Qui est Nathalie Delattre, l’élue girondine envoyée au front parlementaire ?

Qui est Nathalie Delattre, l’élue girondine envoyée au front parlementaire ?
Qui est Nathalie Delattre, l’élue girondine envoyée au front parlementaire ?

CC’est tout sauf un cadeau. Nommée ministre chargée des Relations avec le Parlement, la sénatrice girondine Nathalie Delattre se retrouve propulsée au rang de rouage essentiel d’un gouvernement Barnier à peine formé, déjà sous la menace d’une motion de censure à l’Assemblée nationale. Entre la gauche debout et un RN dans la peau de l’arbitre qui garde le doigt sur le sifflet, que vient faire l’élue du Parti radical, qui est aussi conseillère municipale d’opposition à Bordeaux, dans ce pétrin ?

« Je pense qu’elle peut réussir », se risque à répondre Alain Cazabonne, ancien maire de Talence, lui-même sénateur MoDem. « Les gens apprécient sa capacité d’écoute et son travail. C’est une bourreau de travail », répète-t-il. Plus surprenant, la même réponse favorable vient de Monique de Marco, sénatrice EELV : « Elle est à l’écoute. Quand elle était vice-présidente du Sénat, elle remplissait son rôle. » La première avoue cependant être « surprise » par la nomination de sa collègue, et la seconde ne l’a pas trouvée récemment sur le point de partir : « J’étais avec elle au centre pénitentiaire de Gradignan mercredi. [17 septembre] :elle ne semblait pas attendre un appel sur son téléphone !

« C’est une femme qui écoute. Quand elle était vice-présidente du Sénat, elle a rempli son rôle. »

From Guéna to Juppé

A leur décharge, Nathalie Delattre, bien que sénatrice, n’était pas l’élue d’opposition la plus visible sur les bancs du conseil municipal de Bordeaux, aux côtés de Nicolas Florian, l’ancien maire (LR), du macroniste Thomas Cazenave, ancien ministre des Comptes publics, ou encore de Fabien Robert (Modem), ancien adjoint à la culture sous Alain Juppé. « Elle est plutôt discrète », soupire un élu de la majorité verte. Si sa nomination lui a donné un coup de pouce en notoriété, Nathalie Delattre, 55 ans, n’est pas une nouvelle venue. Originaire de la région parisienne mais périgourdine dès l’âge de 3 ans, fille d’un vendeur d’outils et d’une femme de ménage, elle a fait des études de droit, notamment à Bordeaux et Lyon, et s’est engagée en politique dans les années 1980 avec la bénédiction d’Yves Guéna, maire de Périgueux et figure gaulliste.


Candidate aux élections législatives de 2002, Nathalie Delattre, sur le perron de sa permanence parlementaire en Dordogne.

Jean-Christophe Sounalet Archives/ “Sud Ouest”

Elle finit par adhérer au Parti radical valoisien en 1989, petit parti de centre droit, et devient également assistante juridique à la Maison du BTP de la Dordogne avant de se lancer définitivement, à 33 ans, dans les élections législatives de 2002, dans la 2et circonscription du département. Elle a perdu, obtenant 48,7 % face au député PS sortant qui, quelques semaines avant le scrutin, l’a inélégamment renvoyée à sa condition féminine : « Nathalie Delattre est jeune et jolie et va bénéficier de l’effet Chirac-Darcos. » Une autre époque.

Le coup de Cardoze

Une reconversion professionnelle en 2003 : elle devient vigneronne en Gironde avec son associé Jean-François Boras, à la tête du domaine Bellevue à Langoiran, construit sur un vignoble abandonné depuis des décennies. La politique ne tarde pas à la rattraper : en 2007, elle est relancée par Alain Juppé aux législatives, sur la chaîne 4et circonscription acquise à la gauche. Elle perd mais devient adjointe au maire de Bordeaux l’année suivante. Le premier maire de la circonscription de Bordeaux Maritime, entre Bacalan et Chartrons, est elle.

« Une femme de droite qui avait la lourde tâche de gérer une circonscription d’opposition avec une capacité à éviter les affrontements », note Vincent Maurin, député (PCF) de Pierre Hurmic et actuel maire de la circonscription. En 2008, Nathalie Delattre s’était hissée au second tour des élections cantonales, face au socialiste Philippe Dorthe. Anecdote : « Elle était allée chercher le soutien de Michel Cardoze » [ancien communiste et présentateur météo sur TF1] “Pour tenter de capter l’électorat communiste au second tour”, se souvient Vincent Maurin, lui-même éliminé au premier tour. Le coup n’a pas suffi : Dorthe est revenue avec plus de 60% des voix.

Opposé à la LGV

Elue sénatrice en 2017, réélue en 2020, Nathalie Delattre a œuvré à la « réunification » du Parti radical valoisien et du Parti radical de gauche, ce qui lui a valu jusqu’à la semaine dernière un siège dans l’ancien groupe sénatorial « Rassemblement démocratique et social européen », plutôt ancré au centre-gauche. Ses domaines d’intervention incluent la viticulture et l’enseignement agricole mais aussi, à travers la présidence d’une commission d’enquête en 2020, la radicalisation islamiste.

Monique de Marco, sa collègue écologiste presque élogieuse sur son engagement sénatorial, se dit même « ravie » de la nomination de Nathalie Delattre. Car elle voit en elle « un relais gouvernemental » de l’opposition au Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), les lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Dax. La nouvelle ministre des Relations avec le Parlement y est opposée. « On attendait le nom du ministre des Transports pour demander un moratoire » [sur les Aménagements Ferroviaires du Sud de Bordeaux liés au projet]. Les lettres sont prêtes, elle les a signées avec neuf autres parlementaires girondins. J’espère qu’elle saura faire entendre sa voix sur ce terrain. “Un champ de mines parmi d’autres.

 
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