L’âme des champs… de l’or dans les cristaux

L’âme des champs… de l’or dans les cristaux
L’âme des champs… de l’or dans les cristaux

Chaque grain de sucre incarne le travail acharné, la passion profonde et l’âme des cultivateurs de canne à sucre. Comment cette plante vivace se transforme en sucre
Le Dimanche/L’Hebdo a exploré les vastes champs de canne à sucre verdoyants et l’usine de production de sucre spécial Agriterra à Belle-Vue Mauricia, à Mapou.

Mercredi 18 septembre, direction les champs de canne d’Agriterra, l’un des leaders de la production de sucres spéciaux à l’île Maurice, avec une capacité de production de 80 000 tonnes en 2024, pour une immersion au cœur de l’agriculture de précision. À bord d’un 4×4, nous partons à la découverte des secrets de fabrication des sucres spéciaux mauriciens. Mais avant, avec notre guide Jean-Marc Jauffrey, Responsable Agricole chez Agriterra, nous percerons les mystères des technologies innovantes qui transforment la culture de la canne à sucre.

Jean-Marc Jauffrey nous conduit jusqu’au Mont Rocher. En chemin, il nous explique que l’agriculture de précision est un concept de gestion moderne qui utilise des techniques numériques pour contrôler et optimiser les processus de rendement agricole.

Sur le terrain, on assiste à une véritable chorégraphie mécanique. Des tracteurs articulés sillonnent les parcelles, préparant le sol avec une précision chirurgicale. Un traceur, équipé du système « Field Wheel Track », trace des lignes parfaitement droites, guidant les autres machines dans leurs opérations. Pendant ce temps, un concasseur déchiquette les roches, tandis qu’un redresseur « Bed Former » lisse les massifs de fleurs.

La plantation des boutures, coupées mécaniquement par une récolteuse modifiée, est automatisée : un tracteur articulé charge la planteuse de boutures qui les place en terre régulièrement. Par la suite, un opérateur creuse la terre et nous montre les boutures enfouies. Chaque étape est optimisée pour garantir un rendement maximal et préserver la qualité du sol. « Ces opérations se font à l’aide du GPS, qui nous permet de suivre des lignes droites et facilite l’entretien des champs et la récolte », explique Jean-Marc Jauffrey.

Deux types de drones agricoles sont utilisés. « Une fois la canne plantée, de petits drones effectuent des relevés d’images à partir des coordonnées GPS », explique-t-il. Cela permet d’identifier les zones qui ne sont pas couvertes ou qui sont envahies par des vignes qui menacent la canne. « Cette technologie nous aide à traiter le problème rapidement avec des herbicides. »

Les drones les plus gros permettent une fertilisation de précision en fonction des données collectées dans les champs. « Cela permet d’assurer une fertilisation uniforme pour de bons rendements, tout en évitant le gaspillage », explique-t-il. Pour l’irrigation, différents systèmes sont utilisés : l’irrigation par pivot, l’irrigation goutte à goutte, l’irrigation ciblée et les enrouleurs de tuyaux.

Dans un autre domaine, on assiste à la récolte mécanisée de la canne. Appelée récolteuse, cette machine spécialisée automatise la coupe de la canne, enlève les feuilles et les parties inutiles, puis charge les cannes dans des camions qui les transportent jusqu’à l’usine de Belle-Vue Mauricia à Mapou.

Agriterra cultive de la canne sur 5 200 hectares répartis dans plusieurs régions : La Nouvelle Industrie, La Nicolière, Valeton, L’Espérance, Belle-Vue, Mount, et jusqu’à Balaclava. « Depuis les champs, nous devons fournir un quota quotidien de 2 300 à 2 600 tonnes de canne à l’usine », précise-t-il. Et par an ? « Nous récoltons en moyenne 320 000 tonnes selon les conditions climatiques. »

Il précise que différentes variétés de canne sont plantées par bouturage, à raison de 12 tonnes par hectare, soit environ 400 à 500 hectares plantés chaque année. Ces variétés permettent une récolte pendant les grandes et petites saisons. Le cycle de vie de la canne dure généralement 7 à 8 ans, selon la variété. Pour fabriquer des sucres spéciaux, les cannes sont récoltées à maturité, soit 11 ou 12 mois. « Pour les nouvelles plantations, nous plantons des cannes vierges qui deviennent matures au bout de 14 à 16 mois », précise-t-il.

Quels sont les principaux défis ? Jean-Marc Jauffrey cite le manque d’eau en période de sécheresse, les fortes pluies qui perturbent les opérations et les incendies incontrôlés dans les champs.

Pourquoi avoir opté pour la mécanisation ? « Depuis 2000, la mécanisation est devenue nécessaire en raison du vieillissement de la main-d’œuvre. Autrefois, hommes et femmes travaillaient sous un soleil de plomb, plantant et récoltant manuellement. La mécanisation a marqué une nouvelle ère dans l’industrie sucrière », explique Jean-Marc Jauffrey.

Agriterra accélère ses investissements dans la digitalisation, la modernisation de ses équipements et autres machines agricoles pour assurer une agriculture plus respectueuse de l’environnement tout en maintenant une rentabilité durable et la qualité des opérations. « L’entreprise investit massivement dans l’agriculture de précision, notamment dans les drones, les machines équipées de GPS et l’imagerie satellite, pour optimiser les opérations, l’utilisation des ressources et des intrants », conclut-il.

 
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