Éditorial de Nico Salvado, fondateur d’Equinox.
L’Union européenne vient de publier son indice pour juger du niveau de souveraineté de ses Etats membres. C’est-à-dire le niveau d’indépendance du pays dans les principaux grands domaines : l’économie, la technologie, la sécurité, l’immigration, la défense et le climat.
Il existe une note globale pour chaque nation. L’Espagne obtient 5,8 sur 10, un peu en dessous de la moyenne européenne de 5,9, tandis que la France oscille à 6,6. Le champion de la souveraineté nationale reste l’Allemagne avec 6,8 points. Ainsi, la situation est officiellement qualifiée de bonne en France et de correcte en Espagne.
L’Espagne obtient ses meilleures notes dans les domaines de la santé (6,7) et de l’économie (6,3). Rien d’étonnant pour ceux qui vivent en Espagne : le système public complet de santé est efficace, gratuit et accessible dans tous les quartiers des grandes villes comme Barcelone. Même si un effort reste à faire pour accélérer les délais d’attente dans les opérations hospitalières programmées. L’économie espagnole est globalement dans le vert et affiche la meilleure croissance d’Europe.
En termes de climat, la note est de 5,9. Des efforts sont certes déployés pour amorcer l’électrification des transports publics et privés, et des fonds européens ont été utilisés pour construire des pistes cyclables dans tout le pays. Cependant, les grandes villes, comme Barcelone et Madrid, dépassent chaque jour les limites de niveaux de pollution imposées par Bruxelles et doivent payer des millions d’euros d’amendes.
Dans le secteur de la défense, la note baisse encore à 5,3. L’objectif de Bruxelles réside dans un investissement militaire des États membres à hauteur de 2% minimum du PIB afin de préparer un éventuel conflit avec la Russie. La moyenne est actuellement de 1,85%. En Espagne, un petit 1,3%. Si la note de l’Espagne remonte un peu, c’est parce que le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez veut rattraper son retard. Cette année, Madrid a augmenté son budget militaire de 19,3 %. Il s’agit de la 3e plus forte hausse après la Suède (+30,1%) et la Lituanie (+27,6%), deux pays placés dans la zone la plus à risque en raison de leur proximité géographique avec la Russie.
On arrive dans le rouge avec l’immigration et un score de 5,8. La mauvaise gestion de la frontière hispano-marocaine, envahie par des milliers de migrants à chaque crise diplomatique avec Rabat, effraie Bruxelles. Le plus grave a eu lieu en mai 2021 lorsque l’Espagne a accueilli sur son territoire un leader indépendantiste du Sahara occidental, venu se faire soigner du Covid-19. La nouvelle a provoqué l’ire des autorités marocaines. En réponse, le roi Mohamed VI a demandé aux services de sécurité et d’immigration de laisser entrer illégalement en Espagne les personnes tentant d’entrer illégalement en Espagne. Résultat : 10 000 personnes ont attaqué le même jour la police espagnole pour forcer la frontière, qui est aussi une frontière européenne.
Enfin, le pire score concerne le domaine technologique avec 5,7. Aucune compagnie nationale n’est particulièrement puissante et remarquable dans le concert européen. Un problème qui n’est pas nouveau et qui a été identifié à Madrid dans le rapport annuel sur la sécurité préparé par le Département de la sécurité nationale relevant du Premier ministre.
