que vaut le film sulfureux avec ? – .

Seulement deux mois après la sortie de Dune, deuxième partie est de retour sur grand écran dans Challengers. Devant la caméra de Denis Villeneuve, l’actrice américaine incarnait Chani, un soldat Fremen. Aujourd’hui, chez Luca Guadagnino, on la retrouve dans la peau de Tashi en guerrière des courts de tennis. Étoile montante de la raquette, son personnage est, en effet, voué à un avenir radieux. Sportive accomplie et égérie à la tête de sa propre fondation, ce n’est pas étonnant qu’elle ait tapé dans l’oeil d’Art Donaldson (Mike Faist) et Patrick Sweig (Josh O’Connor), deux joueurs de tennis qui verront leur amitié basculer lorsqu’ils rencontrer Tashi.

Mike Faist et Josh O’Connor dans Challengers.©Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. droits réservés

Ces trois personnages, incarnés avec conviction par une nouvelle garde hollywoodienne aussi sexy que talentueuse, vont se retrouver plongés dans un triangle amoureux dont Luca Guadagnino est l’arbitre. Le réalisateur italien poursuit ici son exploration des corps, du désir, de la masculinité, de la sexualité et des relations humaines après le mythique Appelle-moi par ton nom (2017), et Les os et tout (2022). Si ce dernier a filmé une histoire d’amour sur fond de cannibalisme, le cinéaste quitte ici le road trip morbide et sombre de Timothée Chalamet et Taylor Russell, pour le soleil de plomb des Etats-Unis et le monde propre du tennis.

Triangle amoureux toxique

Cependant, ce qui se dessine en dehors du terrain est bien moins rose, Tashi jouant avec une malice sordide avec les attentes de ses deux prétendants. Plus que le désir charnel et la promesse de scènes sulfureuses, c’est avant tout l’étude des relations toxiques qui est au cœur du film. De quoi peut-être décevoir un public à qui on promettait un trio sensuel. En fait, il n’en est rien, car ce n’est pas dans l’intimité d’une chambre d’étudiant ni dans celle des grands palaces que se déroule la jouissance, mais plutôt sur les courts de tennis.

Ce sport devient la véritable incarnation d’échanges érotiques engageant les corps de ces athlètes et les faisant transpirer. Le ballon devient ainsi le symbole d’un va-et-vient lancinant, le jeu du regard entre chaque adversaire augmente la tension, chacun tentant d’accéder au plaisir du beau jeu.

Mike Faist et Zendaya dans Challengers.©Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. Tous droits réservés

C’est aussi sur le parcours que la mise en scène de Luca Guadagnino, pleine de vigueur, à la fois pop et rétro, est la plus marquante. Dans le film, aucun match ne ressemble au précédent et le cinéaste multiplie les effets de caméra.

Le spectateur vole ainsi dans les airs comme une balle de tennis, tandis que le réalisateur filme sous tous les angles ses joueurs et le terrain sur lequel ils disputent leur dernier match. Court de tennis en verre filmé en contre-plongée, inversion de l’objectif, gros plan au ralenti… Tous les mécanismes de mise en scène sont bons pour souligner l’épuisement des corps, de l’esprit, et la tension (sexuelle) qui agit entre nos trois personnages. .

Cependant, si cela donne du rythme au film, force est de constater que la démonstration de style s’épuise à mesure que la balle de match approche. Le réalisateur rejoue en effet encore et encore la même scène, donnant ainsi la sensation de revenir constamment au même plan. C’est également le cas du thème musical du long métrage, personnage à part entière dans Challengers.

«Je voulais que le spectateur ait l’impression d’être à une rave party. »

Luca Guadagnino

Directeur de Challengers

La tension du match

Pour l’occasion, Luca Guadagnino a fait appel à Atticus Ross et Trent Reznor pour composer une musique inspirée de la house et de la techno, qui soulignerait la frénésie du film, tout en lui donnant une certaine fraîcheur. Interrogé en conférence de presse sur cette composition musicale, le réalisateur a également confié qu’il souhaitait « faire le lien entre la mise en scène pop et cette musique électronique. Il m’est apparu évident qu’il nous fallait une bande-son de house music assez palpitante et écrasante, qui s’adapte au rythme du film et aux sentiments dans lesquels nous souhaitions plonger le spectateur..

Mike Faist, Zendaya et Josh O’Connor dans Challengers.©Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. Tous droits réservés.

Il ajouta plus tard : «Je voulais que le spectateur ait l’impression d’être dans une rave party, qu’il retrouve le sentiment dans lequel nous sommes grâce aux pilules qui font rire, sans forcément les prendre. La musique devait renforcer cette idée. »

Parce que dans Challengers, c’est bien une question de dépendance. L’art comme Patrick devient immédiatement toxicomane à Tashi, et cela au prix de leur amitié qui va peu à peu faiblir à mesure que Luca Guadagnino orchestre leur duel. Challengers offre en effet une pluralité de points de vue. Qui est finalement le plus toxique des trois ? C’est tout le problème que pose le long-métrage. Est-ce Tashi qui vit à travers l’Art une carrière qu’elle n’a jamais eue ? Est-ce l’Art, toujours en recherche de validation ? Ou Patrick, dont l’impulsivité juvénile le pousse souvent à agir par intérêt personnel et par égoïsme ?

Zendaya et Josh O’Connor dans Challengers. ©Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. Tous droits réservés

Chaque personnage se renvoie ainsi la balle. On joue avec les nerfs des spectateurs qui se retrouvent dans la même situation que ces protagonistes. Comme un Ridley Scott, comme dans Le dernier duel (2021), Luca Guadagnino propose avec sa touche de confronter nos croyances et nos points de vue. Cependant, là où le premier a donné une réponse à la fin de son film, le second a plutôt choisi de laisser le spectateur décider du sort des personnages.

On est tour à tour ému, mal à l’aise, mais aussi fasciné par ces trois figures aussi athlétiques que torturées. Zendaya est magnétique, et même si on aimerait désormais la voir dans un registre moins maussade, loin de son rôle dans la série Euphorie (2019), c’est peut-être la première fois qu’elle joue véritablement un rôle antagoniste. Avec une certaine subtilité, elle n’a aucun mal à contrôler le destin de ces deux jeunes hommes, notamment celui d’Art, incarné avec brio par Mike Faist. Dévoilé par le West Side Story (2021) de Steven Spielberg, l’acteur poursuit son exploration des personnages doubles. Après avoir incarné Riff dans la comédie musicale culte, il se glisse dans la peau d’un joueur de tennis qui n’hésite pas à jouer sur les apparences pour se faire aimer de Tashi.

Enfin, de l’autre côté du terrain, Patrick incarne un séducteur qui réfléchit très peu aux conséquences de ses actes. Son interprète, Josh O’Connor, rappelle la toxicité du prince Charles qu’il incarnait jeune dans la série des La Couronne, tout en présentant un homme fidèle à qui il est. Peut-être le plus honnête du trio ? Ce sera au téléspectateur d’en décider à partir du 24 avril 2024 en salles.

Bande-annonce pour Challengers.

Challengersde Luca Guadagnino, avec Zendaya, Mike Faist et John O’Connor, 2h10, le 24 avril au cinéma.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Childish Gambino sort un nouvel album sur ING Arena
NEXT l’essence et le diesel plus chers aujourd’hui