« Nous avons remis la Défense sur les rails, mais ce que l’Arizona prédit, c’est un retour à la famine »

« Nous avons remis la Défense sur les rails, mais ce que l’Arizona prédit, c’est un retour à la famine »
« Nous avons remis la Défense sur les rails, mais ce que l’Arizona prédit, c’est un retour à la famine »

Alors que l’heure est venue de faire le point et de fixer les priorités d’un département qui ne manque pas de défis dans les années à venir, la Tournaisienne craint des années de disette au sein de l’armée. Dans son viseur, les mesures insuffisantes prévues par l’Arizona alors que le contexte sécuritaire mondial a rarement été aussi tendu.

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Les objectifs de défense énoncés dans la note du futur gouvernement vous inquiètent particulièrement. Pourquoi ?

« Quand je les entends défendre le ministère dans les médias et quand on voit leurs deux objectifs dans la note fuitée, c’est-à-dire faire travailler les militaires jusqu’à 67 ans et atteindre 1,8% du PIB consacré aux dépenses de Défense alors que je suis harcelé depuis 4 ans avec cet objectif de 2%, il faut vraiment se pincer. Quand Francken et Ducarme n’arrêtaient pas de nous dire qu’il fallait atteindre ces 2% en 2024, on se rend compte que l’objectif du MR-NVA s’élève actuellement à 1,8% en 2029 avec un montant de 1,9 milliard d’investissements, sauf qu’avec ce montant, on n’atteint déjà pas ces 1,8%, je me dis que soit c’est une erreur, soit ça cache autre chose, comme le fait de négliger la recherche et le développement, ce qui serait catastrophique. »

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Ces craintes sont-elles partagées en interne ? «Je reçois beaucoup de messages de militaires qui craignent de revivre cette période de disette où la Défense était une variable d’ajustement budgétaire. Faire travailler les militaires jusqu’à 67 ans signifierait également peu de considération et de connaissances pour la profession. De plus, je ne vois pas comment cela est possible dans certaines fonctions, comme instructeurs, démineurs, parachutistes, etc. Compte tenu du contexte actuel, ces mesures seraient très dangereuses pour notre sécurité et mettraient à mal l’ensemble de l’armée. D’après ce que j’ai lu de cette note qui contient peu de lignes pour l’armée, elle est vraiment inquiétante, floue et elle donne peu d’espoir pour l’avenir« .

Donc, pour vous, il n’y a aucune valeur ajoutée à faire travailler les militaires plus longtemps ?

« Il y a déjà toute une série de fonctions qui ne peuvent plus être exercées au-delà d’un certain âge et au risque de problèmes de santé et d’incapacité à accomplir certaines tâches. Il y a aussi un problème de sécurité qui entre en jeu et si l’idée est d’embaucher 500 militaires de moins par an, c’est un très gros problème. On a besoin de jeunes pour différentes missions. Notre travail s’est toujours fait de manière collégiale et là, cette pseudo-réforme a été lancée sans aucune concertation, c’est de l’amateurisme et cela nous fait craindre le pire. Sur ce sujet, j’ai toujours dit qu’il fallait s’asseoir autour d’une table avec toutes les parties prenantes pour bien réfléchir à tous les aspects. Cela m’attriste aussi car nous avons travaillé très dur pour remettre la Défense sur les rails et je ne veux pas être rappelé dans cinq ans pour tout reconstruire, comme ce fut le cas en 2020. Personne ne veut ça. »

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Il faut dire qu’entre 1981 et 2019, le pouvoir d’achat du budget de la Défense belge a diminué de 2,39 milliards d’euros, soit pratiquement la valeur d’un budget annuel.

« Quand je suis arrivé dans ce département, ce fameux pourcentage du PIB consacré aux dépenses militaires n’atteignait même pas 1%. Il faut se rendre compte que c’est un département qui subit des coupes budgétaires depuis des années avec des ministres MR-NVA qui se sont succédés et qui se plaignent aujourd’hui d’un manque d’investissement. Les casernes étaient vieillissantes, l’environnement de travail n’était pas adapté et nous ne recrutions que 500 militaires par an contre près de 2 500 aujourd’hui. Ils étaient déjà dans une logique d’économie à l’époque et c’est ce qui risque de se passer dans les années à venir. Leurs représentants parlent beaucoup mais dans l’action, il n’y a pas de comparaison. Si c’est pour acheter encore plus de F-35 pour faire bonne figure, en oubliant les hangars, le personnel et la trajectoire économique qui va avec, ce sera une nouvelle occasion manquée ».

Par rapport aux objectifs fixés lors de votre nomination, comment jugez-vous les résultats obtenus aujourd’hui ?

«« Nous sommes à environ 90% de ce que nous voulions réaliser, nous avons remis l’armée sur les rails en étant sur tous les fronts. Il y a eu l’augmentation salariale qui était attendue depuis 20 ans, l’achat de nouveaux équipements, le rapprochement entre l’industrie belge et la Défense qui a permis de développer la recherche et le développement au niveau technologique. Le Plan Étoile a permis de remettre une trajectoire budgétaire claire et croissante au fil des années. Nous avons cherché plus de 11 milliards d’euros d’investissements en plus de ceux prévus par la précédente loi de programmation militaire. Ce qui ne me semble pas négligeable, même s’il y en a qui parlent fort pour s’exonérer ».

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La Belgique reste cependant au bas du classement européen en termes d’exigences fixées par l’OTAN, notamment en matière de dépenses militaires..

« Avant de juger une situation à un moment donné, il faut regarder d’où l’on vient. J’ai d’ailleurs été félicité par les partenaires de l’OTAN pour la reconstruction de notre département. Quand nous avons montré et expliqué notre trajectoire budgétaire, notamment à nos partenaires américains, ils ont compris et salué le fait que nous avions progressé en matière de Défense. En revanche, ce n’est pas l’achat de nouveaux matériels sans infrastructures ni personnels qui nous fera progresser, c’est bien le contraire. A l’avenir, il est important de continuer au niveau de cette trajectoire de croissance budgétaire, mais aussi en termes de recrutement, qui a été fixé à 2 800 recrues par an à partir de l’année prochaine. »

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Au vu de la situation géopolitique, le plan STAR, qui définit les priorités du ministère de la Défense jusqu’en 2030, devrait-il être révisé lors de la prochaine législature ?

«Je pense qu’il est important d’avoir une analyse du contexte sécuritaire avant le début de chaque législature. C’est ce que nous avons fait avec des experts universitaires et même des experts de tous bords avec ce gouvernement. Pour avoir une Défense efficace comme outil de dissuasion, de protection territoriale et de soutien en cas de crise nationale, il faut refaire une analyse et ajuster le plan Star si nécessaire. Par rapport à ce plan, je crois qu’il est en phase avec ce qu’il faut faire, il n’y a rien à supprimer. En revanche, nous pourrions avancer certains investissements, notamment par rapport à notre protection aérienne, c’est ce qui revient de nos discussions avec l’état-major. Aujourd’hui, il faut donc poursuivre et renforcer cette trajectoire, mais je crains que nous supprimions certains points au vu de ce qui est prévu par ce futur gouvernement..

 
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