Le beurre industriel européen fait figure d’exception sur le marché mondial. Son prix a atteint le niveau record de 8 000 euros la tonne. Il n’est donc plus compétitif face au beurre du premier exportateur, la Nouvelle-Zélande.
Plus 70 % en un an, c’est énorme, mais 8 000 euros la tonne, c’est du jamais vu pour du beurre destiné à l’industrie alimentaire. En réaction à cette hausse, le prix du beurre dans les barres de céréales a déjà fortement augmenté en Allemagne. Dans d’autres pays européens où la révision des étiquettes en magasin est saisonnière, comme en France, cela prendra plus de temps, mais l’effet se fera inévitablement sentir aussi auprès des consommateurs.
Pour expliquer ce niveau de prix stratosphérique, il y a d’abord un facteur saisonnier, lié au point bas de la collecte du lait en Europe : les prix sont toujours plus élevés en septembre et octobre que durant le reste de l’année. Le beurre européen paie aussi le prix d’une collecte très moyenne en Allemagne, gros producteur de l’Union européenne, et en Irlande. Il pâtit enfin du manque d’intérêt pour la poudre de lait importée en Chine, principal acheteur sur le marché.
Le beurre européen n’est plus compétitif
Un industriel qui produit du beurre, produit aussi de la poudre : si cette dernière ne se vend plus suffisamment, il faut trouver un nouveau modèle économique. Soit l’industriel privilégie la transformation du lait en fromage et en crème, au détriment du doublet beurre-poudre – La production européenne de beurre a chuté de 2% au premier semestre. – ou bien il vend le beurre plus cher, comme c’est le cas aujourd’hui.
” À 8 ans 000 euros la tonne, le beurre européen n’est plus compétitif à l’export face au beurre néo-zélandais dont les prix sont relativement stables depuis deux mois. “, expliquer Nicolas Pinchonfondateur du cabinet de conseil Veille au Grain. La tonne est même devenue 2 300 euros plus chère que la référence néo-zélandaise, sous l’effet d’une collecte qui va bientôt atteindre son pic saisonnier. Un écart record, qui devrait inciter certains pays européens à importer davantage de beurre de Nouvelle-Zélande, pour augmenter leurs stocks, car ce beurre reste moins cher malgré les coûts logistiques.