Le sens du burlesque
Pionnier de l’art vidéo dans les années 1990, cet ancien diplômé des Beaux-Arts de Nantes, né en 1960, a le don d’utiliser la technologie pour créer une poésie des images qui n’est pas sans rappeler le cinéma de l’illusionniste Georges Méliès (1861-1938). . En témoignent ces installations de théâtre optique évoquant des scènes burlesques où l’artiste en hologramme se met en scène dans des décors d’objets réels. On le voit courir sur un tourne-disque, debout sur des pains de savon ou habillé en chanteur d’opéra qui se fait asperger par un chien conducteur à chaque fausse note. Savoureux.
Œuvres interactives
Le visiteur s’implique pleinement dans l’installation créée spécialement pour l’exposition dans le patio du musée, appelée Peinture et ménage, ou la volonté au travail. On s’y promène pour découvrir l’artiste lavant ses vitres, qui sont en réalité des écrans transparents sur lesquels ce geste quotidien se transforme peu à peu en une expérience picturale un peu aléatoire. Un autre clin d’œil au visiteur dans Le beau tableau est derrière nous, où l’artiste nous invite à regarder dans une pipe alors que l’œuvre réelle à observer se situe juste derrière nous. Doucement ironique.
La rencontre entre technologie et poésie
Dès la fin des années 1980, Pierrick Sorin avait développé la pratique de l’auto-filmage avec sa caméra Super 8. A l’heure de l’explosion des selfies avec smartphones et de l’intelligence artificielle capable de générer de fausses vidéos à l’infini, le travail de Pierrick Sorin, alliant haute technologie et artisanat poétique, interroge la place des artistes dans notre monde saturé d’images.
Ses croquis interrogent aussi notre condition humaine fragile et parfois maladroite. La grande installation dans laquelle on voit un homme chercher frénétiquement ses clés tandis qu’on entend leur cliquetis ramène le visiteur à ces émotions inoffensives et quotidiennes, partagées par tous. Émouvant.
« Faites une(des) belle(s) apparition(s) », du 19 avril au 1er septembre.
