une idylle entre deux êtres que tout sépare

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une idylle entre deux êtres que tout sépare
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Coco Chanel (Audrey Tautou) in “Coco avant Chanel” (2009), by Anne Fontaine. CHRISTOPHE BEAUCARNE AFC/WARNER

ARTE – DIMANCHE 22 SEPTEMBRE À 21H10 – FILM

Le succès du film L’enfant (2007) sur Edith Piaf a assuré la fortune française du néologisme hollywoodien film biographique, « film biographique ». Et quand on a appris qu’Audrey Tautou incarnerait Gabrielle Chanel sous la direction d’Anne Fontaine, le destin de Coco avant Chanel semblait scellé : il serait à la couturière ce que le film d’Olivier Dahan était à la chanteuse, une hagiographie teintée de lucidité.

Quelle surprise, et quel soulagement, de découvrir un thriller sentimental qui oppose une jeune femme en proie à l’ambition à un homme débauché moins endurci qu’il ne le pense et à un beau gosse dans une confrontation ambiguë et vertigineuse. Ceux qui connaissent la vie de Coco Chanel jugeront de la pertinence biographique du scénario qui couvre une période assez brève jusqu’en 1919 (la Grande Guerre étant évitée). D’autres succomberont aux charmes d’un récit énergique qui plonge avec délice dans les eaux troubles de la Belle Epoque.

Après un prologue à l’orphelinat, Audrey Tautou apparaît comme la figure vulnérable mais indestructible d’une très jeune femme bien décidée à échapper à l’étroite existence d’apprentie couturière à Moulins (Allier). Sa sœur Adrienne (Marie Gillain) a déjà choisi sa voie : elle sera la maîtresse, et peut-être l’épouse, d’un homme riche. Gabrielle y parvient après avoir rencontré Balsan (Benoît Poelvoorde), un officier de passage à Moulins.

Variante Barbe Bleue

C’est dans l’idylle entre ces deux êtres que tout sépare que l’on trouvera le meilleur Coco avant Chanel. Benoît Poelvoorde offre une sorte de variation sur Barbe-Bleue. C’est un homme rusé qui vit dans la terreur du travail et l’amour des chevaux, et n’attire les filles dans son château que pour les séduire. L’art de l’acteur est de donner à ce personnage sans valeur assez de cœur pour concevoir un peu d’amour pour la couturière. Pour le croire, il faut que l’objet de cet amour sorte des images figées de l’histoire de la haute couture.

Tant que Coco avant Chanel met en scène le duel amoureux entre le futur couturier et Balsan, le long métrage est empreint d’une vigueur extraordinaire pour un film en costumes. Audrey Tautou traîne le regard écarquillé et la compassion universelle deAmélie PoulainCe n’est pas la première fois qu’elle jette cette tenue au vent (voir De jolies choses salesde Stephen Frears, ou la folle cocotte de Trop cher).

Le premier usage de Gabrielle Chanel sera de reléguer Amélie Poulain dans un musée. L’actrice n’échappe à aucun des défauts de son modèle : ambition forcenée, mythomanie, absence de scrupules. Elle ne renonce pas pour autant à la sympathie du public, jouant d’un charme à contre-courant des lieux communs de la séduction.

Coco avant Chanel, by Anne Fontaine with Audrey Tautou, Benoît Poelvoorde, Alessandro Nivola, Marie Gillain, Emmanuelle Devos (Fr., 2009, 110 minutes).

Thomas Sotinel

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