un meilleur prix est toujours attendu dans les fermes

un meilleur prix est toujours attendu dans les fermes
un meilleur prix est toujours attendu dans les fermes

En cause, la pression exercée sur les prix et donc sur la rémunération des éleveurs. Un exemple parmi d’autres : à l’époque, les éleveurs estimaient que, pour la viande bovine, une augmentation d’un euro par kilo du prix de la carcasse était nécessaire pour couvrir au moins leurs coûts de production.

Huit mois plus tard, où en est-on ? Les travaux du groupe de travail qui doit aboutir à la mise en place d’un « tunnel de prix », mesure décidée par le gouvernement fédéral, ne sont pas encore terminés et les éleveurs sont loin de recevoir l’euro supplémentaire demandé. « Des groupes de travail par filière ont été mis en place, notamment pour travailler sur des indicateurs de prix de référence, et la loi sur l’interdiction de vendre à perte a été votée cet été, indique Timothée Petel, du syndicat Fugea. Mais rien n’a encore bougé dans les modalités concrètes des élevages. »

Du bœuf irlandais retiré des rayons après des manifestations

Cette semaine, à la ferme de Vincent Monjoie, à Scy (Hamois), Colruyt a organisé une visite pour son personnel. Pour la dizaine de bouchers et autres collaborateurs de l’enseigne, ce type de visite est l’occasion de se confronter au premier maillon de la chaîne – ici les écuries de Blanc Bleu Belge – pour les produits qu’ils vendent dans leurs rayons. Et pour lesquels ils sont tenus de conseiller les clients. Et pendant la crise, ils ont aussi dû faire face à certaines questions, voire critiques, de clients qui ont vu la marque pointée du doigt par les agriculteurs. « Une visite dans une ferme comme celle-ci est l’occasion de fournir un maximum d’informations à notre personnel et aussi de lutter contre certaines fausses informations qui ont circulé pendant la crise agricole », explique Alexandre Manise, responsable agriculture pour Colruyt Group.

Désinformation ? Celle selon laquelle Colruyt se concentre uniquement sur le prix (bas) au détriment du revenu de l’agriculteur belge.

Pourtant, précise Alexandre Manise, 100 % de la viande de bœuf disponible dans les boucheries Colruyt est de la viande bleu-blanc belge (élevée et abattue en Belgique) dont au moins 35 % provient de 3 coopératives (2 en Wallonie et 1 en Flandre). Les 65 % restants sont fournis par le circuit conventionnel. « Nous avions aussi de la viande irlandaise, mais à peine 500 kg par semaine pour l’ensemble de nos magasins. Mais suite aux manifestations, nous l’avons même retirée des rayons pour la remplacer par de la viande de vache Holstein. »

Vincent Monjoie fait partie d’une de ces coopératives – « En direct de mon élevage » – qui travaille avec Colruyt. Lui aussi aimerait être mieux payé pour ses animaux. « Mais il faut reconnaître que Colruyt a été le premier à augmenter nos prix », dit-il. « Et ils s’y tiennent, alors que d’autres groupes essaient de les faire baisser. »

Selon les animaux (taureaux ou vaches) et les catégories, Colruyt paie 30 à 50 centimes de plus par kilo qu’avant la crise.

Mais au-delà du prix, souligne Vincent Monjoie, une relation de confiance s’est instaurée entre l’enseigne et la coopérative, au sein de laquelle un « club Colruyt » a été créé.

Nous y discutons bien sûr des prix. Mais nous discutons aussi des attentes en termes de produits livrés, nous planifions des dégustations en magasin et nous discutons en toute transparence des coûts et des marges de chaque partie. « C’est vraiment une collaboration », assure l’éleveur. « Et avec les visites et les dégustations auxquelles Colruyt nous invite, ce qui est positif, c’est que nous avons la possibilité de voir la viande que nous produisons jusqu’au bout. »

Une (petite) augmentation mais inégalement répartie

« Oui, Colruyt est plutôt en pointe », affirme Quentin Legrand, du Collège des producteurs lorsqu’il évoque ce qui a changé au niveau des prix proposés pour l’achat de viande de bœuf. « En mars, nous avons rencontré des acheteurs de la grande distribution pour discuter du manque chronique de rentabilité de la viande de bœuf », précise-t-il. « Chaque groupe s’est positionné par rapport à cela mais sans communiquer clairement, pour des raisons de concurrence. » Dès lors, si le marché a connu une hausse de +-30 centimes en moyenne, celle-ci est inégalement répartie. Car elle varie selon les enseignes (« Colruyt a donné plus ») mais aussi selon que les achats passent par un piquet, une coopérative ou encore des ventes directes à un supermarché. Certains éleveurs n’ont donc pas vu l’augmentation et d’autres ont eu plus de 30 centimes, précise Quentin Legrand. Chez Colruyt, qui paie plus cher la viande mais continue de s’aligner sur la concurrence pour les ventes en magasin, on espère aussi que les « organismes officiels » inciteront les enseignes concurrentes à maintenir également les prix ou à les augmenter suffisamment.

Alexandre Manise, responsable agriculture de Colruyt Group, constate également que si les achats effectués via les coopératives donnent l’assurance que la hausse va aux agriculteurs, c’est moins vrai via le canal conventionnel. « Quand on achète à l’abattoir, on est moins sûr de ce que l’agriculteur va réellement recevoir… » C’est aussi une piste à explorer pour assurer un meilleur revenu à l’agriculteur.

Avec la coopérative comme système idéal ? Oui, pense Vincent Monjoie. Même si l’éleveur de Scy pointe néanmoins un frein : « lors des dégustations en magasin, les gens demandent où ils peuvent trouver notre viande. Mais elle n’est malheureusement pas identifiée de manière distincte dans les rayons. » Chez Colruyt, on admet qu’il est actuellement difficile d’un point de vue logistique d’identifier pour le consommateur la viande issue de la coopérative. Même si parfois (pour la viande de vache par exemple) des affiches, des présentoirs ou des visuels dans les frigos permettent de faire la distinction.

Lire aussi : Face à la colère des agriculteurs, Stefan Goethaert, le patron de Colruyt, livre sa vérité

 
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