Christian Bégin estime que le décès de Paul Houde, qui a subi le même type d’opération que lui, a ravivé son urgence de vivre

Christian Bégin estime que le décès de Paul Houde, qui a subi le même type d’opération que lui, a ravivé son urgence de vivre
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Cela faisait plus d’un an que j’avais rencontré Christian Bégin. Beaucoup de choses se sont passées depuis, y compris, bien sûr, l’opération au cerveau qu’il a dû subir pour retirer une tumeur bénigne. J’ai revu l’animateur et comédien à l’occasion de l’arrivée en ondes de trois émissions originales de La grande messe à Télé-Québec.

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Christian, tu nous présentes trois interviews dans cette deuxième saison. Y a-t-il des choses qui restent gravées en vous ?

C’est drôle que tu me dises ça, car au moment où on se parle, j’étais à deux jours de mon opération l’année dernière. Je suis dans un état étrange depuis trois ou quatre jours. Ma copine m’a dit ce matin que c’était peut-être la mémoire du corps, qu’elle se souvient que j’étais dans une situation dont je ne connaissais pas l’issue. Je m’en suis toujours défendu : pour moi, il n’y a pas d’avant ni d’après mon opération. Je n’ai pas combattu le cancer. C’est un épisode ponctuel, qui a marqué ma vie et dont je ne garde aucune séquelle. Mais je suis obligé de constater qu’elle a laissé des traces et que, dans ma manière de profiter au maximum de ce que la vie m’offre, je crois qu’il y a un après.

Alors, vous diriez qu’avec ces interviews, il y a eu des commentaires qui vous ont touché plus qu’avant ?

J’ai toujours voulu engager des conversations significatives. C’est dans ma première nature et j’ai l’impression, comme le disait Marie-Claude Barrette, que j’ai moins de temps à perdre à parler de baseball. J’ai récemment eu 61 ans et jamais de ma vie je ne me suis senti aussi en paix. Il semble que chaque chose soit à sa place, que tous les niveaux de la pyramide de Maslow soient remplis. La vie est généreuse avec moi professionnellement. J’ai aussi une vie personnelle et romantique qui est nourrie, et un fils qui s’intègre bien dans sa vie. Alors malgré l’adversité des temps que nous vivons collectivement, je ne me suis jamais senti aussi apaisé.

Une chose est sûre, vous prenez du plaisir à faire ces shows, ça se sent !

Je m’amuse, je m’amuse vraiment. Il y a Gens à la messe n’aurait pas tenu 8 ans si je n’avais pas aimé faire ce que je fais, et Curieux Bégin n’aurait pas tenu 16 ans. Les diffuseurs ne ramènent pas l’émission pour mes beaux yeux ! J’ai l’impression que si vous n’êtes pas vraiment engagé dans ce que vous faites, à un moment donné, vous vous épuisez. À mesure que nous vieillissons, cela devient de plus en plus une condition sine qua non de ce que nous faisons. Je m’amuse parce que cela a toujours du sens pour moi.

Vous avez une grande qualité qui n’est pas donnée à tous les intervieweurs : vous écoutez beaucoup et vous laissez vos invités s’exprimer…

Tant mieux si cela transparaît, car il y a du travail à faire en amont. Pour mener des entretiens comme celui-ci, si on veut que ça se passe bien, et par respect pour la personne en face de nous, il faut être préparé. C’est comme au théâtre : plus on connaît son texte par cœur, plus on est libre et plus on peut en faire ce qu’on veut. C’est la même chose pour les entretiens : on ne les contrôle pas. Je ne peux pas avoir l’ambition d’emmener un invité là où je voudrais qu’il aille. L’invité ira où il veut. J’aime beaucoup le mot « conversation », que l’on invoque beaucoup socialement aujourd’hui. Nous voulons vraiment que tout le monde ait une conversation ! Souvent, on emprunte des chemins détournés pour ne pas en avoir, socialement parlant. Mais je suis plus enclin à considérer mon travail comme celui d’un gars qui invite à la conversation plutôt que celui d’un gars qui mène des entretiens.

La première entrevue présentée à l’antenne est celle que vous avez réalisée avec Marie-Claude Barrette. Des choses vous ont frappé ?

Ce dont je me souviens le plus, au-delà de notre conversation sur la mort qui, je pense, touchera tout le monde, c’est qu’il y a toujours un moment dans ces conversations où nous communierons tous avec une même humanité. Ce dont Marie-Claude parlait à un moment donné, je pense qu’on peut tous s’y retrouver. Quand Régis Labeaume acceptera de parler de sa vulnérabilité ou de la façon dont notre peur des autres mène à des événements comme celui de la grande mosquée de Québec, nous serons tous ravis. Et quand Kim Lévesque Lizotte dit qu’à un moment donné, il faudra que les gars arrêtent de se sentir isolés individuellement alors qu’on s’intéresse à un problème beaucoup plus global, il faudra que tous les gars fassent un effort enregistrement intérieur. Chacun des invités nous a offert des moments comme ceux-là.

Lorsque Marie-Claude parle de la mort et qu’elle accompagnait sa mère, je ne pouvais m’empêcher de penser à Paul Houde, qui a subi le même type d’opération que vous et qui est décédé. Était-ce un choc ?

Complètement! Oui, ce fut un choc, et la seule justice est que la mort est une expérience commune à tous les êtres humains. La mort, en parler et l’inviter dans nos vies, n’est ni morbide ni mortelle. Nous ne voulons pas tellement la voir, nous l’avons même mise dans des maisons où les gens mourront pour ne pas la voir… Plus nous l’inviterons dans notre réalité, plus nous ferons la paix avec cette affaire, et moins cela nous affligera.

Depuis votre opération, ressentez-vous une certaine urgence de vivre ?

La mort de Paul a ravivé cela, car nous avons suivi le même chemin. Il m’a appelé avant son opération pour savoir comment ça s’était passé pour moi, pour être rassuré sur la guérison et tout ça. Je fais le point sur ce qui aurait pu m’arriver, disons… La vie est extrêmement puissante, mais elle est aussi extrêmement fragile, alors quand on prend la mesure de cette fragilité, du caractère éphémère de la vie, on ne peut plus vivre cette expérience dans la banalité. Il n’y a rien de sombre là-dedans, au contraire, il est très lumineux et joyeux d’accepter que les choses doivent avoir un sens.

Dans un autre registre, allez-vous passer plus de temps au Jardin du Bedeau, l’épicerie fine dont vous êtes copropriétaire à Kamouraska, au cours des prochains mois ?

Oui, et j’y suis retourné plus souvent cette année. Je suis contente, car c’est un endroit que mon amoureux a aussi adopté, ça me donne envie d’y aller davantage. Cette année, Marie-Fleur St-Pierre, avec qui je partage l’aventure Bedeau, a ouvert un autre lieu, un ancien hôtel à Saint-Pascal, qu’elle est en train de rénover. Ce qui m’amènera à aller plus souvent à l’épicerie, si je veux qu’elle puisse voler de manière plus saine. C’est une entreprise qui traverse tout ce que vivent les PME en ce moment, donc cela va nécessiter une plus grande implication de ma part. Je suis en train d’organiser mon emploi du temps pour y être plus souvent.

Confidences sur le programme

Montre La grand-messe avec Marie-Claude Barrette et Régis Labeaume qui ont déjà été diffusées à Télé-Québec sont disponibles gratuitement en rattrapage sur video.telequebec.tv et sur l’application simultanément. La rencontre avec Kim Lévesque Lizotte sera présentée le vendredi 19 avril à 21 h, à Télé-Québec. Christian sera de retour le vendredi 3 mai à 21 h pour une autre belle saison de Y’a du monde à messe à Télé-Québec.

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