diffuser des vidéos interdites à la presse, cacher ces viols que je ne peux pas voir ?

diffuser des vidéos interdites à la presse, cacher ces viols que je ne peux pas voir ?
diffuser des vidéos interdites à la presse, cacher ces viols que je ne peux pas voir ?

Cachez ces viols que je ne peux pas voir. Alors que la victime du procès Mazan avait la ferme intention de ne pas laisser ce procès se dérouler à huis clos, le président du tribunal correctionnel de Vaucluse a annoncé, ce vendredi 20 septembre, que le visionnage des vidéos et photos n’aurait plus lieu en présence de la presse. Elles seront projetées « en la seule présence des parties au procès et du tribunal », a déclaré le président. Une décision de huis clos partiel qui fait suite à la demande du procureur général qui souhaitait que le visionnage des photos et vidéos « terribles, répétitives » concerne tous les accusés.

La confrontation violente avec la réalité du viol

Des images, en effet, ressortent les preuves habituellement si rares dans ces dossiers. « Sans ces éléments, il n’y aurait pas eu de procès, car Mme Pélicot ne se souvient de rien, a relevé le représentant du ministère public. Et même si elle s’était souvenue de quelque chose, sa parole aurait été fermement contestée et remise en cause. » Et de conclure : « Je ne voudrais pas être confrontée à une demande de culpabilité, pour pouvoir répondre : “Oui, mais on n’a pas vu les vidéos.” Une demande à laquelle la partie civile a pleinement souscrit, expliquant qu’« il est important de voir de quoi on parle ». L’avocat de Gisèle Pélicot, Me Stéphane Barbonneau, a poursuivi en expliquant qu’« il conviendrait effectivement, au vu des vidéos, de voir dans quelle mesure ces hommes pensaient ne pas commettre de viol ».

Retrouvez nos rapports d’audience :

Au départ, seules les vidéos des accusés niant les faits devaient être visionnées. Sur les 50 hommes accusés d’avoir violé Gisèle Pélicot, 35 ont plaidé non coupable et se disent victimes de manipulation. Mais le procureur général estime désormais que la diffusion est nécessaire, car même ceux qui reconnaissent les faits nient souvent avoir agi intentionnellement. Sans parler de ceux qui affirment que leur seule erreur a été de ne pas comprendre immédiatement la gravité de la situation et de quitter les lieux. De fait, la diffusion des vidéos permettrait de faire la lumière sur ces zones d’ombre. Mais désormais, la presse se retrouve éclipsée d’une partie des débats. Le président vient d’imposer un huis clos partiel, alors même que Gisèle Pélicot et ses avocats sont favorables à la publicité des débats depuis le début de cette affaire.

Un spectacle sensationnaliste pour la défense

La défense de l’accusé ne semble pas prête à laisser le monde entier rester témoin, et multiplie les tacles contre les journalistes. Il faut dire que le procès, extrêmement médiatique, attire les quotidiens, radios et télévisions de la planète… « Le monde entier nous regarde, commente le toge noir Olivier Lantelme. On peut trouver un compromis en évitant une révélation porno-criminelle nauséabonde dont la justice n’a pas besoin.

Dans son argumentaire, il rappelle notamment que ces écrans n’existaient pas auparavant dans les cours d’assises : les photos circulaient entre les mains des jurés et des magistrats. Aujourd’hui, seuls des magistrats professionnels siègent dans un tribunal correctionnel et tous ont accès au dossier. Un élément d’argumentation qui éclaire en réalité les conséquences potentielles d’une disparition définitive des jurés d’assises. Tous insistent sur la nécessité de préserver la dignité des débats, mais aussi celle de Gisèle Pélicot. Ou plutôt celle de l’accusé ?

« Le monde entier nous regarde. Nous pouvons trouver un compromis en évitant un déballage porno-criminel nauséabond »

La justice ne doit pas devenir un spectacle pour la société, estiment-ils. Ce grand public qui se rassemble chaque matin autour de la salle de diffusion dans l’espoir de mieux comprendre l’ineffable. « La demande du procureur général, en réalité, ne s’adresse pas à votre tribunal. Elle s’adresse à tous ceux qui, à l’extérieur, cherchent à boire le sang qui peut couler de cette justice. Nous avons, défense, accusation, partie civile, accès aux vidéos. Nous pouvons donc débattre à la lumière de ces éléments beaucoup plus sereinement que si nous devons, une fois de plus, agir ici en fonction de ce qui se passe à l’extérieur », estime Me Paul-Roger Gontard.

Si certains avocats, en scrutant sa vie privée, semblent presque vouloir faire honte à Gisèle Pélicot, cette femme de 71 ans reste plus digne que jamais. En revanche, ces vidéos criminelles sont le reflet de l’indignation de ses agresseurs, et elle l’a bien compris. « Ils ont voulu m’humilier hier, maintenant c’est moi qui vais les humilier », a-t-elle déclaré, d’un ton ferme, en quittant la salle d’audience lors d’une pause précédant la première diffusion des vidéos des viols qu’elle a subis. Gisèle Pélicot nous avait prévenus d’emblée : « La honte doit changer de camp. »

 
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