Les indices PMI publiés lundi indiquent une contraction générale de la zone euro, plombée par les économies allemande et française. Le secteur manufacturier s’effondre dans le premier, celui des services se contracte dans le second. Et alors que l’inflation est en net recul, voire en déflation dans certains segments, la BCE tâtonne, comme toujours. En octobre, la pression sera immense pour qu’elle baisse à nouveau ses taux.
Trop tard et trop fort, puis trop tard et pas assez fort. Un nombre croissant d’entrepreneurs, d’économistes et de commentateurs informés trouvent la politique monétaire de la BCE incompréhensible, coupable d’au moins 4 erreursselon eux : la BCE n’a pas vu venir l’inflation lors de la reprise post-covid, puis elle a jugé que cette inflation serait temporaire.
Elle a ensuite freiné brusquement pour relever les taux de -0,5 à 4 % en quelques mois. L’inflation a ensuite reculé pour atteindre une moyenne de 2,2% dans la zone euro en août, très proche de l’objectif de 2%.La BCE s’attribue le mérite de cette situation. D’autres estiment que la baisse de l’inflation est principalement due à la baisse des prix de l’énergie.
Désormais, la BCE prend son temps. Après une première baisse de taux en juin, l’institution financière a timidement réduit ses taux de 25 points lors de sa réunion de septembre.Cela contraste avec la baisse de taux de 50 points décidée par la Fed, alors que l’économie américaine se porte beaucoup mieux et que l’inflation est plus résistante.
Grain à moudre
Les derniers chiffres des indices PMI de la zone euro ont alimenté les critiques contre l’institution dirigée par Christine Lagarde. Ces indicateurs, qui reposent sur une enquête auprès des chefs d’entreprise sur leurs perspectives d’achat, prédisent un recul généralisé de l’économie européenne, une première depuis février. L’indice PMI des services a fortement chuté, passant de 52,9 à 50,5, conservant à peine son expansion.. Pas de quoi faire oublier les turbulences de l’activité manufacturière, dont l’indice a subi un nouveau revers, de 45,8 à 44,8, en baisse.
Globalement, l’indice PMI composite est passé sous la barre des 50, indiquant une contraction : 48,9, au lieu des 50,5 attendus. « Conséquence, L’activité économique dans la zone euro s’est contractée de manière forte et inattendue ce mois-ci« Cela signifie que la zone euro risque de connaître une stagnation jusqu’à la fin de l’année », commente Bernard Keppenne, économiste en chef de CBC.
Dans le détail, l’activité commerciale européenne est tirée vers le bas par la nouvelle baisse de l’activité manufacturière en Allemagne, qui a plongé à 40,3. Mais la surprise est venue de la France, dont l’indice des services est passé de 55 à 48,3. L’indice composite des deux plus grandes économies de la zone euro tombe sous la barre des 50.
La situation des exportations allemandes reste préoccupante, comme le montre cette comparaison avec les exportations italiennes. « Quand on regarde l’évolution des exportations allemandes et italiennes, On constate que ces dernières ont augmenté nettement plus rapidement que les exportations allemandes ces dernières années.. Et que la rupture s’est produite à la fin de la période de confinement en Europe, soit au moment où la Chine restait coincée dans sa politique zéro Covid, ce qui a plombé les exportations allemandes vers ce pays”, écrit ce matin l’économiste.
La BCE va-t-elle enfin se réveiller ?
La pression sur la BCE devient immense. Va-t-elle à nouveau baisser ses taux en octobre lors de sa prochaine réunion ? Pour l’instant, les marchés ne l’anticipent pas. Mais la mauvaise performance de l’économie européenne pourrait (devrait ?) les pousser à agir.
L’institution financière semble toujours coincée face à l’inflation liée aux services, c’est-à-dire principalement en raison de la hausse des salaires, qui en juin atteignait encore 4,1%L’inflation sous-jacente, hors énergie et alimentation, est en légère hausse par rapport à juillet (+0,2%). Mais alors que le recul de l’activité commence à peser sur l’emploi européen, ce n’est probablement qu’une question de temps avant que l’inflation sous-jacente – hors énergie et alimentation – ne revienne à la normale. Le mois dernier, elle était de 2,9% dans le bloc économique européen.
La BCE aurait intérêt à suivre sa grande sœur américaine, la Fed, dont le patron, Jerome Powell a déjà laissé entendre qu’une nouvelle réduction de 50 points interviendrait cette année.. Même en Chine, la banque centrale a finalement pris des mesures mardi, tentant enfin de donner un coup de pouce à son économie. Qu’attend la BCE ?