ans, d’origine française, et sa sœur, enseignante, vivent à Seattle, dans l’État de Washington.
« Je pense à elle »
« Ma sœur travaille dans une école publique. Chaque fois qu’il y a une fusillade, je pense à elle », avoue M.moi Monaghan Joubert, qui parle très bien français. Trump veut réduire le ministère de l’Éducation ! Et ma mère dépend de la sécurité sociale. Il veut réduire cela aussi !
La Canadienne Elise Monaghan Joubert envisage sérieusement de rapatrier sa famille ici. Elle s’est renseignée sur les procédures d’immigration et de regroupement familial.
« Ma mère plaisante en disant qu’elle pourrait acheter une maison dans la campagne française », explique le directeur de la philanthropie d’une organisation. « Mais ce ne sont que des blagues à moitié. »
« J’ai beaucoup d’amis qui me demandent : Est-ce qu’il y a de la place chez toi? On vient! », raconte celle qui a choisi le Québec en 2004 dans l’espoir d’une meilleure qualité de vie pour sa famille. « On plaisante, mais il y a une part de vérité. »
Soutenant la candidate démocrate Kamala Harris, la mère de famille se dit encouragée par la façon dont se déroule la campagne depuis le départ de Joe Biden.
« Chaque fois que je l’entends [Mme Harris]« J’ai plus d’espoir que la veille, avoue-t-elle. Quand elle a accepté la nomination, j’étais en larmes. Est-ce qu’on va vraiment avoir une femme présidente et une minorité visible ? J’en parle, j’en ai la chair de poule. »
Malgré son enthousiasme, Mmoi Monaghan Joubert reste rationnelle : Donald Trump a une chance de victoire. Une idée qui la décourage de quitter son pays natal.
Retour aux années 1950
« Les gens qui soutiennent Trump sont des fanatiques, ils ne changeront pas d’avis », estime-t-elle. « Avec tout ce qu’il a fait contre les femmes, on revient aux années 1950 ! Ce n’est pas possible économiquement et socialement. »
Elle craint également des débordements au lendemain du scrutin.
« Nous devons nous préparer à la violence, quel que soit le vainqueur. Et c’est décourageant », admet-elle.
Étant expatriée, la Montréalaise votera dans l’État où elle a vécu, New York. Deux de ses enfants pourront également exprimer leur choix.
« Ma fille de 22 ans n’était pas sûre de vouloir voter quand c’était Joe Biden. Et depuis le débat présidentiel, elle m’a dit qu’elle voulait voter », raconte la mère, enthousiaste.
Des Américains inquiets s’informent sur l’immigration canadienne
Plusieurs Américains inquiets de l’approche de l’élection présidentielle interrogent des avocats sur la possibilité d’immigrer au Canada.
« Il ne se passe pas une semaine sans que nous ayons des questions à ce sujet. Mais à chaque cycle électoral américain, il y a des Américains et des entreprises qui nous appellent », note M.et Jean-Philippe Brunet, qui œuvre dans le domaine depuis 28 ans.
« Nous recevons des appels toutes les semaines ou toutes les deux semaines. Les gens veulent explorer leurs options », note également M.et Patrice Brunet, membre du conseil d’administration de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration (AQAADI). « On ne peut pas parler d’une grosse vague, mais il y a un regain d’intérêt. »
Les Américains polarisés
Les entreprises américaines étudient également la possibilité d’ouvrir des succursales au Canada. Il est toutefois difficile d’évaluer combien d’Américains se lancent réellement dans cette aventure.
Un fait particulier cette année est que les Américains sont très polarisés. Par exemple, un républicain dit qu’il refuse de « vivre dans un pays communiste » ou un démocrate qui veut venir chercher la « paix » au Canada.
« Je n’ai jamais vu des gens aussi campés sur leurs positions », admet M.et Jean-Philippe Brunet, qui a récemment aidé une famille américaine à s’installer en Colombie-Britannique, où leur fille a commencé l’école. « J’ai rarement vu autant de polarisation. »
Photo fournie par GALILEO PARTNERS
L’accord de libre-échange Canada-États-Unis favorise les permis de travail pour certains types d’emplois, mais pas pour tous.
L’AQAADI souligne également que de nombreux Américains sont francophiles et souhaitent venir au Québec pour que leurs enfants puissent étudier en français. Selon l’impression de Met Patrice Brunet : Les Américains inquiets de l’élection sont plutôt « de centre-gauche » politiquement.
Selon Met Jean-Philippe Brunet, il y aurait une forte augmentation des appels s’il y avait un deuxième « 6 janvier », comme la prise d’assaut du Capitole en 2021.
Le Journal recherche des Québécois qui seront directement touchés par les élections américaines (travail, famille, études, etc.)
Vous souhaitez témoigner ? Écrivez-moi : [email protected]