Optimiser le modèle territorial du Québec

Optimiser le modèle territorial du Québec
Optimiser
      le
      modèle
      territorial
      du
      Québec

Le Québec moderne a intensifié le développement de ses territoires. L’État avait d’abord institué le système municipal en 1855 pour la gestion publique des biens collectifs. La dynamique centripète stimulée ensuite par l’industrialisation a propulsé le taux d’urbanisation de 15 % en 1851 à 80 % en 1961. Durant cette période, des forces centrifuges se sont maintenues vers la périphérie (Saguenay–Lac-Saint-Jean, 1838 ; Témiscamingue, 1870 ; Abitibi, 1890 ; Côte-Nord, 1950), qui, avec la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent historiques, a vu son ratio de la population du Québec passer de 7 % à 17 %. Cependant, depuis 1960, la démographie stagne à la périphérie. Son ratio au sein d’un Québec de plus en plus populeux est retombé à 10 % en 2021. Il atteindra probablement 7 % en 2050, malgré un volume croissant de ressources naturelles extraites et livrées. La politique territoriale du modèle québécois ne parvient pas à corriger ce déséquilibre.

En fait, une réforme territoriale progressiste a été lancée lors de la Révolution tranquille. À cette fin, une hiérarchie de pôles ciblés a d’abord été établie pour ordonner la localisation des services, des administrations, des équipements publics en matière d’éducation, de santé, de transport et de loisirs. En concurrence féroce avec Toronto comme métropole canadienne, Montréal était à la recherche d’actions structurantes pour poursuivre son rôle de principal pôle de croissance du Québec. L’Expo 67, les Jeux olympiques (1976), les équipements culturels, les autoroutes et l’aéroport de Mirabel figuraient parmi les projets.

Depuis, Montréal n’a cessé de se renforcer. Tandis que les pôles secondaires, tertiaires et quaternaires profitent de leur consolidation par un mouvement réussi de fusions municipales jusqu’à la loi de 2002. Au final, le nombre de municipalités locales a été réduit du tiers, malgré la défusion du Grand Montréal en 2004. Le Québec compte actuellement 1 131 municipalités, dont 63 % ont une population de moins de 2 000 habitants et donc peu de ressources.

Succès

De plus, les régions administratives furent divisées en 1968 pour servir de base à des organismes ministériels décentralisés afin de mieux gérer les programmes nationaux en fonction des spécificités territoriales. Un succès. Le régionalisme atteignit son apogée au cours des années 1980. Il fut toutefois refroidi par le Québec et par la résistance de municipalités volontaires très jalouses de leur pouvoir.

L’État s’est plutôt appuyé sur l’échelon des MRC (municipalités régionales de comté) comme zones de gestion supralocales. Les élus locaux se sont vu confier la responsabilité de l’aménagement du territoire et du développement urbain selon une logique de mariage urbain-rural. Malgré ses imperfections, il s’agit là d’une nouvelle réussite. Les schémas des MRC permettent de maîtriser l’occupation du sol en protégeant l’environnement, tout en générant des projets de développement à réaliser.

Les années 1990 et 2000 ont été une période faste pour le développement local. À travers divers organismes autonomes, le Québec a misé sur l’entrepreneuriat, le financement du risque, l’organisation communautaire, l’employabilité des travailleurs, l’économie sociale, l’incubation d’initiatives et la planification. De bons résultats ont été obtenus, mais sans compenser la perte d’attractivité territoriale des mégaactifs privés et publics.

Depuis plusieurs décennies, la politique territoriale cible des secteurs spécialisés, aussi appelés grappes ou niches. Cette stratégie sectorielle adoptée par les pays hautement industrialisés génère peu d’effets structurants au Québec en dehors des grands centres urbains. Si le soutien à l’industrie est essentiel, la pertinence de ces secteurs devient discutable.

Après sept décennies d’expérimentation de politiques territoriales explicites, le Québec aurait intérêt à se concentrer sur ce qui a bien et très bien fonctionné. Il apparaît que grâce aux sentiments identitaires qui facilitent les interactions et la solidarité, les territoires locaux et supralocaux génèrent des effets de proximité intéressants à travers la collaboration entre acteurs indépendants qui participent ensemble, bien qu’encore imparfaitement, au soutien de l’innovation et du développement. Les différents programmes québécois en matière de transferts technologiques, de recherche et développement, de formation professionnelle, etc., bénéficient ainsi des synergies générées par les actions territorialisées de la société civile organisée, du secteur privé et des élus municipaux.

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