Déclaration d’urgence climatique en Nouvelle-Calédonie, une mesure symbolique

Déclaration d’urgence climatique en Nouvelle-Calédonie, une mesure symbolique
Déclaration d’urgence climatique en Nouvelle-Calédonie, une mesure symbolique

La Nouvelle-Calédonie tire la sonnette d’alarme. L’archipel a annoncé mercredi 11 septembre son intention de déclarer l’état d’urgence climatique et environnementale. Un projet de résolution a été adopté en ce sens par le gouvernement local, qui souhaite établir une stratégie visant à « anticiper et s’adapter aux effets présents et futurs du changement climatique »Parallèlement, il prévoit la création d’un fonds de résilience pour soutenir la mise en œuvre des actions nécessaires, « en collectant des financements externes auprès de grandes fondations »Adoptées par le gouvernement, ces mesures devront bientôt être soumises au Congrès pour approbation.

Car le temps presse. La Nouvelle-Calédonie, comme de nombreuses îles du Pacifique, est en première ligne face à la crise climatique. La montée du niveau de la mer menace son littoral, aggravant l’érosion côtière et augmentant les risques de submersion lors d’événements extrêmes de plus en plus fréquents. La hausse des températures met en danger la biodiversité marine et les récifs coralliens, essentiels à l’écosystème local de l’archipel. Ces impacts sont écologiques, mais aussi économiques et socioculturels, alerte le gouvernement calédonien.

Une mesure symbolique

Si ce processus témoigne des menaces imminentes auxquelles la Nouvelle-Calédonie doit désormais faire face, il n’est pas nouveau. Ces dernières années, d’autres villes et États du monde entier ont également déclaré l’état d’urgence climatique. « La Nouvelle-Calédonie réactive les déclarations faites en 2019 lors des grandes marches pour le climat »souligne à Novethic Aurélien Boutaud, Docteur en Sciences de l’Environnement et auteur de l’ouvrage «« Déclarer l’urgence climatique »En réponse à ce mouvement populaire, les déclarations d’urgence climatique se sont en effet multipliées.

Le Royaume-Uni a été l’un des premiers pays à lancer le mouvement, suivi par la Nouvelle-Zélande, l’archipel du Vanuatu ou encore l’Union européenne. De nombreuses villes ont également fait ce choix, comme Bruxelles, Madrid, Milan ou encore New York. Une liste notamment complétée en France par les communes de Paris, Aix-les-Bains, Strasbourg et Bordeaux. Bien qu’accompagnées parfois de quelques mesures, comme c’est le cas pour la Nouvelle-Calédonie, ces initiatives ne sont toutefois pas contraignantes et sont donc essentiellement symboliques.

Pour initier une véritable politique, non plus gradualiste mais urgente, l’étape suivante serait de décréter l’état d’urgence au sens juridique du terme. « Le principe de l’état d’urgence existe dans toutes les démocraties. Il est généralement appliqué face à des situations extrêmement graves. »rappelle Aurélien Boutaud. Mis en œuvre à l’échelle nationale, il permet de suspendre temporairement le fonctionnement normal des institutions et de la société afin de faire face à un danger imminent. Ce fut le cas par exemple lors de la crise sanitaire du Covid-19, lorsque des mesures exceptionnelles ont été prises pour lutter contre la pandémie.

« Plan de guerre climatique »

Elle n’a cependant jamais été utilisée jusqu’à présent en réponse à la crise climatique, malgré l’intensification des événements extrêmes. « Nous devrions créer un état d’urgence climatique qui permettrait à la société de faire une pause pendant que nous effectuons les changements nécessaires pour atteindre les objectifs de l’Accord de Parisnotes Aurélien Boutaud. Cela nécessiterait un véritable débat démocratique et que les pays prennent des mesures législatives pour adapter l’état d’urgence tel qu’il existe aujourd’hui. »

En 2020, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Antonio Guterres, a exhorté tous les États à adopter cet outil. « Aujourd’hui, j’appelle les dirigeants mondiaux à déclarer l’état d’urgence climatique dans leurs pays jusqu’à ce que la neutralité carbone soit atteinte »a-t-il déclaré. Atteindre l’objectif de l’Accord de Paris dans les délais impartis nécessiterait néanmoins une réelle « Plan de guerre climatique » d’une ampleur rarement vue, estime Aurélien Boutaud.

Les travaux menés par deux chercheurs américains au début des années 2000 concluent qu’un tel changement de société ne s’est accompli qu’à une seule occasion dans notre histoire : aux États-Unis, suite à l’attaque de Pearl Harbor. Alors, est-ce vraiment possible ? Oui, selon Aurélien Boutaud. « Mais pour qu’il y ait ce courage politique, il faudrait une vraie mobilisation populaire, comme lors des marches pour le climat, accompagnée d’un relais des institutions intermédiaires pour obliger les élus à organiser un débat sur l’urgence climatique. »

 
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